Le Festival comme si vous y étiez…Mercredi 22 Mai : Dolan et Desplechin en Compétition

Par Pascal Gaymard et Véronique Rosa. Photos : Dominique Maurel

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La journée a été endeuillée par l’enterrement de Jean-Claude Brisseau, lui qui avait été révélé dans une sélection officielle, Perspective du cinéma Français, avec son premier film choc, De Bruit et de Fureur, Prix Spécial de la Jeunesse. Il avait enchaîné avec un chef d’œuvre, Noce Blanche, qui avait révélé les talents de comédienne d’une certaine Vanessa Paradis… Il restera comme un réalisateur atypique, un ogre du cinéma, qui a fait du sexe et du pouvoir, les thèmes principaux de ces derniers films. Jean-Claude Brisseau était un grand metteur en scène et personne ne peut lui contester, lui qui se définissait avant tout comme un artisan du 7ème Art… Après, la vie continue à Cannes avec deux films particulièrement attendus et qui devaient faire de la concurrence à Pedro Almodovar. Il n’en sera rien. Xavier Dolan avec MATTHIAS ET MAXIME n’aura pas la Palme d’Or. La raison ? Parce que son histoire de deux jeunes hommes, l’un homo, l’autre marié, n’est pas novatrice dans l’œuvre du réalisateur canadien. Parce que son montage peut s’apparenter à un exercice de style parfois. Parce que sa mise en scène est moins originale que ses précédents films. Reste qu’il s’affirme comme un excellent comédien à l’émotion à fleur de peau… Pour notre part, nous aurons préféré Juste la Fin du Monde, présenté à Cannes en 2016 et qui lui avait valu un Grand Prix du Jury présidé par le réalisateur, George Miller. Notons que les avis sont divergents dans la rédaction où d’autres ont bien aimé le dernier Dolan qui, il est vrai, n’est pas ennuyeux et plutôt bien foutu. Côté Français, tous les regards étaient tournés vers Arnaud Desplechin qui avait décidé avec ROUBAIX, UNE LUMIERE, de mettre en scène un fait divers entrevu dans la presse locale du Nord. Deux jeunes femmes marginales avaient assassiné une vieille dame de 82 ans qui était leur voisine pour un butin dérisoire. L’histoire en elle-même n’est pas le centre du film. C’est le commissaire Daoud, campé par un Roschdy Zem, solaire, humaniste et perspicace, qui est l’axe du projet Roubaix, Une Lumière. Est-ce à dire qu’il pourrait menaçait le double prix d’interprétation masculine de Leonardo DiCaprio et Brad Pitt ? Tout reste ouvert. Quant au film lui-même, il est une parenthèse dans l’œuvre de Desplechin, certains diront une sortie de route, nous nous contenterons d’affirmer qu’il est plus réaliste, quasi documentaire par moments, sur la misère au quotidien d’une région sinistrée…

Si l’on voulait rêver un peu, il fallait se diriger vers Un Certain Regard, où le taïwanais, Midi Z, proposait NINA WU, une belle introspection du métier d’actrice d’avant l’affaire Weinstein… Ce film nous révèle, la belle Wu Ke-xi qui à coup sûr n’aura pas laissé le Jury d’Un Certain Regard insensible. Après, il ne restait plus qu’à découvrir le documentaire sur l’état de la planète, ICE ON FIRE, réalisé par Leila Conners avec la voix off d’un certain Leonardo DiCaprio qui s’est beaucoup investi sur ce projet dénonçant le réchauffement climatique…