Le Festival comme si vous y étiez… Mardi 24 Mai : L’INNOCENT, Louis Garrel… au coupable de NOSTALGIA, Pierfrancesco Favino…

Par Pascal Gaymard et Marie Bourdel. Photos : Dominique Maurel.

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Parfois, les choix des sections officielles est assez étonnant voire déroutant. Quels ont été les critères qui ont propulsé L’INNOCENT en Hors Compétition ? Personne ne sait… Louis Garrel est partout à ce Festival de Cannes. Régulièrement invité sur les Marches, il est le Patrice Chéreau des AMANDIERS de Valeria Bruni-Tedeschi. Après son grand-père Maurice, comédien, son père, Philippe, réalisateur, il cumule lui les fonctions d’acteur et de réalisateur avec un égal bonheur. Mais jamais jusqu’à présent il n’avait signé un film aussi abouti, drôle et superbement réalisé comme il est brillamment joué par lui-même avec comme complices, Roschdy Zem, Noémie Merlant, et Anouk Grinberg (aussi vu dans LA NUIT DU 12). Est-il le digne successeur de Patrick Dewaere que le cinéma français recherche désespérément depuis de si nombreuses années ? Il avait obtenu cette récompense en 2009, après avoir décroché un César du Meilleur Espoir Masculin en 2006 pour LES AMANTS RÉGULIERS.

© Photo Monsieur Dominique Maurel

En Compétition Officielle, les frères Dardenne ont proposé TORI ET LOKITA, une histoire de deux enfants immigrés d’Afrique qui se disent frère et sœur mais qui le sont que de cœur. Ils sont en Belgique, obligés de se battre pour avoir des papiers, pour gagner de l’argent, pour survivre entre dealers blancs féroces et passeurs noirs particulièrement avides. Qui sont les plus terribles et inhumains ? Si leur film est moins insupportable que leurs précédents, c’est aussi qu’il est moins manichéen avec les bons d’un côté et les mauvais de l’autre. Cette grande sœur et son petit frère sont attachants au final même si le propos reste un peu niais comme il se doit chez les Dardenne où la tentation sociale est toujours trop didactique.

© Photo Monsieur Dominique Maurel

Paradoxalement, à la sélection officielle, Un Certain Regard, THE SILENT TWINS de la réalisatrice polonaise, Agnieszka Smoczynska sur l’histoire vraie des sœurs jumelles noires homozygotes (elles font tout pareil notamment se muer dans le silence vis-à-vis de l’extérieur) apparaît comme un film bien plus puissant et réel que celui des Dardenne.

© Photo Monsieur Dominique Maurel

Toujours à Un Certain Regard, le même jour, la Roumanie a proposé METRONOM d’Alexandru Belc, l’ex-assistant de Corneliu Porumboiu (sur POLICIER ou ADJECTIF) et le co-scénariste de Cristian Mungiu (sur 4 MOIS, 3 SEMAINES ET 2 JOURS, Palme d’Or en 2007). Quelques jeunes se retrouvent pour fumer, danser, s’aimer tout en écoutant de la musique occidentale et pour écrire une lettre à l’animateur roumain de Radio Free Europe pilotée par les Américains. C’est un piège et le film dévoile les techniques de manipulation et de pression de la Securitate, la police politique de Ceaucescu… Brillante démonstration et scénario maîtrisé du début jusqu’au dénouement.

© Photo Monsieur Dominique Maurel

A la Quinzaine des Réalisateurs, un Colombien, Fabian Hernandez a dévoilé UN VARON où la nécessité d’être viril dans le monde de la rue de Bogota. Une question de survie. Être fort pour ne pas subir et être humilié voire tué… Du bel ouvrage pour un premier film qui sera distribué par Destiny Films qui a acheté les droits pour la France à l’occasion de ce Festival.

© Photo Monsieur Dominique Maurel

Enfin, pour clôturer la journée, l’Italien, Mario Martone, acteur reconnu, a proposé en Compétition Officielle son dernier film, NOSTALGIA. Ses films les plus connus sont MORT D’UN MATHEMATICIEN NAPOLITAIN, L’AMOUR MEURTRI, TEATRO DI GUERRA… Avec NOSTALGIA, nous avons affaire à son chef d’œuvre. C’est Pierfrancesco Favino, LE TRAITRE du film de Marco Bellocchio, qui joue Felice, un Napolitain qui revient dans sa ville natale 40 ans après l’avoir quitté… Entre temps, son meilleur ami est devenu le chef du clan le plus violent de la Camorra. Par la maîtrise de l’écriture, de la réalisation et du jeu des comédiens, NOSTALGIA pourrait bien être la Palme d’Or que l’on attend…

Retrouvez les photos de Dominique Maurel sur son site.

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