HOMMAGE : Ennio Morricone : Pour une poignée de regrets…

À l’âge de 91 ans, l’homme aux 500 musiques de film s’est éteint dans sa ville de Rome, Ennio Morricone est parti » pleinement lucide et d’une grande dignité » par suite d’une chute et une fracture du fémur.

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Comment en aurait-il pu être autrement ? Il avait toujours refusé les sirènes hollywoodiennes préférant Rome « où il avait tous ses amis et les réalisateurs qui le faisaient travailler ».

Son ami, Sergio Leone…

Il a débuté au cinéma avec Mission ultra-secrète (1961) de Luciano Salce, mais c’est grâce à son ami d’enfance, Sergio Leone, qu’il a connu au collège à Rome, qu’il va s’imposer comme le plus grand compositeur de musique de film du monde. Cela donnera trois chefs-d’œuvre : Pour une Poignée de dollars (1964), Le Bon, la Brute et le Truand (1966) et Il était une fois dans l’Ouest (1968) avec le fameux air à l’harmonica devenu immortel. Mais résumer Ennio Morricone à ces productions de westerns spaghettis serait réducteur et l’intéressé aimait à rappeler que cela ne représentait que 8 % de sa production. Parce qu’il a aussi fait des comédies, des policiers, des drames, de l’horreur, de l’érotique…pour des réalisateurs aussi divers de Pier Paolo Pasolini, Bernardo Bertolucci, Henri Verneuil, Dario Argento, Terrence Malick, John Boorman, Brian de Palma, Guiseppe Tornatore, Mauro Bolognini, Marco Bellocchio…

Deux Oscars et 70 millions de disques

Cela a donné des films aussi mythiques que Le Clan des Siciliens, Sacco et Vanzetti, 1900, Vatel, La classe ouvrière va au Paradis, La bataille d’Alger, Le Professionnel, Les Incorruptibles, Il était une fois en Amérique ou encore Les Huit Salopards de Quentin Tarantino en 2015 qui lui vaudra ENFIN un Oscar à l’âge de 87 ans. Il est vrai qu’en 2007, il avait reçu un Oscar pour l’ensemble de son œuvre…mais ce n’est pas pareil. Son seul regret au cinéma ? Ne pas avoir fait la musique d’Orange Mécanique de Stanley Kubrick qui le voulait… Avec son ami Sergio Leone, la musique était composée avant le film et les comédiens devaient jouer leurs rôles en écoutant et en s’adaptant à la musique… Mais il n’a pas fait que ça qui est déjà immense. Il a gravé 4 morceaux de Chet Baker en 1962, écrit une chanson chantée par Joan Baez, Here’s to You (1971), composé 80 musiques de chambre et pour orchestre, s’est associé à la star du Fado portugais, Dulce Pontes pour son album Focus, et à Mireille Mathieu pour la compil Mireille Mathieu chante Ennio Morricone en 1974… Au total, il aura vendu plus de 70 millions de disques. Ses airs sont entrés dans l’inconscient collectif de tous, « empereur de la musique », « génie artistique », « monstre sacré », les hommages ont rivalisé de superlatifs qui auraient bien gêné celui qui détestait les applaudissements et préférait vivre caché dans sa bonne ville de Rome, « sa maison ». Gageons que là-haut, il fera chanter les Anges…

Pascal Gaymard

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