HOMMAGE : Ciao Gina Lollobrigida !

Elle était iconique, elle était incontournable, elle était belle, Gina Lollobrigida a incarné une certaine forme de la femme italienne, pulpeuse, souriante, accessible.

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Toute sa carrière, on l’a comparé à Sophia Loren dont elle était l’exacte contraire. Gina aimait les hommes, les bonnes choses, la vie dont elle a profité avec tout le talent qu’on lui connaît, elle l’épicurienne.

La rivalité avec Sophia Loren…

Sophia Loren n’a été qu’à un seul homme, le producteur, Carlo Ponti. Elle semble inaccessible, quasi aristocrate, hautaine, alors que Gina, c’était le populaire dans le sens le plus noble du terme. Elle a débuté dans les romans photos où son minois a tout de suite attiré le regard. Le   cinéma ne pouvait que lui ouvrir ses portes. Pourtant, elle n’avait jamais voulu faire ce métier d’actrice, sa passion, c’était les Beaux-Arts, la sculpture notamment. Elle a dû arrêter ses études à cause de concours de beauté où elle se fait remarquer. Une expression résume assez bien sa carrière commencée juste à cause de sa plastique ce dont elle n’était pas dupe : « Gina Lollobrigida est la meilleure chose qui soit arrivée depuis l’invention des spaghettis ». Elle suscite tous les fantasmes masculins, et dans « Heureuse époque », film à sketchs d’Alessandro Blasetti, elle incarne une séduisante criminelle qui va user de son décolleté pour influer les juges de son procès.

Fanfan la Tulipe la consacre, Star…

Mais tout change après « Fanfan la Tulipe » de Christian Jaque en 1952 où elle donne la réplique à un certain Gérard Philippe. C’est la gloire et son statut change du jour au lendemain. Le film réalise près de 7 millions d’entrées, c’est le succès ! On se l’arrache, elle enchaîne les rôles. Dans « Les Belles de Nuit » de René Clair, elle est Leila, toujours avec Gérard Philippe, avant d’être une prostituée dans « La Belle Romaine » de Luigi Zampa. Puis, Luigi Comencini la prend sous son aile et la voilà dans « Pain, amour et fantaisie » et « Pain, amour et jalousie », aux côtés de Vittorio de Sica. Avec « Le Grand Jeu », de Robert Siodmak (1954), elle joue un double rôle de maîtresse et de prostituée dans un bordel tenu par Arletty, avant d’incarner Esmeralda dans « Notre Dame de Paris » (1956) de Jean Delannoy…

Hollywood et ses tracas…

Survient l’épisode hollywoodien. Amateur compulsif de bustes canons, Le producteur d’Hollywood, Howard Hughes, sensible à sa plastique impeccable, la voit sur une photo en bikini, et lui fait signer un contrat tout en la séquestrant plusieurs mois dans une chambre de l’Hôtel Town House sur Wilshire Boulevard, à Los Angeles. Il en restera quelques films américains comme « Plus fort que le diable » (1953) de John Huston, avec Humphrey Bogart, « Trapèze » (1956) de Carol Reed, avec Burt Lancaster, ou encore « Salomon et la reine de Saba » (1959) de King Vidor aux côtés de Yul Brynner, et enfin, « Le Rendez-vous de septembre » (1961) de Robert Mulligan, avec Rock Hudson.

Sculpture, photo, ONU…

La fin est plus triste. En 1966, elle est condamnée à deux mois de prison pour attentat à la pudeur pour des tenues osées dans « Les Poupées », un film à sketchs, tenues qui feraient sourire aujourd’hui… L’amnistie dont elle bénéficiera lui évitera les geôles italiennes. Elle passera ensuite à des films qui se moquent de son statut de brune aguichante, « La Marine en Folie », « Ce Merveilleux Automne » (1969) de Luigi Comencini, ou « Roi, Dame, Valet » (1972) de Jerzy Skolimovski voire « Box-Office 3D » (2011)  d’Ezio Greggio, et « Les Cent et Une Nuits » (1995) d’Agnès Varda. Sa « retraite », elle la consacre à la sculpture, sa première passion, et à la photographie qu’elle expose un peu partout dans le monde. En 1999, l’Organisation des Nations Unies (ONU) la nomme Ambassadrice de bonne volonté pour l’alimentation et l’agriculture. Elle s’est éteinte à Rome, ce 16 janvier, à l’âge de 95 ans.

Pascal Gaymard

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