Humeur : Des propos intolérables et inacceptables…

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Aujourd’hui, la France est confrontée à un drame récurrent, celui de l’omerta. Que ce soit à l’hôpital, à la préfecture de police, au collège ou au lycée, le constat est le même. Le personnel soignant, les policiers, les professeurs de l’éducation nationale, ils ont tous été appelés à ne pas porter plainte contre un patient, un collègue ou un parent d’élève. Un seul mot d’ordre, pas de vague au nom du mieux vivre ensemble qui se délite tous les jours un peu plus. Il ne faut donc pas porter plainte pour éviter toute trace et alimenter les statistiques alarmantes sur une situation française au bord de la crise de nerf. Car les auteurs d’agressions voire d’attentats sont sûrs d’être arrêtés, condamnés, emprisonnés quand ils ne sont pas exécutés lors des interventions des forces de l’ordre. Mais quid des autres, de tous les autres, de ceux qui savaient mais qui n’ont rien dit, qui ont préféré se taire pour ne pas être taxé d’islamophobie par exemple ? Cette majorité agissante qui pousse les victimes à éviter la case tribunaux, c’est le cancer de notre société. Par leur volonté de faire taire le médecin des urgences harcelé par un mari violent qui ne veut pas que sa femme soit auscultée par un homme, tout comme le policier collègue de travail d’un terroriste qui pourtant affirmait que le drame de Charlie Hebdo, « c’était bien fait pour eux », ou encore le professeur qui se fait tabasser à la sortie de son établissement pour un mot ou une mauvaise note, tous ceux qui sont intervenus pour minimiser, étouffer, nier l’évidence, tous sont responsables des drames de demain, des événements à venir, des morts putatifs. Tous les propos intolérables et inacceptables doivent être condamnés car sinon, nous prenons le risque que leurs auteurs se croient totalement impunis. Cela peut les encourager à aller encore plus loin jusqu’au passage à l’acte. Celui qui se tait est un complice objectif de l’assassin, du barbare, du terroriste. Il faut en finir avec cette culpabilité inversée qui empêche le bon réflexe, le bon geste, la bonne parole susceptible d’éviter le pire d’arriver. Les médias ont aussi leur rôle à jouer dans ce combat au quotidien. Il ne s’agit pas de dénoncer ou avertir sur tout et n’importe quoi mais de n’avoir aucune complaisance par rapport à ceux qui professent l’intolérable et l’inacceptable.

Raymond Aquila