L’anticipation étant le mot clé dans la gestion de la ville, Christian Estrosi a mis, dès le 15 février, tout en place afin que la pénurie des masques se ressente le moins possible. Qu’il s’agisse des masques chirurgicaux ou FFP2 pour les personnels soignants et exposés ou encore des masques en textile grand public, la ville de Nice n’a pas attendu les directives de Paris. Alors qu’en début mai, les grandes villes et les métropoles du territoire national s’empressaient de commander ou de produire, en collaboration avec des entreprises existantes ou fraîchement créées, les masques en tissus pour équiper les habitants pour le déconfinement, Christian Estrosi, maire de la capitale azuréenne et président de la Métropole a anticipé : « Avant le déconfinement, nous avons distribué 670 000 masques à Nice et 1 200 000 sur la Métropole, deux masques par personne à partir de l’âge de trois ans ». Mais anticiper c’est aussi aller plus loin et mi-mars, le Maire lance l’idée d’utiliser les locaux de la Diacosmie pour fabriquer des masques en tissus : « On avait tout ce qu’il fallait : le matériel, les machines et le savoir-faire des couturiers de l’Opéra de Nice du Théâtre national de Nice et des carnavaliers ».
20 000 masques fabriqués en deux mois
C’est dans le lieu magique qu’est la Diacosmie, que 20 000 masques ont été produits. Trente-huit personnes, professionnels du service costume, du service tapisserie de l’Opéra de Nice, du Théâtre national de Nice, des carnavaliers, ou encore d’autres professions, tous volontaires et bénévoles travaillent cinq jours sur sept en mini-chaînes de production, en s’entraidant. Ces professionnels de la création ont accepté ce travail répétitif avec plaisir et une belle ambiance règne, assure Bertrand Rossi, directeur général de l’Opéra de Nice. « Le plus difficile c’était de s’approvisionner en tissu répondant aux normes AFNOR et de trouver les élastiques ! Depuis que nous avons la matière première, la production est rapide » souligne-t-il et ajoute fièrement : « D’autres centres dramatiques ou opéras de France font de même, mais nous, nous étions les premiers ! ».
Objectif 30 000 masques en stock
Même si avec le déconfinement la moitié des bénévoles ont repris leur activité professionnelle habituelle, la production continue. Elle permet à la ville d’anticiper la reprise des activités culturelles. Les masques fabriqués à la Diacosmie sont destinés aux personnels municipaux, aux visiteurs et au public. « Nous devons également faire des stocks pour une éventuelle deuxième vague de l’épidémie », précise le premier magistrat de la ville. Afin de pouvoir anticiper sur l’évolution de la crise sanitaire et le calendrier événementiel y compris celui de 2021, Christian Estrosi souhaite avoir un stock d’une trentaine de milliers de masques en tissus. Le projet et les ambitions ne s’arrêtent pas là : « Dans le but d’avoir notre propre autonomie, je travaille sur l’installation d’une grande usine de masques sur la Métropole. Nous maîtrisons déjà les filières d’approvisionnement. On aurait notre autonomie et serions en mesure d’équiper tout le monde en moins de 48 heures ».
Sanya Maignal
La Diacosmie, une véritable fabrique de culture, de production et de spectacles
Ce lieu magique situé à Nice la Plaine a vu le jour il y a vingt-trois ans. Son nom vient du grec « diakosmos » qui signifie « décor ». Sur ces 20 000m2, on conçoit et fabrique les costumes, les décors de toutes tailles, les artistes répètent, c’est ici que naissent les spectacles.
Deux ateliers de 40 mètres sur 40, équipés de machines performantes, d’un outillage très moderne permettent de passer dans les meilleures conditions, du projet à la réalisation des décors des ouvrages lyriques et chorégraphiques. Dans deux ateliers de 130m², de nombreuses machines piquent, cousent, ourlent et boutonnent. Des artistes et professionnels de la couture du monde entier réalisent des costumes et coiffes qui font rêver. C’est ici que sont entreposés 10 000 costumes et des accessoires, armes, bibelots, vaisselle, meubles et autres objets nécessaires à la création et au jeu de scène.
C’est aussi ici que les artistes répètent les spectacles : deux plateaux reconstituent, l’un la scène de l’opéra (288 m2), l’autre, la scène de la salle Apollon d’Acropolis (1080 m2) ; un studio pour les Chœurs, deux salles d’études de l’orchestre, sans oublier de nombreux studios musique et le grand studio de danse.
43 personnes qui travaillent ici, dont 13 dans les services couture et tapisserie, contribuent à la naissance de quelque huit productions de l’Opéra de Nice ou encore des spectacles des théâtres ou opéras qui n’ont pas leurs ateliers.