CINÉMA – Jean-Pierre Mocky n’est plus

Agé de 86 ans, le réalisateur, Jean-Pierre Mocky, le jeudi 8 août… Il était l’auteur le plus inclassable du cinéma français. il est décédé et a réalisé plus d'une soixantaine de films.

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A son actif, 66 films qu’il a réalisés entre 1959 et 2017 avec souvent des bouts de ficelles, pas un rond et beaucoup de passion.

Les plus grands comédiens avec lui…

Il était hâbleur, roublard, menteur, tricheur, mais aussi attachant, libertaire, anar, grande gueule. Avec lui, tout était permis et tout le cinéma français, comédiennes et comédiens, se pressaient pour apparaître dans ses films où ils pouvaient tout dire, faire, jouer… Ce niçois qui avait débuté en 1942 comme figurant, aimait les actrices et les acteurs qui tous se souviennent de ses colères homériques. Ses films les plus emblématiques sont déjà entrés dans le panthéon du cinéma hexagonal comme Un drôle de paroissien (1963), avec Bourvil, Francis Blanche ou Jean Poiret, A mort l’arbitre (1984) avec Michel Serrault et Eddy Mitchell, ou Le Miraculé (1987) toujours avec Jean Poiret et Jeanne Moreau. Mais aussi Michel Galabru, Jean-Pierre Marielle, Jacqueline Maillan, Bernadette Lafont, Jane Birkin, Michel Simon, Jacques Dutronc, Victor Lanoux, Pierre Richard, Gérard Depardieu… Le cinéma, il l’avait appris avec les plus grands, Federico Fellini et Lucchino Visconti comme stagiaire. Il assurait non sans malice : « Je suis un comédien devenu réalisateur faute de rôles » …

Des comédies caustiques et satiriques…

Ce sont les comédies caustiques qui l’intéressent au plus haut point avec une dose d’anticléricalisme qui ne lui vaudra pas que des amis. Il y a toujours une satire des mœurs de son époque dans ses films qui sont autant de cris de gueule et du cœur. Il se moque de la politique et des politiciens qu’il écorne à volonté. Mocky, on l’aime ou on le déteste, mais il ne laisse personne indifférent. De La Grande Lessive (1968) à Y-a-t-il un Français dans la salle ? (1982), il se situe en marge, lui qui a toujours cultivé son personnage et sa singularité. Signe de reconnaissance, la Cinémathèque française qui lui accorde une rétrospective en 2014. Il en profitera pour vendre ses œuvres à toutes les cinémathèques de France. Quand ses films ne trouvent plus de distributeurs, il s’offre une salle de cinéma, le Brady, puis le Desperado, pour les projeter lui-même… La télévision lui donne un second souffle avec Myster Mocky présente, une série adaptée de nouvelles d’Alfred Hitchcock. Jusqu’au bout, il aura fait jaser puisque pour certains, il est né en 1929 et pour d’autres en 1933, sa date de naissance ayant été falsifiée pour qu’il puisse prendre seul le bateau sous l’Occupation pour échapper aux Nazis, lui le juif polonais… Qu’importe ce pied de nez pour celui qui n’avait ni Dieu, ni Maître. Adieu l’Anar !

Pascal Gaymard