CINÉMA : Alan Parker, l’homme qui abattait les murs

C’est peu dire qu’Alan Parker était l’un des plus grands metteurs en scène du monde et que sa filmographie plaide en sa faveur.

0

L’homme qui aimait abattre les murs s’est éteint le 31 juillet dernier à l’âge de 76 ans des suites d’une longue maladie.

MIDNIGHT EXPRESS : Film choc et culte

Il avait reçu 10 Oscars sans jamais avoir eu celui de réalisateur… alors qu’il avait été nommé en 1978 pour son film culte, MIDNIGHT EXPRESS et en 1988, pour MISSISSIPPI BURNING. Comment la récompense a pu lui être refusée en 1978 (NDLR : C’est Michael Cimino qui l’avait emporté avec Voyage au bout de l’enfer) ? Midnight Express a été un choc pour toute une génération et a dénoncé les prisons turques et leurs méthodes totalitaires à l’image d’un pays qui a toujours été laxiste avec les règles de la démocratie. Dans ce film cultissime, ce sont les murs de la prison qu’il voulait abattre sur un scénario oscarisé signé Oliver Stone (et Oscar de la Meilleure Musique envoûtante de Giorgio Moroder). C’est finalement le Festival de Cannes qui le consacrera avec un Grand Prix du Jury en 1985 pour BIRDY, un autre de ses chefs-d’œuvre avec comme interprètes, Nicolas Cage et Matthew Modine. Ce sont les murs invisibles de la folie intérieure auxquels Alan Parker s’est attaqué dans cet autre film si fascinant. Avec ÉVITA, c’est un hommage à Eva Perón qu’il a voulu rendre avec comme interprète une certaine Madonna. La musique est l’une de ses autres passions qui le poussera à réaliser FAME qui fera connaître Irene Cara et sa célèbre chanson, Out Here on My Own, ou encore THE COMMITMENTS en 1991.

THE WALL : Film fascinant et inoubliable

Mais c’est avec THE WALL en hommage aux Pink Floyd et leur album éponyme qu’il entrera dans la légende. Là encore, il s’agira d’abattre tous les murs de la Terre. Mélangeant scènes de concert et images animées, Alan Parker prouve qu’il est un touche-à-tout génial, ce qu’il avait laissé entrevoir lors de son 1er film BUGSY MALONE où des enfants parodiaient sous forme musicale les films de gangsters des années 1930. Casser les codes, proposer des scénarios originaux avec des mises en scène audacieuses qui étaient sa marque de fabrique. Alan Parker était un grand qui a été salué par l’Académie des Oscars comme un « caméléon », et un « extraordinaire talent » qui « nous manquera beaucoup ». L’ancien président du Festival de Cannes, Gilles Jacob, a parlé d’un cinéaste « vif, brillant, prolifique » et un « esprit sarcastique ». Son producteur de presque tous ses films, David Puttman, a rendu hommage à celui qui était son « plus vieil et plus proche ami » et qui l’a « toujours impressionné par son talent ». « Ma vie et celle de beaucoup d’autres personnes qui l’ont aimé et respecté ne seront plus jamais les mêmes », a-t-il ajouté ayant une pensée pour son épouse, Lisa Moran-Parker, ses cinq enfants et ses sept petits-enfants. Alan Parker, c’était 30 ans de carrière avec au total, outre ses 10 Oscars, 19 BAFTA (NDLR : César en Grande-Bretagne) et 10 Golden Globes, récompenses décernées avant les Oscars par les critiques cinéma. Un grand qui nous a fait tant rêver.

Pascal Gaymard