Le Festival comme si vous y étiez…Jeudi 23 Mai : Kechiche contre Bellocchio

Par Pascal Gaymard et Véronique Rosa. Photos : Dominique Maurel

0

Traditionnellement, la journée du dernier jeudi est celle qui est propice à la Palme d’Or. Mais cette année, les jeux semblent être faits avec Douleur & Gloire de Pedro Almodovar qui caracole loin devant tous les autres films présentés. Mais qu’en est-il des films du jour en Compétition Officielle ? Abdellatif Kechiche revenait à Cannes avec le 2ème volet de son MEKTOUB MY LOVE : INTERMEZZO à la durée pharaonique : 4h… Ce qui est fascinant dans l’œuvre de ce réalisateur né à Nice, c’est sa facilité à décrire une jeunesse française d’origine maghrébine décomplexée, loin des standards de l’intégrisme dont il a été abondamment question durant ce Festival avec les insupportables Misérables ou du Jeune Ahmed… Ses protagonistes sont beaux, souriants, croquent la vie à pleines dents avec une belle insouciance. Certes, le procédé peut paraître répétitif à certains, les scènes de danse dans la boîte de nuit étant filmées à hauteur des fesses généreuses et endiablées de ces femmes qui assument toute leur féminité. Si l’on embrasse un garçon ou une fille, ce n’est pas pour autant que nous allons finir au lit en fin de soirée… Au bout de la nuit, le rythme fou des décibels emporte tout et l’on ressort profondément optimistes d’un tel film…

Face à lui, et c’est le jeu de tout Festival, il y avait le dernier Marco Bellocchio, LE TRAITRE. Quand le maître italien est à ce degré de perfection, cela donne un film quasi documentaire sur la mafia sicilienne des années 90 avec la montée en puissance d’un fou furieux, Toto Riina. Pierfrancesco Favino prête ses traits à Tommaso Buscetta, celui par qui le plus grand procès de Cosa nostra a pu être organisé, avec il est vrai le courage d’un juge hors normes, Giovanni Falcone. Le Traître nous fait entrer dans le cœur même de cette machine à tuer qu’est la mafia qui utilise la pauvreté pour imposer sa loi. Au passage, les politiques avec le plus pourri d’entre eux, Giulio Andreotti, n’est pas épargné, lui qui aurait été le tuteur à Rome de Toto Riina… Un très grand film digne de Vincere, son autre chef d’œuvre. A la Semaine de la Critique, le Prix SACD des auteurs est revenu à NUESTRAS MADRES, un film du réalisateur guatémaltèque, César Diaz. Côté courts, c’est le français, Gregory Montel avec LES CHIENS ABOIENT qui remporte le prix du meilleur film court de la Semaine de la Critique. Mais c’était bien à la Quinzaine des Réalisateurs que le film le plus original a été présenté avec YVES, l’histoire d’un frigo intelligent qui aide un rappeur looser à faire de bons textes… Benoît Forgeard est aussi fou que ces interprètes, William Lebghil, Doria Tillier, Philippe Katerine, tous excellents. Un film qui lors de sa sortie en salles prévue le 26 juin prochain ne devrait laisser personne indifférent…