SANTE- L’histoire de l’éradication de la variole : un exemple pour la gestion du Covid-19 ?

Il y a 40 ans, l’OMS annonçait l’éradication de la variole. Un cas unique dans l’histoire des épidémies mondiales et l’un des plus grands succès en matière de santé publique internationale. L’histoire du combat contre cette maladie sert aujourd’hui d’exemple contre les virus encore présents, notamment celui du COVID 19…

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Le 8 mai 1980, la 33e Assemblée mondiale de la Santé en 1980 déclare : « Tous les peuples du monde sont désormais libérés de la variole ». Cette annonce historique marque la fin d’une maladie qui a ravagé l’humanité pendant plusieurs millénaires. 300 millions de morts lui sont attribués rien qu’au XXe siècle. La variole est le premier, et reste même le seul virus ayant été officiellement éradiqué de la planète. Ou presque. Par prévention, des échantillons de la maladie subsistent encore à deux endroits, au Center for Disease Control and Prevention d’Atlanta et à l’institut VECTOR de Koltsovo en Russie. Dans ces laboratoires à haute sécurité, ils sont sous contrôle constant d’équipes de l’OMS. Dans les méthodes utilisées pour vaincre la variole, certains enseignements sont encore aujourd’hui appliqués pour traiter certaines maladies, telles que la poliomyélite, Ebola ou encore le coronavirus.

Qu’est-ce que la variole ?

Selon l’Organisation mondiale de la santé « la variole est une affection contagieuse aiguë causée par le virus variolique. Elle se transmet d’un individu à l’autre par des particules en suspension ou des gouttelettes provenant des personnes infectées qui présentent les symptômes de la maladie ». Les premiers symptômes apparaissent 12 à 14 jours après l’infection. Ils se manifestent sous la forme de fièvre, de malaises, de maux de tête, un état de prostration, de graves douleurs dorsales, et parfois des douleurs abdominales et des vomissements. Certains de ces symptômes rappellent évidemment ce que l’on sait sur la COVID 19.

Sauf que, après deux ou trois jours de variole, la température corporelle s’abaisse et s’accompagne d’une éruption cutanée pouvant aller jusqu’à des pustules. Celle-ci apparaît d’abord sur le visage, les mains et les avant-bras, puis sur le tronc. La variole est aussi bien plus mortelle. Trois personnes sur dix en meurent. Et contrairement au coronavirus, les enfants y sont particulièrement sensibles.

Comment la variole a-t-elle été éradiquée ?

Avant son éradication, l’expansion de la variole est attribuée au développement des routes commerciales mondiales. Lors de la création de l’OMS en 1948, elle est désignée comme une des maladies à combattre. Mais ce n’est qu’en 1958 que l’organisation déclare sa volonté de la vaincre. Et pourtant, en 1967, la maladie était encore présente dans 33 pays d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Asie. L’OMS explique : « avant 1967, la stratégie d’éradication de la variole reposait sur la vaccination de masse. Une stratégie efficace dans certains pays, mais qui a échoué dans des régions à forte densité de population ».

C’est alors que commence un programme d’éradication intensifié. Cette fois, les laboratoires de nombreux pays où la variole était endémique ont pu produire davantage de vaccins lyophilisés, et de meilleure qualité. L’OMS commence à mener des campagnes d’information et de prévention pour mieux faire connaitre la maladie aux zones les plus défavorisées. Un certain nombre d’autres facteurs ont également joué un rôle important dans le succès des efforts intensifiés, notamment le développement de l’aiguille bifurquée, la mise en place d’un système de surveillance pour détecter et enquêter sur les cas et les campagnes de vaccination de masse, pour n’en citer que quelques-uns…

Le dernier cas d’infection naturel de la variole a été recensé en 1977 en Somalie. Le dernier décès attribué à la variole en revanche remonte, lui, à 1978 au Royaume-Uni.

Des enseignements pour la gestion du Covid-19 ?

Depuis sa première campagne contre la variole, l’OMS a compris que la vaccination de masse ne peut pas, à elle seule, être complètement efficace. Elle doit s’accompagner de campagnes de prévention contre les risques et d’un système de traçage des cas infectés et cas contacts. L’application Tous Anti Covid que nous sommes censés utiliser en France relève en quelque sorte de cet enseignement.

« Les leçons tirées de la variole sont utiles aujourd’hui pour faire face aux flambées épidémiques. Par exemple, le porte-à-porte pour la recherche active des cas est à la base du programme d’éradication de la poliomyélite, et la vaccination en anneau des contacts[1] aide à lutter contre la propagation de la maladie à virus Ebola. De même, la surveillance, la recherche des cas, le dépistage, le suivi des contacts, la quarantaine et les campagnes de communication pour couper court à la désinformation sont essentiels pour lutter contre la COVID-19 », a expliqué David Heymann, professeur d’épidémiologie des maladies infectieuses à la London School of Hygiene and Tropical Medicine.

Pas tout le monde ne prend cette maladie au sérieux non plus. Chaque week-end, l’actualité relève l’organisation d’une fête clandestine où la maladie peut facilement se propager. Battre une maladie n’est pas non plus une mince affaire. La victoire contre la variole reste bien un cas unique. Et comme chaque virus, la Covid-19 est susceptible de connaitre une mutation, rendant plus compliqué son combat contre elle. Les leçons tirées de la variole ont peut-être été utiles, mais chaque maladie garde bien ses propres spécificités.

Gaetan Tringham


[1] Celle-ci consiste à repérer spécifiquement les cas infectés et à vacciner les sujets qui sont en contact avec eux 

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