RETOUR SUR LES POLÉMIQUES DU 76e FIF : Des polémiques du début à la fin…

C’est sans doute l’époque qui veut ça, les polémiques naissent sur les réseaux sociaux et des relais qui se croient utiles, les font vivre au quotidien, ce qui a été le cas plus que de raison lors de ce Festival de Cannes.

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Du début jusqu’à la fin, elles n’ont pas cessé d’alimenter les rumeurs, les gazettes et les conversations de couloir.

Maïwenn contre Plenel, Johnny Depp face aux féministes…

Tout d’abord, il y a eu la venue de Johnny Depp. Maïwenn serait allée le rencontrer alors que son procès avec Amber Heard battait son plein. Pour les associations féministes, cette situation serait intolérable… Le public de la projection d’ouverture de Jeanne du Barry ne s’y est pas trompé et lui a réservé une ovation digne de son talent. Les accusations pour harcèlement et violence quotidienne n’ayant pas tenu, les mêmes redresseurs de tort s’en sont pris à son accent pour incarner Louis XV. Vaine polémique, Johnny Depp s’en sort avec les honneurs et Jeanne du Barry est un grand film réalisé par une grande actrice. Cette dernière aurait agressé Edwy Plenel, le patron de Médiapart. Cela serait lié à des accusations du journaliste envers les relations entre Maïwenn et le metteur en scène Luc Besson lorsqu’ils vivaient ensemble. Maïwenn a déclaré qu’elle s’en expliquerait après le Festival. Cette polémique sans doute ne fait que commencer…

Catherine Corsini face aux attaques…

Immédiatement après, Catherine Corsini a été au centre d’accusations d’harcèlement, de conditions de travail déplorables, de crises d’autoritarisme. Du coup, son film, LE RETOUR, a été un temps, retiré de la liste de la Compétition Officielle avant que le délégué général, Thierry Frémaux, ne décide de le remettre au programme. L’accolade entre la réalisatrice et l’homme fort du Festival sur les Marches du Tapis Rouge ne laissait aucune incertitude sur le fait du prince du délégué qui a estimé cette polémique vaine et sans fondement réel. La bonne entente de façade affichée lors de la journée de présentation du film a fait oublier que l’équipe du film n’aurait pas demandé d’autorisation pour une scène sexuelle d’une actrice mineure. La production a admis la critique mais la scène n’a pas été conservée au montage.

De Thierry Frémaux à Club Zéro…

C’est ensuite le délégué général lui-même qui devant un grand hôtel cannois qui est arrêté par un policier municipal. Le ton monte, « vous ne savais pas qui je suis ? ». Le policier reste inflexible. L’altercation fera plus d’un million de vues… Thierry Frémaux devra présenter des excuses officielles pour dégonfler la polémique naissante…

Enfin, il y a eu le film Club Zéro avec la fameuse scène de vomi régurgité et remangé par l’actrice du film qui se veut un pamphlet contre toutes les tares du wokisme, de la cancel culture, de la conscience alimentaire ou de l’écologie vue comme une secte avec son gourou. Le film de l’Autrichienne, Jessica Hausner, aurait mérité de figurer au Palmarès. Lors de la présentation du film en Compétition Officielle, la salle a connu un mouvement de rejet lors de cette fameuse scène. Quelle ironie au vu des ignominies déversées par des censeurs qui se veulent des donneurs de leçon universelle.

Les justes propos de Justine Triet…

Alors que le Festival touchait à sa fin et que la cérémonie de clôture se déroulait sans anicroche et même d’une manière assez lisse hormis quelques bévues du président, Ruben Ostlund, dans l’ordre des récompenses, Justine Triet est arrivée. La réalisatrice qui est la 3ème femme Palmée d’Or après Julia Ducournau et Jane Campion après avoir remercié tout le monde, s’en est pris au pouvoir actuel et à sa réforme des retraites. Elle a déclaré : « Cette année, le pays a été traversé par une contestation historique, extrêmement puissante, unanime de la réforme des retraites. Cette contestation a été niée et réprimée de façon choquante. Et ce schéma de pouvoir dominateur de plus en plus décomplexé, éclate dans de multiples domaines : socialement bien sûr, mais aussi dans toutes les autres sphères de la société, et le cinéma n’y échappe pas. La marchandisation de la culture que le gouvernement néolibéral défend est en train de casser l’exception culturelle française. Ce prix est dédié à toutes les jeunes réalisatrices, à tous les jeunes réalisateurs, et même à tous ceux qui aujourd’hui, n’arrivent pas à tourner ». La ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak a immédiatement réagi en rappelant que son film ANATOMIE D’UNE CHUTE avait été abondamment aidé par l’Etat et le CNC. Lors de la conférence de presse des lauréats qui a suivi l’annonce du palmarès, Justine Triet a répondu à une question de l’AFP sur l’exception culturelle en danger. La réalisatrice en Or n’a pas caché qu’elle avait été très bien financée mais son propos s’adressait aux réalisateurs débutants. « Les 350 M€ annoncés par le gouvernement pour aider le cinéma seront, d’après leurs dires, ciblés avant tout sur les gros films. Or, l’exception culturelle à sa création n’avait pas de notion de rentabilité. C’est important pour former un artiste. On sent une tendance vers la rentabilité qui va pénaliser la création. J’ai pris la parole aussi pour défendre tous ceux qui ont des difficultés à monter leurs projets ». Il ne s’agissait en aucun cas de sa position personnelle dans un constat qui lui paraît inquiétant. Merci Justine d’avoir eu cette pensée qui n’est en aucun les propos « d’une enfant gâtée »…

Pascal Gaymard

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