Ce qui est sûr c’est que l’homme fait recette en rassemblant les foules qui se pressent à chacune de ses conférences. A l’origine du mouvement des « Colibris », tiré d’une légende amérindienne par laquelle chacun est tenu d’apporter sa petite goutte d’eau pour éteindre le feu qui brûle sous la terre, il dresse un sérieux constat : « si nous voulons que le monde change, à nous de faire notre part » préconise ce semeur d’espoir qui se considère comme un témoin du temps plutôt qu’un donneur de leçons.

Y a-t-il une vie avant la mort ?

Néanmoins, tel un lanceur d’alerte, il veut sensibiliser l’opinion et insiste sur le fait que l’humanité court à sa perte. En cause en premier lieu, le manque d’eau dont souffre l’ensemble de la planète. « De par la main de l’homme, la Terre s’avère de plus en plus polluée et en polluant l’eau c’est nous que nous polluons. Sans eau pas de nature et sans nature pas de vie, la vraie richesse, c’est la nature et elle est gratuite » dit-il en ajoutant : « nous avons tout faux sur notre manière de vivre mais aucun risque majeur pour la planète, elle se régénérera naturellement sans avoir besoin de nous, quant à l’espèce humaine… ». Le grand problème actuellement, « c’est de prendre enfin conscience de l’état de nos terres, celles-ci ne sont pas saines à cause des engrais solubles, pesticides et OGM qui ne sont que chimères… ce qui fait que l’on mange mal et que notre santé en pâtit et se traduit par diverses maladies comme le cancer. Si nous perdurons dans cette voie, inconsciemment nous participons à notre propre éradication » stipule Pierre Rabhi tout en tentant d’éveiller les consciences tout en se demandant s’il y a encore une vie avant la mort.

Il faut vivre mais pas seulement exister

Autre fléau mis en exergue lors de cet entretien : la faim dans le monde. D’après lui, on ne partage pas assez et l’on gaspille trop. Il conviendrait de rétablir un certain équilibre et une meilleure répartition pour que chaque individu puisse manger à sa faim « car nous sommes victimes d’une surconsommation des uns par rapport aux autres… C’est un fait avéré que les occidentaux consomment trop de protéines animales alors qu’en certains points du globe, les populations vivent en état de carence avancé et ce, bien que la planète dispose de substantielles richesses pour nourrir tout le monde… Il faut vivre mais pas seulement exister » répète-t-il en spécifiant que l’on assiste actuellement à la destruction de l’humain par l’humain. Si la science était gérée avec plus de sagesse on pourrait peut-être envisager de rétablir un certain équilibre mais pour cet homme averti qui communie chaque jour avec la nature, l’avenir ne semble pas très prometteur. Prenons garde aussi à la mondialisation, « véritable guerre économique qui par souci de compétitivité tend à dresser les uns contre les autres alors qu’il serait beaucoup plus sain et prolifique pour l’humanité de se serrer les coudes et de se donner la main pour faire face à toute adversité ». Rabhi a encore tant à dire…et transmettre.

Thierry Arzens