L’Antibois : Vous venez jouer la pièce Ramsès II à Anthea à la fin du mois de décembre.

Vous connaissez un peu notre région. Gardez-vous de bons souvenirs liés à la Côte d’Azur ?

François Berleand : Evidemment ! J’y ai fait un des films que je préfère et qui s’appelle Le Siffleur. Tout le tournage s’était déroulé entre Monaco et Cannes. J’en garde un souvenir formidable. J’ai aussi joué une pièce que j’adore au Théâtre National de Nice en 1999 intitulée Biographie : un jeu. Quant à Anthéa, je connais bien Daniel Benoin puisqu’on a commencé en même temps dans ce métier. On a travaillé pendant 7 ans ensemble. Le fait de terminer la tournée dans ce théâtre extraordinaire qui marche du tonnerre de Dieu est un vrai plaisir!

L.A. : Comment pourriez-vous résumer cette pièce ainsi que votre rôle ?

F.B. : C’est difficile de la « pitcher ». L’univers de Sébastien Thiéry (ndlr : auteur de Ramses II) est toujours un peu glauque. Il s’agit d’un thriller. Je suis en couple avec Evelyne Buyle et nous attendons notre fille et son mari qui sont de retour d’un voyage en Egypte. Sauf que le mari arrive seul… C’est une pièce très particulière avec beaucoup de rebondissements.

L.A. : Vous avez déjà joué des pièces de Sébastien Thièry. Qu’est qui vous plaît dans son écriture ?

F.B. : C’est totalement décalé, sans empathie. Il n’y a pas de psychologie, c’est un humour bête et méchant. On retrouve un humour noir, à l’anglaise, avec lequel j’ai été élevé et auquel je suis très sensible. Dans mes dernières pièces j’ai plusieurs fois joué le méchant. Là cette fois, c’est moi qui subis et ça me fait encore plus rire.

L.A. : Pourquoi la pièce marche aussi bien selon vous ?

F.B. : Je crois que Canal+ a beaucoup aidé à démocratiser cet humour absurde avec Les Nuls par exemple. Cela a toujours existé bien sûr mais on l’avait un peu oublié au détriment d’auteurs comme Sacha Guitry qui jouait plus sur le texte, les mots. Il y a un théâtre du XXe siècle qui a fait que plusieurs auteurs comme Feydeau, Courteline, Labiche sont passés à la trappe alors qu’ils représentaient notre moteur profond de l’humour à l’époque et qui a aujourd’hui complétement changé. C’est pourquoi j’ai envie de dire merci aux Nuls et à Sébastien Thièry de nous apporter cette joie.

L.A. : Sébastien Thièry n’est pas le seul que vous connaissez bien. Les acteurs, le metteur en scène sont aussi des camarades de jeu habituel. C’était important pour vous ?

F.B. : C’est primordial. Autant au cinéma c’est moins important, autant au théâtre … Lorsque l’on doit former une famille dans la pièce, c’est bien de former également une famille dans la vie. Travailler avec des gens qui ne s’entendent pas se ressent sur le spectacle. Moi, je garde une grande attention sur ce sujet. Et puis, il y a des gens avec qui je sais que je vais bien m’entendre. Dans Ramsès II, on a tous une admiration les uns pour les autres.

L.A. : Justement, est-ce que tous ces comédiens et auteurs auxquels on peut rajouter Bernard Murat, forment votre famille artistique ?

F.B. : Oui bien sûr, je les connais tous depuis très longtemps. Eric (Elmosnino) depuis sa sortie du conservatoire. Avec Evelyne on a un peu travaillé ensemble dans les années 90. Avec Elise (Diamant) qui est plus jeune, j’ai beaucoup moins joué avec elle naturellement mais on avait fait une pièce en tournée. Avec Stéphane Hillel (ndlr : le metteur en scène), nous n’avons fait que deux pièces ensemble mais une vraie amitié s’est installée entre nous. J’ai demandé que ce soit lui qui fasse la mise en scène. Ce n’était pas prévu au départ par Sébastien Thièry, mais je pensais que c’était la meilleure option. Et j’avais raison. La preuve : Sébastien Thiéry lui a confié la mise en scène de sa prochaine pièce. C’est un comédien qui est passé à la mise en scène, il a un vrai regard. Il sait très bien comment un comédien fonctionne. Il nous pardonne beaucoup de choses mais il reste très vigilant. Il prend le temps.

« Cinéma, télé…l’important, c’est que ça me plaise »

L.A. : Entre temps, on vous reverra sur TF1 avec Les Chamois saison 2. Une série qui avait bien très marché l’année dernière…

F.B. : Oui mais de toute façon, TF1 avait commandé la saison 2 avant la sortie de la première saison. Cela prouve qu’ils nous font vraiment confiance. C’est une comédie, le point commun avec Ramsès II, c’est que là aussi il s’agit de l’histoire d’une famille. J’ai joué plusieurs fois avec Isabelle Gélinas ou encore Julie Depardieu (ndlr : partenaires dans la série), on s’entend très bien donc c’est toujours un plaisir de participer à ce genre d’aventures. Lorsque le réalisateur Philippe Lefebvre m’a parlé du casting, j’ai dit oui tout de suite.

L.A. : Vous tourner davantage vers le petit écran pourrait vous intéresser ?

F.B. : Le problème, c’est toujours le temps, mais oui, j’adorerais. Surtout maintenant que les séries commencent à détrôner le cinéma. Je parle de séries comme celles réalisées par Canal + type Bureau des Légendes. Cela serait passionnant. Dans un film, on va toujours à l’essentiel. Dans une série, on peut étirer une scène, on va au bout du bout du bout… Lorsque c’est bien fait, c’est un vrai bonheur. J’ai découvert assez tardivement les séries, j’en étais resté à Dallas. Puis, un jour, mon fils m’a offert le coffret de 24h chrono et j’ai dévoré ça en tournée. Depuis, je suis devenu accro.

L.A. : Le choix du média est-il important pour vous ?

F.B. : J’essaie de faire un peu de tout. Le théâtre pour moi, c’est primordial, j’en fais tous les ans, c’est ce qui m’importe le plus. Après, cinéma, télé… L’important, c’est que ça me plaise. C’est toujours agréable de tourner avec de grands réalisateurs mais c’est plus épisodique. Là, j’ai eu une chance inouïe. J’ai tourné avec Éric Besnard en septembre, je fais aussi une apparition dans le prochain volet de la Vérité si je mens et je vais faire le dernier film de Cédric Klapisch. Maintenant, mon rêve, ça serait de tourner avec Olivier Nakache et Éric Toledano. Tous leurs films sont intéressants. Toutes leurs comédies sont à la fois populaires et intelligentes. Quand je vois Le Sens de la fête, je me dis que j’adorerais faire ça.

Propos recueillis par Andy Calascione