LE FESTIVAL DE CANNES COMME SI VOUS Y ÉTIEZ… Mardi 23 mai 2023

Wes Anderson face à Marco Bellocchio

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Par Pascal Gaymard et Marie Bourdel – Photos Dominique Maurel

Après THE IDOL vu hier en soirée, le divertissement était de règle en ce mardi. ASTEROID CITY de Wes Anderson a amené son univers loufoque en plein cœur du désert où seul un trou de météorite semble être l’unique raison de venir se perdre dans ce bout du monde. Comme à son habitude, tout ce qu’Hollywood compte comme comédiens se sont donnés rendez-vous autour de ce casting. Wes Anderson, comme pour THE FRENCH DISPATCH a conçu son film sous forme de tableau lui permettant de multiplier les combinaisons d’acteurs et d’actrices. A-t-il encore quelque chose a prouvé après THE GRAND BUDAPEST HOTEL, FANTASTIC MR FOX ou encore A BORD DU DARJEELING LIMITED… Alors, c’est sûr, il passe le vomi du CLUB ZÉRO qui a fait sensation sur la Croisette, le très dérangeant THE ZONE OF INTEREST quand le paradis terrestre jouxte l’horreur la plus extrême du camp de la mort d’Auschwitz, ou encore les deux très beaux films historiques FIREBRAND (LE JEU DE LA REINE) et RAPITO d’Aïnouz et de Bellocchio pour le second. ASTEROID CITY peut paraître un peu trop léger mais quelle maestria dans la réalisation, quelles idées scénaristiques, et quels comédiens ! Justement, RAPITO de Marco Bellocchio prouve bien que le réalisateur Italien a désormais atteint sa pleine maturité. VINCERE, LE TRAITRE et maintenant RAPITO ! Que des chefs d’œuvre. Ici, il revient sur l’un des épisodes noirs de l’histoire de l’église de Rome avec l’enlèvement d’enfants Juifs pour en faire de bons chrétiens fanatisés… Tout est pensé, réfléchi, calculé dans ce film à costumes, brillant et sans concession. Parviendra-t-il à trouver une ouverture dans le palmarès de ce 76e Festival ? Rien n’est moins sûr… LE TRAITRE était revenu bredouille en son temps… Une injustice criante !

A Un Certain Regard, ce sont encore les Indiens d’Amazonie qui essaient de sauver leurs terres, leur culture, et leur mode de vie dans LA FLEUR DE BURITI d’Ida Patpro. La réalisatrice revient sur trois époques de son peuple, les Krahôs… Sachant qu’ils ne sont plus que 2000 aujourd’hui, on prend mieux conscience du génocide qu’a connu cette ethnie. Dans la même sélection officielle, deux Iraniens, Ali Asgari et Alirea Khatami (qui se sont connus en Résidence de la CinéFondation de Cannes) dans TERRESTRIAL VERSES dynamite les institutions de leur pays où l’absurde n’est jamais loin de la censure… Ces discussions où les représentants de l’Etat rivalisent d’un zèle ubuesque n’est que le fruit des expériences que les deux réalisateurs ont subi. Enfin, il fallait jouer des coudes pour entrer à la salle Debussy voir en chair et en os, Takeshi Kitano venu présenter à Cannes 1ère (quelle hérésie !), son dernier film, KUBI sur l’époque des Samouraïs au 16e siècle. Si le spectateur peut se perdre aisément entre les différents clans et leurs chefs respectifs, il n’en demeure pas moins que la force des confrontations, la perversité des intrigues, et la malice de l’ensemble pourrait rallier un nombreux public. Encore une belle journée sur en dehors des salles…

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