Le Festival comme si vous y étiez… épisode 6

0

Choix cornélien pour la première séance de 8h30, le Jafar Panahi, Trois Visages en Compétition au Grand Auditorium Lumière ou le Gaspar Noé, CLIMAX, à la Quinzaine des Réalisateurs au Palais Croisette ? Après moult réflexions, nous avons opté pour l’ami Gaspard sachant que selon les dires de son ami, Jan Kounen, nous allions vivre une véritable expérience cinématographique. Et nous n’avons pas été déçus… Cela débute comme un casting de Danse avec les Stars et se poursuit sur un trip Nuit des morts vivants… La mise en scène est virevoltante, les images sursaturées de rouge, les corps débridés, les comédiens déchaînés, ‘action se situe entre crises d’hystérie et tentations gores. Soit le spectateur sort au bout de quelques minutes, soit il accepte de voir des choses qu’il a peu d’occasions d’appréhender et il reste… Gaspard Noé est inclassable et c’est bien pour ça qu’on l’aime.

Après cet écart, il fallait tout de même récupérer le Jafar Panahi dont nous avions fait notre favori avant que le festival ne commence. Trois Visages ne déçoit pas. Sur une histoire dramatique, le suicide d’une jeune fille, le réalisateur se transforme en chauffeur dans son propre rôle et emmène son actrice célèbre sur les traces de la gamine sacrifiée. Cela permet de dresser un constat sans complaisance d’un Iran tiraillé par un extrémisme religieux du Moyen-âge et la tentation de la jeunesse de s’émanciper des règles rétrogrades de leurs parents. La mise en scène virtuose de Jafar Panahi lorgne ouvertement du côté de son maître, Abbas Kiarostami et permet de confronter les points de vue des deux protagonistes avec une rare efficacité. Les assignés à résidence sont les favoris de cette 71e édition, que ce soit le Russe, Kirill Serebrennikov ou donc Jafar Panahi. Mais pourquoi donc une vidéo conférence avec le réalisateur n’a-t-elle pas été possible comme cela l’a été pour Godard ?

Toujours en Compétition, l’Italie présentait un autre film d’Alice Rohrwacher (Les Merveilles), Heureux comme Lazzaro, qui pourrait lui valoir encore une présence au palmarès pour son interprète principal, Adriano Tardiolo. Il est une espèce de Saint, d’homme bon, de gentil dont tout le monde profite, dans un environnement de serfs modernes. Son film est bien plus abouti, plus maîtrisé, plus intéressant que son précédent, Les Merveilles. En cette journée dominicale à mi-Festival, c’était du côté du Miramar et de la Semaine de la Critique qu’il fallait lorgner. Il y avait Chris the Swiss, un film qui revient sur la guerre en ex-Yougoslavie et son cortège d’exactions d’un côté comme de l’autre. Entre images animées et fiction réelle quasi documentaire, la réalisatrice, Anja Kofmel livre une œuvre précieuse, instructive, pédagogique de ce conflit au cœur de l’Europe. Mais il y avait aussi un film Français très attendu, Nos Batailles de Guillaume Senez avec Romain Duris, Laetitia Dosch et Laure Calamy… sur un père qui se retrouve seul après le départ de sa femme et qui doit tout gérer, sa carrière professionnelle, l’éducation de ses enfants, les tâches quotidiennes…Un film fort, engagé, et juste sur l’état de notre monde actuel en entreprise et dans la société.

Enfin, c’est en séance Hors Compétition qu’il fallait finir la soirée avec Le Grand Bain de Gilles Lellouche avec sa bande copains, Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde, Jean-Hugues Anglade, Philippe Katerine, Félix Moati, Virginie Efira, Leila Bekhti, Mélanie Doutey… Cette équipe de danse acrobatique masculine a apporté un vent de bonheur et de rires dans un Palais assez austère sur ses sujets.