ABUS SEXUEL : L’émouvante confession de Judith Godrèche

Sur les antennes de France Inter, la comédienne, Judith Godrèche a livré une étonnante et terrible confession sur ses années passées à 14 ans avec le réalisateur, Benoît Jacquot.

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Judith Godrèche

Dans son ton, son attitude, ses mots, il n’y a rien de revanchard, simplement le constat glaçant d’une relation terrible avec un pervers narcissique qui sait si bien manipuler une très jeune fille.

Le déclic : le doc du violeur, Gérard Miller avec Benoît Jacquot…

Pour arriver à témoigner, il a fallu du courage mais aussi un long processus qui manifestement n’est toujours pas terminé. A 21 ans, elle avait écrit un livre, « Point de côté » mais elle le dit elle-même, « cela a été un échec » car personne ne l’a prise au sérieux. Puis, il y a eu le livre, « Le Consentement » de Vanessa Springora qu’elle n’a pas pu lire jusqu’au bout. Cette demande de témoignage dans l’affaire Harvey Weinstein pour raconter sa tentative de viol qu’elle n’a pas pu honorer. Et enfin, le coup de grâce, un documentaire signé du psychanalyste, Gérard Miller, accusé aujourd’hui de 50 viols. Dans ce film, il interroge son ami Benoît Jacquot qui lui répond cette terrible phrase : « Le cinéma est merveilleux car il légitimise le trafic illicite de jeunes filles ». Après ça, impossible pour Judith Godrèche de ne pas répondre.

Enfermée, rationnée, battue…

Pour bien comprendre son parcours, elle livre toutes les étapes de cette emprise violente, cette prise de contrôle, cet enfermement qu’elle a vécu dès ses 14 ans. Une mère qui a quitté le domicile conjugal, un père fragilisé, « tout me prédisposait à une telle relation ». Et puis, il y a la « technique »… « Il avait couché avec toutes les actrices que j’admirais, Ava Gardner, Isabelle Adjani, Brooke Shields, Anna Karina… Il connaissait tous mes auteurs préférés. J’aimais un peintre, Fassianos, c’était l’un de ses amis… ». Puis, il achète un appartement avec les cachets de sa « muse » qui va devenir une prison. « Très vite, les coups de ceinture sont arrivés dès que je me révoltais et que je voulais sortir. La nourriture était rationnée… Il fallait manger debout, des carottes râpées, un avocat ou un œuf à la coque… Lors de nos rares sorties en ville chez ses amis, il m’humiliait devant eux, citant Serge Toubiana, Isabelle de la Patellière, Philippe Carcassonne, le producteur de « La Désenchantée ».

L’épisode Jacques Doillon…

Jamais elle n’a eu un désir, un élan envers celui qui en avait fait sa chose. « Son corps me dégoûtait, je n’ai jamais eu envie de lui, je ne l’ai jamais trouvé beau… C’était une autorité paternelle… ». La peur aussi s’installe car il lui raconte qu’il a tué quelqu’un, qu’il a révolver caché dans l’entrée… « Pour résister à ça, il aurait fallu une armée d’adultes… Et puis, il y a eu l’épisode Jacques Doillon qui l’a choisie pour jouer dans « Une Fille de 15 ans » en utilisant ses propres écrits de son journal. « J’avais eu une entrevue dans le bureau de Jacques Doillon avant le film, ça personne ne le savais… Sur le tournage, il a viré l’acteur principal et l’a remplacé… Il a rajouté une scène de sexe où je devais enlever mon pull, puis, il me tripotait les seins avant de m’embrasser. Il a fait refaire 45 fois la prise alors que Jane Birkin était derrière le combo, très gênée… ». Et Jacquot ? « Il était flattée d’avoir quelque chose que d’autres désiraient… comme Doillon ». Miller, Jacquot, Doillon, autant de pervers narcissique qui ont fait « des trafics illicites de jeunes filles ».

Pascal Gaymard

Exergue : « Le cinéma est merveilleux car il légitimise le trafic illicite de jeunes filles », Benoît Jacquot

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