THÈSE – La singularité fantôme : le phénomène spirite

Le spiritisme est une science qui a pour objet la démonstration expérimentale de l'existence de l'âme et de son immortalité, au moyen de communications avec ceux qu'on a improprement appelés les morts.

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Je ne dis pas que cela est possible,
je dis cela est.

WILLIAM CROOKES

AU début du XXe siècle, des hommes de science de la plus haute valeur ont consacré de longues années d’études à constater les faits qui sont à la base de cette science, et ils ont été unanimes à affirmer l’authenticité certaine de ces phénomènes, qui semblaient les fruits de la superstition et du fanatisme. On ne connaît pas ces recherches en France, ou on les connaît mal, de sorte que le spiritisme reste toujours, aux yeux du grand public, la farce des tables tournantes.

HISTOIRE DU SPIRITISME

Les croyances à l’immortalité de l’âme et aux communications possibles entre les vivants et les morts, étaient générales parmi les peuples de l’antiquité. De temps immémorial, les prêtres, initiés aux mystères, façonnent des individus nommés Fakirs à l’évocation des Esprits et à l’obtention des phénomènes les plus remarquables du magnétisme. En Grèce par exemple, la croyance aux évocations était générale. Les temples possédaient tous des femmes nommées pythonisses, chargées de rendre des oracles en évoquant les dieux. Chez les Romains, les pratiques d’évocation étaient excessivement répandues, et, depuis la fondation de l’empire, le peuple ajoutait la plus grande foi aux oracles.

Les premières expériences de spiritisme furent dévoilées en Amérique. L’annonce des phénomènes mystérieux qui se produisaient en Amérique suscita en France une curiosité des plus vives, et bientôt la vogue des tables tournantes atteignit un degré extraordinaire. Dans les salons, la mode était d’interroger les guéridons pour les questions les plus futiles. C’était un passe-temps d’un goût nouveau et qui fit fureur. Pendant les années 1851 et 1852, chacun ne vit dans ces pratiques qu’un agréable divertissement ; on ne prenait pas le phénomène au sérieux, et l’on ne tarda pas à délaisser les tables tournantes, qui n’avaient eu que l’attrait de la nouveauté et de l’étrangeté des procédés.

L’étude des tables tournantes a été reprise en 1857 lorsque parut le « Livre des Esprits » par Allan Kardec. Cette publication alluma la guerre; le public apprit avec étonnement que ce qu’il avait considéré jusque-là comme une distraction, renfermait les plus profondes déductions philosophiques. Du mouvement des tables tournantes, l’auteur en déduisait la preuve de l’immortalité de l’être pensant, et que l’on pouvait se trouver en face d’une nouvelle théorie sur l’avenir de l’âme après la mort.

Mais de pareilles affirmations ne pouvaient être acceptées sans contestations et de toutes parts, s’éleva un tollé contre le malencontreux auteur. Cependant, des adeptes continuèrent les travaux. On peut compter, parmi les partisans de cette théorie, le comte Agénor de Gasparin qui fit de minutieuses recherches sur ce sujet, et publia un volume sous le titre : Des Tables tournantes, du surnaturel en général et des Esprits. Cette interprétation fut adoptée par un certain nombre d’écrivains, tels que M. Chevillard, et le professeur Thury, de Genève, donnant pour cause au phénomène un agent spécial qu’il nomme psychode, fluide qui traverse les nerfs et toutes les substances organiques et inorganiques, de la même manière que l’éther lumineux des savants.

Toutefois, le parti des scientifiques peu convaincus réfutèrent ces théories jugées scabreuses : l’Académie de médecine découvrit la façon dont les coups étaient produits dans les tables : cela était dû à un certain muscle craqueur de la jambe qui, de temps à autre, se livrait à des facéties que les bons spirites prenaient pour des manifestations d’Esprits…

Toutes ces recherches, toutes cos controverses, amenèrent le plus grand nombre de ceux qui s’en occupèrent à conclure que, dans les mouvements des tables, il pouvait y avoir autre chose qu’une pure action physique. L’historien Eugène Bonnemôre après une séance de spiritisme a écrit : « J’ai ri comme tout le monde du spiritisme, mais ce que je prenais pour le rire de Voltaire n’était que le rire de l’idiot, beaucoup plus commun que le premier ».

DES EXPÉRIENCES AUSSI ANCIENNES QU’ÉDIFIANTES

Cependant le temps a fait son œuvre, et cette doctrine présente aujourd’hui une série d’expériences rigoureuses méthodiquement conduites, prouvant que le moi humain ou la conscience survit à la désagrégation corporelle. Le mouvement spirite compte des millions d’adhérents dans le monde entier, et si ce mouvement n’a pas pris la première place, c’est que ses adeptes ont trop négligé, jusqu’alors, de mettre sous les yeux du public des faits bien constatés par eux.

Le mouvement s’est ralenti par un matérialisme partout triomphant avec un règne de longue durée. Malgré tout, des témoignages jaillissent de grands hommes, de sommités intellectuelles dans le vaste domaine des sciences, tels Robert Hare, Grookes, Wallace, Oxon, Zoellner, Aksakof, et même…. Victor Hugo !

Le mouvement actuel est plus florissant que jamais. A l’instar de la Société de recherches psychiques de Londres, il s’est formé à Paris une Société de psychologie physiologique, dont le but est d’étudier les phénomènes télépathiques, c’est-à-dire d’apparitions. Il existe des associations de spiritisme dans de nombreuses communes, partout en France. Les Alpes-Maritimes en sont dotées également, telles l’association Gabriel Delanne à Roquebrune-Cap-Martin, le Centre d’études spirites Allan Kardec à Nice…

La science actuelle, rebelle à toutes les nouveautés, renfermée dans ses convictions acquises, croit orgueilleusement avoir touché les bornes du savoir humain. Ce sont ces espèces, comme aurait pu dire Wallace, qui firent de l’opposition à Galilée, qui repoussèrent les preuves merveilleuses de la théorie des ondulations lumineuses de Young ou de nombreuses théories de la physique quantique.

Le spiritisme n’est certes pas une religion : il n’a ni dogme ni rituel. C’est une science d’expérimentation de laquelle découlent des conséquences morales et philosophiques dont l’importance est considérable. Allan Kardec s’était livré patiemment à ce travail d’étude, et ses œuvres renferment les données les plus complètes que nous ayons sur le monde de l’au-delà.

Si réellement l’âme ne meurt pas et qu’elle peut agir sur la matière, nous nous trouvons en présence de forces inconnues qu’il serait intéressant d’étudier sans anathèmes, dans les ouvrages d’Allan Kardec et tant d’autres personnages illustres. Les histoires sont relatées de manière édifiante et les recherches sont menées puis analysées finement, parfois avec une technologie de pointe. Le spiritisme est une science progressive : il est le produit d’une observation, il se base sur la révélation des esprits et sur l’analyse minutieuse des faits.

Allan Kardec parle de lois éternelles qu’il ne faut bafouer, de vies successives difficiles à admettre pour nos égos. L’égoïsme serait entièrement détruit par le spiritisme. Sa doctrine proclame que nul ne peut être heureux, s’il n’a aimé ses frères et s’il ne les a aidés à progresser moralement et intellectuellement. C’est par l’aide mutuelle que nous pouvons acquérir les vertus nécessaires à notre avancement spirituel.

Et nous finirons par une citation de Victor Hugo : « Éviter le phénomène spirite, lui faire banqueroute de l’attention à laquelle il a droit, c’est faire banqueroute à la vérité« .

Véronique LA ROSA

Sources : GALLICA.BNF.FR/Bibliothèque Nationale de FranceLe phénomène spirite : témoignage des savants, étude historique, exposition méthodique de tous les phénomènes.

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