LITTÉRATURE – LES MAISONS HANTÉES : Des phénomènes surnaturels

Camille Flammarion (1842-1925) est un astronome français, connu du grand public pour sa volonté de vulgarisation de l'astronomie, de l'atmosphère terrestre et du climat. Scientifique de renom, il se passionne aussi pour les sciences occultes, rencontre Allan Kardec, se lie avec Papus et Victor Hugo, organise de nombreuses réunions spirites… Il laisse derrière lui des œuvres scientifiques et spirites importantes.

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Frère de Ernest Flammarion, les célèbres Éditions Flammarion et Flammarion Jeunesse, Camille affirme qu’il n’y a dans ces phénomènes surnaturels aucun mystère mais uniquement de l’ignorance. Il s’efforce, en les étudiant à la lumière de la méthode scientifique, d’ouvrir un chemin vers un nouveau champ d’étude que la science, à son avis, ne pouvait éviter. C’est le livre fondateur sur les phénomènes étranges (Édition Hugo Poche 2022), après la publication du troisième volume de sa trilogie métapsychique La Mort et son mystère, consacré aux manifestations après la mort. Un classique de la littérature paranormale sur la survivance de l’âme avec de nombreux récits et un style d’une actualité étonnante pour un ouvrage très avancé sur le thème des hantises !

De nombreux témoignages sidérants

Nous avons tous entendu parler de fantômes, d’esprits frappeurs et de maisons hantées. Le plus souvent, il s’agit de plaisanteries d’un goût douteux ou de supercheries aisément décelables. Pourtant, parfois, un cas réellement inexplicable se présente. Sur les rêves prémonitoires ou les phénomènes de télépathies, « les choses se passent comme si dans l’organisme humain, il y avait un être psychique, spirituel, doué de facultés de perception encore inconnues » que la Foi ne peut expliquer. Manifestations certes inexplicables, mais elles sont d’observation. Des milliers de lettres en témoignent sans qu’un lien ne les unissent, avec 5600 observations psychiques variées en France, Angleterre, Italie, Allemagne ou en d’autres pays, au total dix ou onze mille témoignages au moins, que recensent scrupuleusement Camille Flammarion : Un marin de Brest rêve que son fils meurt du Croup sur un édredon rouge ; son frère se moque de lui et parle de cauchemar. Le lendemain, il reçoit une lettre annonçant la mort de son enfant du Croup sur un édredon rouge, la nuit du même rêve ! Un adolescent parisien qui voit en rêve une scène d’un chien maltraité par huit gamins, revit la scène le lendemain matin à son réveil, alors qu’il traversait la rue pour aller au collège, et ce dans les moindres détails. Un ouvrier de la manufacture de Glasgow décédé depuis peu « apparait » devant son supérieur hiérarchique avec un aspect « cadavérique » en affirmant qu’il ne s’était pas suicidé comme l’enquête l’avait démontré, mais dévoile les véritables circonstances de sa mort [un empoisonnement en l’occurrence]. Une contre-expertise révéla plus tard que l’ouvrier avait avalé une bouteille de whiskey étiquetée et empoisonnée « d’eau forte » … Le grand savant Camille Flammarion a réuni dans ce volume des phénomènes de hantise rigoureusement certains et les étudie scientifiquement. Nous sommes ainsi entraînés dans un voyage fantastique au cœur de l’univers invisible mais réel qui nous entoure. Camille Flammarion prouve de façon irréfutable que les manifestations de la vie ne cessent pas avec la mort et qu’il y a au-delà une certaine forme d’existence.

D’où vient son penchant pour les maisons hantées ?

Le petit Camille est « l’enfant des étoiles ». Reconnu enfant prodige et précoce qu’on rangerait aujourd’hui parmi les « Hauts Potentiels » – À 4 ans il sait lire et écrire – il se passionne pour les choses de la Nature et rédige plus de 1000 pages sur la Cosmogonie Universelle ! Son premier livre à l’âge de 20 ans (La Pluralité des mondes habités) connut un vif succès mais provoqua aussi un vif scandale – comment pouvait-on en effet envisager un monde extraterrestre lorsque l’on est un astronome sérieux et digne de ce nom ? Camille s’interroge sur la notion du sens de ce qu’est la vie, sous toutes ses formes primitives. Plus de 60 livres seront publiés tout au long de sa vie participant ainsi à la vulgarisation scientifique. Son violon d’Ingres, : l’observation du ciel, du soleil, des astres. Il cherche des explications à tout. Il cartographie la Terre et l’espace. Homme sensible à la beauté, il cultive la sagesse et la science, attiré par les mystères de la vie et de l’univers. Il découvre le Livre des Esprits et Le Livre des Médiums d’Allan Kardec, le père du spiritisme. Il découvre une science « dont nous connaissons à peine l’abc ». Par quel lien l’âme est-elle attachée à l’organisme ? Sous quelle forme ? Le sujet des fantômes fait souvent rire car ce sujet prête à de nombreuses supercheries. Mais les témoignages humains sont vérifiés, contrôlés et croisés, Camille Flammarion parle de « fluide vital », le cinquième élément de l’Antiquité appelé « éther » soit l’élément psychique. Sa force « dynamogène » se matérialisant physiquement : c’est la force de l’esprit sur la matière. L’important, pour le progrès des idées, est de ne pas se laisser enfermer, et de ne pas se refuser par aveuglement classique, à l’évidence des faits. Les êtres humains de tout degré intellectuel, qui pensent encore que les phénomènes métapsychiques ne sont pas admissibles, peuvent se souvenir que toutes les découvertes ont commencé par être niées. Pourtant le monde est plus vaste, plus immense que le monde physique, « l’inconnu d’hier est [sera] la vérité de demain » ! Dix ans après sa mort, en 1935, l’Union astronomique internationale donne son nom à un cratère sur la planète Mars. Camille, enfant des étoiles, sera pour toujours « Interstellar » !

Étude scientifique des phénomènes étranges divers

Dans ce bouquin, l’auteur expose différents cas de maisons hantées et les étudie scientifiquement. Avant de chercher une cause chez les fantômes, il cherche la cause chez les vivants. En effet, dans certains cas, pour lui les manifestations de bruits dans la maison proviennent certainement de transmissions télépathiques ou subconscientes. Malgré tout, certains cas ne peuvent apparemment pas trouver leur explications dans le monde des vivants… Les maisons hantées se caractérisent par ce genre de manifestations : Coups, bruits de pas, appels, clés jouant dans les serrures, grattements, fenêtres et portes qui s’ouvrent et se ferment sans raison apparentes, cailloux ou pierre tombant du ciel, provoquant des dégâts mais ne blessant pas les habitants des maisons, meubles changeant de place tout seuls, horloges qui s’arrêtent au moment du trépas, portraits qui chutent à l’heure du décès de la personne qui y est représentée, nous pouvons nous demander comment l’âme au moment de la mort, peut produire des accidents physiques de ce genre… Plusieurs théories sont avancées pour essayer d’expliquer ces phénomènes comme des mauvais plaisantins ou des provocations inconscientes. Rappelons que les phénomènes de hantise ont été relatés dès l’Antiquité par Pline le Jeune. Flammarion évoque le cas d’une maison hantée en Auvergne en 1914, où la maison était bâtie sur les restes d’un château féodal. La cloche sonnait toute seule, un grand feu s’allumait tout seul dans la cheminée, les tableaux tombaient, les objets étaient déplacés, les meubles se déplaçaient tout seuls. Flammarion évoque aussi le cas de pendules s’étant arrêtées à la mort de leurs propriétaires ou de leurs proches. Est-ce une coïncidence ? C. Flammarion se demande si l’arrêt d’un appareil qui mesure le temps ne correspondrait pas à l’arrêt de la vie et n’aurait pas une signification… Et que dire d’une jeune fille dansant une valse avec un fiancé qu’elle adore, qui voit tout d’un coup sa mère morte entrer dans le salon et s’écrier que sa mère meurt au même instant à 1000 kilomètres de là !

Les preuves expérimentales de la survivance

Flammarion et Camille Saint-Saens n’étaient pas d’accord. Saint-Saens était en faveur des facultés cérébrales contre la théorie de l’âme personnelle. Le compositeur estimait que les faits exposés dans le livre « L’Inconnu » de Flammarion ne conduisaient pas à admettre l’existence de l’âme. Pour Saint-Saens, les apparitions d’esprit n’étaient qu’un acte cérébral mais Flammarion voulait y voir un acte psychique, les témoignages paranormaux qu’il a recueillis prouvent que l’esprit voit à distance. Ce n’est ni l’œil, ni la rétine, ni le nerf optique, ni le cerveau. Pour lui, la vue à distance, notamment en somnambulisme et en rêve, est démontrée par un nombre si considérable d’observations qu’elle est incontestable. Il affirme aussi que le cerveau est capable, avec toutes les sécrétions imaginables, de voir ainsi tous les détails d’un fait qui n’est pas encore arrivé. Il estime que les choses se passent comme si, dans l’organisme humain, il y avait un être psychique, spirituel, doué de facultés de perception encore inconnues et sans lien avec la fonction matérielle d’un organe. Nous n’étions pas à l’ère quantique mais aux Sciences Occultes qui voisinaient avec l’astrologie, l’alchimie et la chiromancie. Certains sceptiques expliquent les phénomènes d’apparitions par la télépathie entre vivants en pensant à la personne défunte mais Flammarion récuse cette explication : les phénomènes sont attribués à des facultés de l’être vivant, encore inconnues de la science. Si Flammarion croit aux récits qu’il a reçus, c’est qu’il pense que la classe des farceurs est assez rare dans les relations de morts d’un parent. Ce sont là des deuils dont, en général, on ne rit pas à gorge déployée. L’avenir est perceptible comme le passé. L’espace et le temps n’existent pas tels que nos conceptions de mesures nous les présentent. C’est l’infini. C’est l’éternité. LA matière n’est pas non plus ce qu’elle nous paraît être. Physique quantique, le précurseur ?

La lecture de la moitié du livre nous glace déjà le sang, les témoignages sont perçants de détails ressemblant à des faits poignants d’une redoutable précision. C’est la volonté d’une explication rationnelle qui rassemble ces témoignages… et puis, l’évidence. Rien ne peut s’expliquer vraiment. Les témoignages sont trop précis pour que l’on puisse les nier. Il y a dans la nature, dans la direction de la vie terrestre, dans les manifestations de l’instinct chez les végétaux et les animaux, dans l’humanité, l’univers cosmique, un élément psychique qui se révèle de mieux en mieux à travers les études contemporaines, « outre les quatre éléments, explique-t-il, l’air, l’eau, la terre et le feu, les Anciens admettaient un cinquième d’ordre immatériel, qu’ils nommaient animus, âme du Monde ou entéléchie », le mouvement éternel et continu (Aristote, Virgile – L’Enéide, livre IV) qui contient en lui des intelligences invisibles et inconnues, parfois révélées à certains d’entre nous par des forces pesantes qui dépassent l’élément matériel. Et de finir par la conclusion du Dr Castel sur le magnétisme animal : « Ne rien nier a priori, ne rien affirmer sans preuves »… Camille Flammarion était un esprit brillant et d’une curiosité sans limite. Il est un bel exemple que tous les vrais scientifiques devraient suivre. Je n’en dis pas davantage. Bonne lecture !

                                                                                                   Véronique LA ROSA

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