Comme l’a rappelé le maire, Jean Leonetti, « ce prix récompense un auteur pour l’immensité de son œuvre et pour son intérêt pour la Méditerranée ».
« Je suis un non croyant mais pas un athée »…
Le président du Jury, Didier Van Cauwelaert, a fait l’éloge de l’auteur consacré. Il sa salué l’œuvre d’Erri DE LUCA « pour son sens littéraire et son humanité, un Napolitain qui vibre avec la langue française avec une âme italienne ». Il s’est interrogé sur d’où vient une vocation d’écrivain ? Sans doute parce que l’auteur, enfant, était logé dans la bibliothèque de son père. Il a écrit qu’il était « l’hôte des livres de son père ». Et Didier Van Cauwelaert de citer un autre extrait d’Erri DE LUCA : « Il faut savoir arracher des moments de bonheurs à la vie ». Ouvrier terrassier à 15 ans, épris des saintes écritures de la Bible sans être croyant, il assure : « A force d’insister, Dieu se retrouve obliger d’exister ». Mais lui, il n’y croit pas… sans être athée pour autant. « Un athée exclut la divinité de sa vie et de celle des autres, un non-croyant exclut la divinité de sa vie mais pas de celle des autres ». L’auteur souligne que lorsqu’il écrit, il chuchote ses mots à voix haute pour que son père disparu, qui est toujours derrière lui, puisse entendre, lui qui était aveugle ». Et de conclure, pour cet épris d’alpinisme, « vous êtes un athlète de la pensée, vous qui savait que la vie a besoin d’effort pour être partagée ».
« Écrire pour empêcher la mort d’avoir le dernier mot »…
A son tour, Erri DE LUCA s’est exprimé : « Je me définis plus comme un lecteur que comme un écrivain ». Il estime avoir bénéficier « de l’immensité de la lecture qui nous ouvre toutes les possibilités ». Pour lui, la Bible, « c’est une relation entre une divinité qui s’adresse à des écouteurs… Le mot devient une force créatrice. Pour lui, joseph (celui qui ajoute) croit à la grossesse de sa femme, Marie, car il l’aime. La vérité est souvent invraisemblable. Joseph est jeune et amoureux. La Bible est mal traduite… ». Erri DE LUCA pense que la fête de Noël est celle de la Mère, pas celle du Fils. Alors qu’il a quitté Naples à 18 ans, il se dit toujours profondément Napolitain : « Je m’insulte en Napolitain ! C’est mon lien avec la mer Méditerranée, avec cette ville sous un volcan. Le caractère sacré de cette ville, elle le puise dans son sous-sol volcanique ». Et d’ajouter : « J’ai déserté Naples mais j’écris comme je l’ai connu. C’est pour ça que je ne peux y revenir, je ne la reconnaîtrai pas. Je la réhabilite dans moi-même avec les personnes qui sont toujours dans mes pensées et donc dans mes récits ». Et de conclure : « J’écris pour empêcher la mort d’avoir le dernier mot ».
Pascal Gaymard