Le Festival comme si vous y étiez…épisode 1

par Pascal Gaymard et Véronique Rosa

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Crédit : Dominique Maurel.

J – 1 : Lundi 7 Mai 2018

C’est une tradition qui honore son auteur. Chaque année, le délégué général du Festival de cannes, Thierry Frémaux, va à la rencontre des cinéphiles au Théâtre de la Licorne. Une occasion unique pour lui de parler aux amoureux du cinéma, aux « pauvres » de Cannes, certains parlent même « d’invisibles », ou de « prolétaires », bref, à ceux qui n’ont droit quasiment à rien hormis de voir dans les 4 salles de l’association Cannes Cinéma (Théâtre Licorne, Théâtre Alexandre III, Le Studio de la MJC Picaud, et la salle Raimu de la MJC Cannes Ranguin) tous les films ou presque de toutes les sélections soit pour sa directrice, Aurélie Ferrier, plus de 200 projections à organiser avec tous les aléas que cela comporte en termes de copie, de personnels, d’accueil des presque 5000 accrédités Cannes Cinéma… Et Thierry Frémaux ne fait pas que acte de présence, il se livre, dit ses colères, livre quelques confidences, dévoile quelques secrets. Chaque année, il y a son lot d’émotions dans cette rencontre ô combien importante pour ceux qui 365 jours par an vont au cinéma… Rien que pour ça, tout lui est pardonné d’avance. Car il y a des questions qui fâchent… comme pourquoi telle filmographie de tels pays ou continents ne sont pas présentes cette année ? Mais l’humour est toujours présent quand il assure par exemple que le Festival de Cannes se mérite et qu’il faut souffrir un peu pour en garder un souvenir inoubliable car « le Festival appartient à nous tous »… (Retrouver sur notre site le détail de cette rencontre avec Thierry Frémaux).

 

Jour J : Mardi 8 Mai 2018

C’est l’ouverture ! Voilà, nous y sommes… Mais les changements ne sont pas passés inaperçus… Dire que les journalistes sont remontés par le changement de chronologie des séances les empêchant de découvrir les films avant les autres n’est que peu dire… Ca cause beaucoup en salles de presse, dans les couloirs, dans les files d’attente… Certains appellent même à la révolte et au boycott de certains événements, d’autres estiment que c’est une vraie chance avec davantage de séances pour adapter son programme… A la fin du Festival, chacun fera ses comptes. C’est qu’à Cannes, présenter un film n’est pas de tout repos et que l’exercice peut s’avérer parfois bien périlleux… Mais c’est le « jeu cannois ». Et tout le monde s’y prête puisque cette année encore, Thierry Frémaux et ses équipes ont vu plus de 1900 films… Alors ce matin de ce 8 mai, pas de séance d’Everybody Knows du réalisateur Iranien, Asghar Fahradi avec Pénélope Cruz et Javier Bardem, peut-être la plus belle montée des Marches de la quinzaine de cinéma. A côté, à Debussy, la presse est logée à la même enseigne que ceux qui gravissent le tapis rouge sans faire de selfies… Sinon, parlons un peu cinéma, après tout, nous sommes là pour ça… Asghar Fahradi livre une œuvre somme toute classique et peu « iranienne ». Son histoire familiale sur fond d’enlèvement manque de profondeur, de substance, d’émotion… Et même si les acteurs jouent merveilleusement, on passe à côté du sujet avec une distance qui dessert l’histoire. De cette ouverture, on préférera retenir le dos ouvrant de la robe noire dentelée de la présidente, Cate Blanchett, accompagnée de son chevalier servant, Robert Guediguian, qui n’a pas hésité à citer Mao en conférence de presse, des yeux de velours de Kristen Stewart pour Cate Blanchett en photo call, de l’excellent numéro d’équilibriste d’Edouard Baer en maître de cérémonie maniant humour corrosif, et extraits de films de Pierrot le Fou de Godard en présence d’Anna Karina ou encore de ceux joués par Cate Blanchett qui a ouvert cette 71e édition aux côtés de Martin Scorsese, honoré d’un Carrosse d’Or à la Quinzaine des Réalisateurs… Tout un symbole.