Le Festival comme si vous y étiez… épisode 5

par Pascal Gaymard et Véronique Rosa Photos Dominique Maurel

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Jour J + 4 : Samedi 12 Mai 2018

Le bruit du monde n’est pas étranger au cinéma et au Festival de Cannes. Si l’excellent Gongjak évoque la situation compliquée et trouble entre les deux Corée au travers de l’histoire d’un espion peu ordinaire, Black Vénus, Mon Tissu Préféré à Un Certain Regard, parle lui de la Syrie et des prémisses de la guerre civile par le biais des fantasmes d’une jeune fille.

Mais le film le plus attendu du jour était sans conteste, Les Filles du Soleil d’Eva Husson sur les combattantes Kurdes qui se sont battues comme des lionnes contre les terroristes de daesh. Golshifteh Farahani est plus que crédible en Bahar, chef de bande qui sait mieux que personne et que certains hommes, motiver ses troupes. Pour ces crétins d’intégristes musulmans de daesh, se faire tuer par une femme, c’était les portes du paradis d’Allah qui étaient à jamais fermées pour eux. Du coup, elles ont imposé une véritable terreur à leurs ennemis qui les avaient violées, torturées, et violentées pendant des mois. Pour avoir un regard occidental, Eva Husson lui adjoint une journaliste, grand reporter de guerre, Emmanuelle Bercot alias Mathilde. Si le film remplit son office, les considérations morales et sentimentales des protagonistes nuisent à l’efficacité de la démonstration. Le film se déplace alors sur des échanges verbaux là où l’action et méfaits des terroristes se suffisent à eux-mêmes et au pouvoir des images. Ce postulat de mise en scène très (trop ?) sirupeux est donc réducteur et trop bavards là où le silence s’impose la plupart du temps dans ces conflits barbares. Reste la force de témoignage d’une Golshifteh Farahani qui a dû fuir son pays, l’Iran, où sa liberté n’était pas du goût des mollahs, elle qui a toujours refusé de jouer au cinéma avec un voile. Elle est l’honneur de ces femmes, leur porte-drapeau, leur raison d’espérer. Un beau portrait de femme comme il y a eu tant depuis le début du Festival de Cannes.

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L’édition serait-elle dédiée au sexe « faible » ? Les Femmes auraient-elles pris le pouvoir au cinéma via le Festival de Cannes ? Tout cela ne devrait pas effrayer la présidente, Cate Blanchett, militante féministe de la première heure qui sur les Marches du tapis rouge s’est livrée à un virulent plaidoyer pour l’égalité entre femmes et hommes 50/50 en 2020. Il est vrai qu’elle n’était pas seule puisqu’entourée de 82 talents féminins pour 82 longs réalisés par des femmes cinéastes contre 1645 par des hommes. Cate Blanchett a lancé le mouvement de la montée des Marches des Filles du Soleil aux côtés de Kristen Stewart, Léa Seydoux, Kadhja Nin, Ana DuVernay et Agnès Varda. Le Festival se mobilise à sa façon suite au mouvement, Me Too, avec un communiqué au premier jour qui proposait un numéro spécial (04 92 99 80 09) pour signaler toute victime d’harcèlement ou d’agression physique ou morale. Ce dispositif est opérationnel jusqu’au 19 mai, jour de clôture de la manifestation.

Enfin, pour clôturer la journée, il fallait voir à Un Certain Regard, GIRL, le premier film du Belge, Lukas Dhont, sur Lara (Victor Polster extraordinaire !), une fille qui attend un traitement hormonal pour être vraiment une femme. En attendant, elle soumet son corps à une discipline inhumaine pour mériter son entrée dans une prestigieuse école de danse. Un candidat sérieux pour la Caméra d’Or qui récompense le meilleur 1er film présent dans toutes les sélections cannoises.