Le cinéaste, Milos Forman, nous a quitté

Cet emblématique réalisateur tchèque aura incarné l’âme du Printemps de Prague, violemment réprimé par les chars soviétiques en 1968.

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Dès les années 60, avec des films comme L’As de pique, Les Amours d’une blonde, ou Au feu les pompiers, Milos Forman symbolise la Nouvelle Vague du cinéma tchécoslovaque. Peu avant l’occupation de son pays par les Soviétiques suite au soulèvement de 1968, il a dû s’exiler aux Etats-Unis où il deviendra l’un des plus grands metteurs en scène du monde avec à la clé deux Oscars Meilleur Film/Meilleur Réalisateur pour Vol au-dessus d’un nid de coucou et Amadeus, ses deux chefs d’œuvre absolus. Les face à face entre l’infirmière Louis Flechter et le patient Jack Nicholson ou entre Tom Hulce/Mozart et F. Murray Abraham/Salieri resteront comme de grands moments de cinéma. Ami de Vaclav Havel, dramaturge et futur président de la République tchèque, Milos Forman est aussi le réalisateur de la comédie musicale cultissime, Hair, un hymne contre la guerre au Vietnam avec un chanson inoubliable, Let The Sunshine In. Mais c’est aussi Ragtime (1981), sur l’Amérique raciale, puis Valmont (1989) pour les Liaisons dangereuses, Larry Flynt (1996), sur le patron du magazine porno, The Hustler, qui lui vaut une nouvelle nomination aux Oscars. Il y a 12 ans, Son dernier film, Les fantômes de Goya avec Natalie Portman et Javier Bardem évoquait la vie du peintre espagnol sous l’Inquisition du XVIIIe siècle. Toujours ce souci chez cet éternel rebelle de dénoncer l’abject et l’oppresseur. Milos Forman est mort, un vendredi 13 avril (il n’y a pas de hasard…) à Hartford (Connecticut), des suites d’une maladie, comme l’a précisé son épouse Martina. Il avait 86 ans… et ses films sont désormais des légendes.

Pascal Gaymard