KARATE: Christophe Pinna : L’ultime défi ?

C’est le plus grand karatéka de tous les temps, Christophe Pinna est une légende dans le monde des arts martiaux. Et pourtant… Il a décidé de se lancer un ultime défi.

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Son palmarès est long comme le bras : 6 fois champion de France, 2 fois vainqueur de la Coupe de France, 2 fois vainqueur des Jeux méditerranéens, 6 fois champion d’Europe, 2 fois vainqueur de la Coupe du Monde, 4 fois champion du Monde, 1 fois champion du Monde toutes catégories en 2000 à Munich, lorsqu’il décide de prendre sa retraite sportive.

La frustration des JO

Vous l’aurez compris à cette lecture, il a un grand regret : les Jeux Olympiques (JO). Le Karaté n’est pas un sport éligible, ce qui est complètement incompréhensible. Pour soutenir l’entrée de sa discipline aux Jeux, Christophe Pinna combattra avec un kimono floqué avec les anneaux olympiques et un grand point d’interrogation. Et le miracle arrive en 2020 pour les JO de Tokyo…et le coronavirus en décide autrement. Depuis 2017, il s’entraînait dur pour revenir à son meilleur niveau et connaître enfin, les joies de l’olympisme. La malédiction est tenace d’autant qu’il n’est pas certain que le Karaté soit une discipline olympique en 2024…en France. À 52 ans, Christophe Pinna a tout gagné, entraîné trois équipes nationales, Grèce, États-Unis et France, donné des cours, des stages, des séminaires dans le monde entier. Pour les JO, il avait tout repris à zéro, gagnant les championnats départementaux, régionaux, inter-régionaux, jusqu’au Championnat de France qu’il perdra face au futur vainqueur, Lahad Cissé. Las, la Fédération, eu égard à son palmarès, aurait pu lui octroyer des moyens pour poursuivre son aventure. Rien… alors qu’il est un modèle pour bien des jeunes. Il en garde une certaine amertume, lui qui est reconnu comme une légende du Karaté dans le monde entier. Personne n’aura fait autant pour faire connaître cet art martial… Lors de ce retour, il avait effectué tous les tests physiques et médicaux possibles qui avaient laissé entendre qu’il était en meilleure condition que bien des jeunes.

Championnat du monde Pro en mars prochain

Alors, pour que tous ces efforts consentis n’aient pas été faits en vain, il a décidé de partir dans une ultime aventure. En mars 2020, « l’organisation professionnelle de Karaté, WUKF-PK, m‘a demandé de combattre. Moi, j’ai refusé. Mais dans mon refus, je leur ai proposé, compte tenu de mon palmarès passé, que je puisse être directement le challenger pour la ceinture mondiale. Et là pour le coup, c’est un vrai défi pour moi ». Le meilleur compétiteur de la WUKF-PK, n’est autre que l’Italien, Daniele Spremberg. Un signe du destin puisque son dernier combat en 2000 avant sa pseudo-retraite était déjà contre un Italien, Davide Benetello.  La WUKF-PK est l’une des deux organisations qui sont nées il y a 2 ans et demi, l’autre étant Karaté Combat. Les affrontements se font dans une fosse, sans protections et à poings presque nus, au KO. Les matchs sont retransmis par vidéo et pour un combat comme celui de Christophe Pinna, la barre des 200 000 spectateurs payants pourrait être atteinte, voire dépassée. Pour financer son aventure, il a préféré faire appel au crowdfunding pour avoir une communauté derrière lui. Il avait demandé 30 000 €, au final , il a dépassé la barre des 34 000€. Tous les 10 meilleurs karatékas de la WUKF-PK ont accepté en septembre dernier ce combat qui décale d’autant leurs propres calendriers. Une preuve de plus de son aura internationale. Cela se passera en mars prochain à Dublin. Sera-t-il prêt ? Bien que son dos le fasse souffrir, il fait tout pour que le jour J, il soit à son meilleur niveau. Le combat devrait se dérouler en 3 ou 5 fois 3 min. En a-t-il envie ? « Je n’ai pas peur, je dirige ma vie selon mes rêves, toujours le même, être le meilleur ». S’il gagne, il ne sait pas encore ce qu’il fera. Arrêtera-t-il pour rester sur une victoire comme en 2000 ? La réponse lui appartient.

Pascal Gaymard

Polémique autour de « Aux armes citoyens »…

Difficile de ne pas aborder le sujet qui a fait polémique après le dernier attentat de Nice à Notre-Dame. Sous le coup de l’émotion, Christophe Pinna avait lancé sur sa page Facebook, une plateforme « Aux armes citoyens », pour inciter 1000 personnes à le rejoindre et créer « une milice d’auto-défense ». Cela lui avait valu d’être entendu par la police durant 3H par suite d’une requête du Procureur de la République de Nice. S’il a depuis regretté le terme de « milice », il n’en démord pas : « Je n’aime pas ce qu’est devenu mon pays. Après Charlie Hebdo et le Bataclan, puis Nice, le pouvoir n’a pas pris les mesures qui s’imposent pour éradiquer le terrorisme islamiste. Une petite minorité d’intégristes gâche le vivre ensemble d’une majorité. Nous payons des impôts et nous ne pouvons pas avoir la paix et la sécurité ». Et d’ajouter : « C’est au terrorisme qu’il faut faire la guerre. C’est quoi cette France où l’on égorge des curés et des profs ? ». Parce que ce pays dont il est si fier le déçoit profondément avec ses élites au pouvoir, il a décidé de remettre toutes ses distinctions, Médaille d’Or de la Jeunesse et des Sports, Médaille de l’Assemblée Nationale, Chevalier de l’Ordre National du Mérite, Officier de l’Ordre National du Mérite… et non pas ses titres sportifs, comme cela a pu être écrit ici et là. Et de conclure : « Moi, aujourd’hui, je prépare mon combat, c’est la seule chose qui m’importe. Mais je voudrais préciser : personne ne me récupère et oui, je respecte la fonction de président de la République mais pas celui qui occupe le poste, Emmanuel Macron ».

PG

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