JUSTICE- Marc Bozzetto : « Je suis un homme brisé »

Depuis 1971, Marc Bozzetto enseigne l’ostéopathie dont il a été un précurseur en France et à l’étranger. Aujourd’hui, il fait l’objet de graves accusations d’attouchements sexuels et de viols. Lui se défend et parle « d’ostéopathie pelvienne ».

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Face aux accusations retranscrites dans le quotidien local, Marc Bozzetto est « abasourdi » : « Je comprends que plusieurs femmes que j’ai soignées ont pu interpréter certains gestes thérapeutiques comme des agressions. Cela me consterne et me dévaste profondément. Car comment concevoir l’idée que l’on a provoqué chez des patientes un sentiment de violence ? ». Le praticien se dit « être un homme brisé ». À plus de 80 ans, cet homme qui a consacré sa vie à soigner les autres et à transmettre son savoir, ne comprend pas ce qui lui arrive : « C’est tellement contraire à ce que je suis, ainsi qu’à ma conception de ma pratique. C’est pourquoi je m’interroge : Ai-je été maladroit en n’expliquant pas, ou en expliquant mal, à ces patientes les gestes que j’allais pratiquer ? Les phrases que j’ai prononcées ont-elles pu choquer ? ».

Des techniques urogénitales reconnues

Le centre Atman de Sophia Antipolis qu’il a fondé il y a plus de 50 ans est l’un des plus réputés et complets de France. Marc Bozzetto a multiplié les partenariats internationaux et donne des conférences ou participe à des séminaires dans le monde entier. Et c’est toujours la sidération qui prédomine quand nous l’interrogeons sur cette affaire : « Dans mon rôle de thérapeute, répondant à des femmes demandant à être soignées, j’ai légitimement considéré que la répétition de gestes qui ont prouvé leur efficacité, et que j’ai eu l’occasion d’effectuer avec succès des centaines de fois, constituait une pratique « allant de soi ». En outre, depuis des dizaines d’années, nous avons développé ces techniques d’ostéopathie urogénitales sans aucune intrusion vaginale ou autres qui ont permis à tant de femmes de régler leur problème d’infertilité, de douleurs menstruelles, ou encore des conséquences difficiles d’un accouchement ; et aussi à tant d’hommes de mieux gérer leur handicap prostatique ».

Alors que s’est-il réellement passé ?

Une mise en retrait volontaire « pour préserver le centre Atman »

Pour lui, il s’agit avant tout « de ressenti de chacun et chacune qui conduit à une perception différente de chaque situation… Je prends conscience aujourd’hui que les commentaires qui ont pu illustrer les gestes thérapeutiques accomplis sur certaines patientes étaient susceptibles de choquer ». Soigner toujours plus et mieux, voici selon lui sa principale vocation. Il craint que les réelles avancées de la technique ostéopathique auxquelles il a contribué se voient éclipsées par une campagne médiatique à charge selon lui et regrette d’être « désigné comme un monstre » à l’opprobre public.

Sur les faits, il ne peut pas en dire plus car il réserve ses explications au magistrat instructeur, lequel est seul à même de déterminer le calendrier de la procédure : « mes explications précises, je les dois aux enquêteurs, je ne peux pas les exposer en détail aux médias dès lors qu’elles concernent la santé de mes patients ».

Pour conclure, il évoque avoir subi, concomitamment à la première révélation de ces faits, des pressions opportunistes visant à le pousser à céder le centre Atman à vil prix, ce que l’enquête permettra de déterminer.

Dans l’immédiat, il a décidé de se mettre volontairement en retrait des activités du campus : « Je me sens responsable vis-à-vis des élèves et des enseignants d’Atman. Mon principal souci est de préserver la sérénité de l’enseignement prodigué à Atman, et surtout que cette triste affaire ne risque pas de souiller la légitimité des diplômes délivrés par l’établissement, ce qui nuirait injustement aux étudiants de l’école ».

Pascal Gaymard

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