DECES: Valéry Giscard d’Estaing en 7 points

L'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing est mort ce mercredi 2 décembre des suites du Covid à l'âge de 94 ans. Seul chef de l'État à n'avoir exercé qu'un seul septennat, Le Petit Niçois revient en sept points sur cet homme politique important de la Ve République.

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Une ascension fulgurante
Lorsque Valéry Giscard d’Estaing arrive à l’Elysée en 1974, c’est une petite révolution (de palais). Âgé de 48 ans, il sera le plus jeune président de l’histoire de la Ve République jusqu’à la venue d’un certain Emmanuel Macron. Cette victoire face à François Mitterrand couronnera une carrière politique fulgurante. Bachelier à 16 ans, passé par Polytechnique et l’ENA, il deviendra inspecteur des finances puis secrétaire d’État aux finances, maire de Chamalières et finalement ministre d’État de l’Économie et des Finances du Général De Gaulle et Georges Pompidou. À la mort de ce dernier, il se présentera face au candidat gaulliste Jacques Chaban Delmas et au socialiste François Mitterrand. Avec l’arrivée de Valery Giscard d’Estaing, c’est une page qui se tourne dans la Ve république. Un vrai changement d’époque.

Un vrai réformateur
Valéry Giscard D’Estaing ne restera qu’un seul mandat à la tête de l’État. Pourtant, les réformes qu’il a engagées seront fondamentales pour la France et bouleverseront la société de manière structurelle. Parmi les plus connues, on retiendra l’abaissement de la majorité (et donc du droit de vote) à 18 ans, le divorce par consentement mutuel, la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse (un texte porté par la Niçoise Simone Veil), l’élargissement du droit de saisine du Conseil constitutionnel ou encore la fin de l’ORTF. C’est également sous « VGE » que le « regroupement familial » fut instauré (avant d’être critiqué par une grande partie de la classe politique, quelques années plus tard).

Une image égratignée
Malgré sa réputation d’expert en économie et de modernisateur, l’image de Valéry Giscard d’Estaing va s’éroder au fil de son mandat. Avec le second choc pétrolier, c’est sous VGE que le chômage de masse va définitivement faire son apparition en France. L’Affaire des « diamants de Bokassa » va empoisonner la fin de son septennat. L’usure du pouvoir va transformer la perception des Français. De jeune premier moderne, il deviendra l’aristocrate hautain éloigné du quotidien du peuple. Des éléments qui précipiteront sa chute en 1981. Se représentant pour un second mandat, il sera finalement battu au second tour par François Mitterrand. Ce fut la première fois qu’un président en exercice ne fut pas réélu.

Une rivalité éternelle
Une défaite historique qu’on ne peut comprendre qu’au travers de la rivalité de Valéry Giscard D’Estaing avec un autre homme de droite : Jacques Chirac. De fauves politiques ambitieux de la même génération. Allié en 1974, Jacques Chirac deviendra son Premier ministre, avant de démissionner en 1976. Dès lors, le leader gaulliste sera son plus grand rival et se présentera contre Giscard en 1981. Une profonde animosité continuera d’animer les deux hommes jusqu’à la disparition de Jacques Chirac en 2019.

Un défenseur de l’Europe
Malgré toutes ses réformes, il n’est pas galvaudé de dire que le grand combat politique de Valéry Giscard d’Estaing fut la construction européenne. Son étroite coopération avec le chancelier allemand Helmut Schmidt, la création en 1979 du système monétaire européen (précurseur de l’Euro), la mise en place de l’élection au suffrage universel du Parlement européen furent des éléments importants de sa politique étrangère. Même après sa présidence, son engagement européen ne sera pas démenti. Tout d’abord en devenant député européen de 1989 à 1993, mais surtout en devenant président de la Convention sur l’avenir de l’Europe en 2001. À ce poste, il proposera un texte connu comme le projet de « constitution européenne ». Un document qui sera finalement rejeté par les Pays-Bas et …la France, en 2005, par référendum.

Une communication révolutionnaire
Valery Giscard d’Estaing restera également dans l’inconscient collectif pour avoir modernisé la communication politique…avec plus ou moins de succès. On se souviendra de ces images de VGE jouant au foot, ou encore de l’accordéon. Une façon un peu maladroite d’adapter les techniques de marketing américaines à la française. Même chose pour cette séquence où le président de la République s’est invité à la table d’une famille de Français en 1975. Néanmoins, il sera le premier à comprendre et maitriser les codes de la télévision. Participant au premier débat présidentiel de l’entre-deux tours face à François Mitterrand, il marquera les esprits avec des phrases-chocs comme « vous n’avez pas le monopole du cœur » ou encore « l’homme du passé ». Son « au revoir » en 1981 reste l’une des séquences les plus emblématiques de la télévision française.

Un président immortel
Une fois son mandat présidentiel terminé, Valéry Giscard d’Estaing continuera sa vie politique. Député, président de Région, membre du Conseil Constitutionnel, il restera l’un des « sages » de la vie politique du pays. Sage et immortel. En parallèle, l’ancien chef de l’État entamera une autre carrière, littéraire cette fois. Il écrira ses mémoires Le pouvoir et la Vie mais aussi plusieurs romans comme La Princesse et le Président en 2009 ou encore La victoire de la Grande Armée en 2010. En 2003, il entrera à l’Académie française, fauteuil numéro 16, remplaçant ainsi Léopold Sédar Senghor. Une façon de plus pour cet homme d’État de marquer un peu plus l’histoire de la France.

Andy Calascione

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