CULTURE – Prix Audiberti : Paule Constant sacrée

Depuis 1989, le Prix Littéraire Audiberti est remis à un écrivain affirmé qui a fait l’unanimité d’un jury de professionnels présidé par l’écrivain, Didier Van Cauwelaert, par ses liens avec le poète Antibois et par sa proximité avec la Méditerranée.

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Durant ces 33 années, on retrouve au « palmarès » des noms aussi prestigieux que ceux de Jacqueline de Romilly, Félicien Marceau, Jean Raspail, Jean d’Ormesson, Michel Déon, Jean-Christophe Rufin ou encore Sylvain Tesson. L’endroit se prête aux confidences, la villa Eileen Roc, propriété de la ville d’Antibes-Juan les Pins, dont le maire, Jean Leonetti, est un membre de ce Prix Audiberti ô combien convoité.

Ses parrains : Michel Déon et Michel Mohrt…

Pour cette édition 2022, Paule Constant s’est imposée d’elle-même. Sa carrière incite immédiatement au respect mais son écriture tout autant. Les thèmes qui traversent son oeuvre a comme fil rouge, la condition humaine au travers de l’enfance, de l’éducation des filles, de la cause féminine, de la justice, du colonialisme…, elle qui a sillonné l’Afrique tropicale, mais aussi la Guyane, l’Amérique du Nord… Au final, un Grand Prix du roman de l’Académie française en 1990 pour White Spirit, le prix Goncourt en 1998 pour Confidence pour confidence, et le statut de membre de l’Académie Goncourt depuis 2013. Cette sudiste a créé en 2000 à Aix-en-Provence, le Centre des Ecrivains du Sud- Jean Giono qu’elle préside. Depuis 2015, elle est la directrice littéraire du Festival des Ecrivains du Sud de la ville d’Aix-en-Provence. Et maintenant, le Prix Jacques Audiberti d’Antibes-Juan les Pins pour La Cécité des Rivières publié comme tous ses romans chez Gallimard où elle est rentrée, parrainée par Michel Déon et Michel Mohrt.

Un Quarto : Mes Afriques… et un autre à venir…

Le président du jury Audiberti, Didier Van Cauwelaert, n’a pas tari d’éloges sur La Cécité des Rivières qu’il a résumé brillamment. Pour Paule Constant, ce prix est « déconcertant et éprouvant, moi qui ai donné bien des prix et qui aujourd’hui en reçoit un à la suite de mon maître et mentor, Michel Déon, mon grand ami qui a toujours été là pour moi ». Pour son premier livre, c’est Balzac qu’elle avait en tête et ses romans, elle les conçoit comme « des cycles de lecture… des quarto comme celui publié en 2019 avec Mes
Afriques. C’est un cadeau que m’a fait Antoine Gallimard qui ne m’a jamais rien refusé… Mais pourquoi un seul Quarto, lui ai-je demandé ? Et il m’a répondu, « banco pour un autre Quarto ». Son inspiration ? Les grandes maladies tropicales, la femme méditerranéenne dans tous ses secrets et silences… Comment un roman se fabrique-t-il ? « Dans la tête et ce depuis des années ». Pour La Cécité des Rivières, elle voulait écrire « un livre court qui parle des Chinois, de la haine des ex-colonisateurs français qui n’ont qu’une culpabilité empruntée ». Et de s’interroger : « Qu’est-ce qui est pire, être colonisé ou être acheté ? »…

La Cécité des Rivières : Maladie dont on peut en guérir…

Ce qui l’intéresse, c’est l’association des contraires entre ce médecin, Éric Roman, colonialiste de 67 ans qui revient en Afrique accompagné de cette journaliste jeune et agaçante, pleine de préjugés et qui ne supporte pas tout ce que représente cet Éric Roman. « Un roman de femmes, c’est forcément plus violent qu’un livre d’homme. C’est je dirais pour emprunter au cinéma, c’est surjoué… La violence, il faut la porter en soi pour la livrer plus poétiquement. Les rivières sont des serpents, on revient toujours à la source », affirme-t-elle pour légitimer son titre qui fait référence à une maladie tropicale provoquant la cécité, maladie bien connue aujourd’hui et dont on guérit… Et elle, Paule Constant, a-t-elle guéri de tous ses maux ? Elle y travaille, de roman en livre, de voyage en introspection, une grande dame assurément d’une littérature que l’on voudrait croire éternelle…

Pascal Gaymard

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