Critique cinéma : Les grands films sont de sortie…

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En ce début du mois d’octobre, les grands films ont décidé de sortir en même temps créant un embouteillage dans les salles et un embarras certain auprès des spectateurs qui ne savent plus à quelle salle se vouer. Sans le savoir, les films qui dénoncent l’intégrisme islamiste comme PAPICHA qui revient sur la montée des Frères musulmans en Algérie dans les années 90 ou SŒURS D’ARMES qui rend (enfin) un vrai hommage aux combattantes Yézidis et Kurdes contre daesh en Syrie et en Irak méritent toute votre attention. A chaque, ce sont des femmes d’exception qui sont mises à l’honneur et qui risquent leur vie face à crétinerie intégriste des hommes qui sont capables de tout au nom d’un dieu qu’ils ne connaissent même pas. L’imbécilité des uns et des autres que ce soit dans les années 90 à Alger ou aujourd’hui dans le désert syrien sont les mêmes, mots identiques indignes, attitudes imbéciles semblables, analyses sommaires inimaginables, autant de blasphèmes permanents pour ceux qui croient défendre une pureté originelle de leur dieu. Ces deux films sont quasi documentaires et tellement pédagogiques.

Sur un tout autre registre plus léger, l’infidélité est parallèlement à l’affiche en septembre avec TU MÉRITES UN AMOUR de la si talentueuse actrice-réalisatrice, Hafsia Herzi, ou le dernier Woody Allen, UN JOUR DE PLUIE A NEW-YORK, avec un couple, Timothée Chalamet et Elle Fanning très attachant, ou encore en octobre, CHAMBRE 212 de Christophe Honoré avec Chiara Mastroianni qui est revenue de Cannes avec un prix d’interprétation dans la sélection officielle, « Un Certain Regard ». A chaque fois, il s’agit de tourner en dérision les drames du couple pour prouver que tout est possible, comme un éternel recommencement, que tout ce qui compte, c’est l’Amour, qu’il y a toujours un meilleur qui peut attendre chacun de nous au coin d’une rue… Bravo encore à Chiara Mastroinanni, Elle Fanning, et Hafsia Herzi pour ces moments de bonheurs.

Et puis, il y a LE film que tout le monde attendait, JOKER, celui que tous les observateurs et critiques estiment qu’il raflera tout lors de la prochaine cérémonie des Oscars au printemps prochain. Joaquin Phoenix livre une prestation éblouissante qui d’ores et déjà, le rend cultissime. Son rire, ses mimiques, son maquillage, son sourire, son phrasé, sont autant d’armes qui donnent corps à un Joker inoubliable bien qu’avant lui, un certain Jack Nicholson ait mis la barre très haute… Il y a des rôles comme celui-ci qui peuvent marquer une carrière, qui vous rendent inoubliable et qui vous collent à la peau toute une vie. Qui aurait pu croire que Todd Philips, auteur des très contestables comédies telles que VERY BAD TRIP ou ROAD TRIPS… ? Avec JOKER, il a voulu réaliser un film de super héros expérimental, d’auteur, une vision hallucinée qui parle d’humiliation, de vengeance des petites gens sur les puissants, sans sommation, sans justificatifs verbeux, juste la révolte car la coupe est pleine et qu’aucun dialogue n’est plus possible. Forcément, on pense aux gilets jaunes en France, forcément, on imagine Martin Scorsese derrière la caméra à la mode Taxi Driver ou La Valse des Pantins, forcément, la présence d’un Robert de Niro exceptionnel renforce cet aspect… Alors Todd Philips peut être fier du bel ouvrage qu’il a réalisé, certainement son Grand Œuvre, et l’un des films les plus marquants de la décennie…

Pascal Gaymard