CINÉMA – Le Dernier Souffle : Costa Gavras respire la joie

Le grand metteur en scène, Costa Gavras, est venu à Nice pour présenter son dernier film, LE DERNIER SOUFFLE, accompagné de sa femme, la productrice, Michèle Rey.

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Auteur@circoloinquieti -creditphoto@Flickrpro

Habitué de la Côte d’Azur, il vient souvent, la dernière fois au cinéma Jean-Paul Belmondo pour une mini-rétrospective sur ses œuvres mais aussi à la Cinémathèque de Nice pour une leçon de cinéma. Costa Gavras aime la Côte d’Azur car c’est sur cette terre azuréenne qu’il a rencontré sa femme alors qu’il était avec Alain Delon. Ensemble, ils sont venus au Pathé Masséna pour défendre ce superbe film où l’on retrouve Kad Merad et Denis Podalydès mais aussi Maryline Canto, Charlotte Rampling, Angela Molina, Hiam Abbass, Karin Viard, Agathe Bonitzer… Que du beau monde. Costa est toujours un bon client, lui qui respire le cinéma.

Le Petit Niçois : Quelle était votre intention avec Le Dernier Souffle ?

Costa Gavras : C’est un livre que Régis Debray m’a apporté qu’il avait écrit avec le docteur, Claude Grange. Cette relation entre l’écrivain philosophe et le docteur spécialiste de la fin de vie et des soins palliatifs m’a intéressé. Je voulais dédramatiser, proposer un spectacle apaisé, pas un documentaire… Une leçon de cinéma, humaine et philosophique.

LPN : Quel est le rapport que vous avez avec la mort ?

CG : J’en ai peur, qui n’est pas effrayé ? Je voudrais avoir une mort décente, la mort c’est encore de la vie. Je suis à l’aise avec elle car bien de mes acteurs, techniciens, collaborateurs m’ont quitté, les uns après les autres. Ce qui m’intéresse, ce sont ceux qui restent. Avec ce livre, j’ai découvert les unités de soins palliatifs. Le personnel soignant mais aussi les patients semblent différents dans ces lieux de fin de vie. Le docteur prend le temps de parler à ses patients, de les toucher, de les écouter. Tout cela me semble très doux…

LPN : Y a-t-il des patients qui n’étaient pas dans le livre ?

CG : Il n’y a qu’une famille, les Gitans. J’aime leur exubérance, leur liberté, leur authenticité. Les relations avec la famille et cette petite qui chante si bien. Même dans ces lieux, le sens de la fête ne les quitte pas. Une joie de vivre qui m’est proche…

LPN : Avez-vous eu les comédiens que vous désiriez ?

CG : Oui, ils m’ont tous dit oui… même Charlotte Rampling à qui j’ai dit qu’elle aurait le plus petit rôle de sa carrière… Elle assure la promo du film, elle est merveilleuse. Kad (Merad) a lu le scénario et il a immédiatement dit oui. « Tourner avec Costa Gavras, c’est comme un prix Nobel » et à propos de Denis Podalydès, il a dit : « c’est l’un des meilleurs acteurs de sa génération ».

LPN : Avec un tel casting, le montage financier a dû être facile…

CG : Pas du tout. Le sujet sur les soins palliatifs a fait peur à tout le monde, bien que nous ayons Kad (Merad). Canal+ est venu et nous a sauvé car Denis (Podalydès) avait des impératifs de calendrier et de disponibilité. Toute l’équipe et les comédiens ont tous accepté d’être payé au minimum…

LPN : Et les soignants, sont-ils des « vrais professionnels » ?

CG : Oui, tous les soignants. Car je voulais qu’ils aient les bons gestes, pour plus d’authenticité, de vérité… Nous avons fait une projection pour eux, ils étaient très touchés. Je leur devais bien ça…

LPN : Comment avez préparé le tournage ?

CG : Je n’ai pas fait de lectures. J’ai juste discuté avec les comédiens de leurs rôles, en leur donnant quelques conseils pour qu’ils aient les bonnes attitudes, la manière de parler aussi. J’ai tourné en Steady cam car les chambres étaient exigües.

LPN : Quel avis sur la fin de vie en débat actuellement ?

CG : La loi Leonetti donne tout pouvoir au médecin sans donner la mort. Il accompagne… Mais on sait que si l’on augmente les doses de morphine, cela donne la mort… La sédation oui, mais pas létale. Il ne faut pas que le malade souffre. C’est aux députés de trouver des solutions, pas aux cinéastes. La Suisse, la Belgique, l’Espagne, les Pays-Bas… ont pris des dispositions pour le suicide assisté. Peut-on avoir ça en France. Nous devrions…

LPN : Quel souhait et des projets ?

CG : Que le public s’intéresse au film… Pour mon prochain film, j’ai une idée… On verra bien. Pour le moment, place au Dernier Souffle…

Propos recueillis par Pascal Gaymard

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