CINEMA HOMMAGE : Olivia De Havilland : « La dernière légende d’Hollywood »

À l’âge honorable de 104 ans, Olivia De Havilland, la dernière légende de l’âge d’or du cinéma hollywoodien, a tiré sa révérence.

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Déjà, lorsque Kirk Douglas était décédé, nous avions écrit qu’il ne restait plus qu’elle, elle qui a campé ce rôle mythique de Mélanie dans un film cultissime, Autant en emporte le vent que quelques crétins se sont évertués à critiquer dernièrement.

La Mélanie d’Autant en Emporte le Vent

Mais sait-on comment elle a pu avoir ce rôle ? C’est en jouant Le Songe d’une nuit d’été dans une troupe de théâtre amateur qu’elle se fait remarquer par le réalisateur, Max Reinhardt qui lui confie le rôle d’Hermia dans l’adaptation cinéma en 1935. La même année, Jack Warner lui fait signer un contrat d’exclusivité. Il faudra toute la persuasion de David O. Selznick et la volonté de l’actrice pour qu’elle soit « prêtée » et puisse jouer le second rôle de la cousine de Scarlett O’Hara, cette Mélanie qui emporte le cœur d’Ashley (Leslie Howard). Cette histoire résonne de manière toute particulière pour Olivia de Havilland qui vit une rivalité féminine tout aussi forte avec sa propre sœur, Joan Fontaine, elle-même actrice et oscarisée pour Soupçons d’Alfred Hitchcock… Pour l’illustrer, Joan Fontaine avait déclaré : « Je me suis mariée avant elle, j’ai remporté l’Oscar avant elle, et si je meurs la première, elle sera sans aucun doute furieuse que je l’aie battue ». Joan Fontaine décédera en 2013 à l’âge de 96 ans.

Son combat contre Jack Warner

La pâlotte Olivia d’Autant en emporte le vent ne l’était donc pas dans la vie. Sous le joug de Jack Warner, elle tournera 8 films avec Errol Flynn dont Capitaine Blood ou Les Aventures de Robin des Bois, sans jamais lui céder malgré les tentatives de séduction de l’acteur. Un réalisateur jouera un rôle important dans sa vie, Mitchell Leisen qui lui vaudra une nomination aux Oscars en 1942 pour Par la Porte d’Or, puis un Oscar de la Meilleure Actrice en 1946 pour A chacun son Destin du même Mitchell Leisen. Mais entre les deux films, il s’est passé quelque chose d’inouï à Hollywood. Lassée de jouer les ingénues, Olivia de Havilland a rompu son contrat avec Jack Warner. Le juge parlera même de « servage » à propos du producteur qui perdra son procès ce qui donnera une jurisprudence appelée encore le De Havilland Law…

Son amour de la France

Manifestement, elle savait ce qu’elle faisait puisqu’en 1949, elle décroche un nouvel Oscar pour L’Héritière de William Wyler. Pionnière des droits de la femme, elle les a appliqués à sa propre vie. En 1955, elle divorce du romancier, Marcus Goodrich, dont elle a eu un fils, Benjamin, pour épouser un journaliste de Paris Match, Pierre Galante avec lequel elle aura une fille, Gisèle. Pour illustrer le rôle si primordial qu’elle a pu jouer à Hollywood, elle sera en 1965, la première femme à présider le Festival de Cannes. Un an plus tôt, elle avait fait le show avec son amie, Bette Davis dans Chut… chut… chère Charlotte de Robert Aldrich. Elle avait dit en parlant de la France : « C’est le seul pays au monde où je me sente bien ».

Pascal Gaymard