C’était le jour le plus attendu, celle où l’ami Jacques Audiard devait présenter son dernier film, LES OLYMPIADES. Déjà, le titre est trompeur, rien à voir avec le sport, mais plutôt les JO du sexe, de la perf, de la multiplication des combinaisons… En duo, en trio, deux femmes… Au casting, la si belle et talentueuse, Noémie Merlant, irrésistible comme toujours, mais aussi la chanteuse, Jehnny Beth… Scénario de Céline Sciamma, musique de Rone, histoires de sexe au final trop sages… Bref, le Jacques Audiard déçoit car assez audacieux. Après sa mise en scène, son Noir et Blanc puis ses couleurs, sa direction de comédiens fait des OLYMPIADES un film plus que bien. Lui vaudra-t-il une 2ème Palme d’Or ? Rien n’est moins sûr. L’autre film en Compétition Officielle, RED ROCKET de Sean Baker comme un fait exprès parle aussi de sexe, d’une ex-star du porno qui revient dans sa ville natale, Texas City, pour renouer les liens avec sa femme et sa belle-mère. Dans ce trou du monde où les pavillons pastel se ressemblent tous, une perle émerge qui vend des donuts, jouée par la chanteuse, Suzanna Son (qui fait ses débuts au cinéma), une belle rouquine dans laquelle Simon Rex va voir une nouvelle chance de retour dans l’industrie du X… Pour mémoire, son précédent film, The Florida Project, vu en 2017 a remporté plus d’une soixantaine de prix. Entre puritanisme, vindicte populaire, trafic de shit, ces coins des États-Unis sont tristes à mourir…
Toujours en Compétition officielle, le drame romantique de la réalisatrice hongroise, Ildiko Enyedi, L’HISTOIRE DE MA FEMME, est certainement l’un des plus beaux films vus durant la quinzaine. Ce pur produit cannois, Caméra d’Or du Meilleur 1er film avec Mon XXème siècle en 1989, nous revient avec une chronique romantique sur plusieurs décennies entre un loup de mer, Capitaine de navire, le Néerlandais, Gijs Naber, et une mondaine raffinée et volage, la si belle Léa Seydoux. Elle est la partenaire idéale, solide, enthousiaste, et aussi tonique que lui semble coincé. Léa Seydoux, 4 films en Compétition, ne viendra finalement pas sur le tapis rouge des Marches du Festival faute au covid. Louis Garrel complète un casting très international. La beauté des images, un sens certain de la mise en scène, des comédiens fabuleux font que le spectateur en oublie que le film fait près de 3 heures… Sera-t-il au Palmarès de ce Festival ?
Enfin, la révélation du jour n’est autre que la réalisatrice haïtienne, Gessica Geneus, qui pour son 1er film, FREDA, a tapé fort et juste. Elle dénonce la misère d’une population qui lutte tous les jours pour survivre. Elle ne cherche pas des excuses du côté de la colonisation française qui a quitté l’île depuis plus de 150 ans… À telle enseigne que leur président vient d’être exécuté par un commando de mercenaires… Ces femmes débrouille et fortes sont sans doute l’avenir de ce pays meurtri dans leurs mains.
Pascal Gaymard & Veronique Rosa
Photo : Dominique Maurel