CANNES-CANNESERIES : Retour sur une saison 3 pas comme les autres

Alors que de nombreux événements culturels ont dû être annulés à cause de la crise sanitaire, la troisième édition de CANNESERIES a quand même pu se dérouler durant le mois d’octobre. Pour vous faire passer ce confinement, retour sur une saison bien particulière.

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Partisan : grande gagnante de cette troisième saison de CANNESERIES.

Un palmarès hétéroclite

On commence par la fin, mais impossible de faire le bilan du festival international des séries sans évoquer son palmarès. À tout seigneur tout honneur, le jury (composé de Laetitia Eïdo, Gregory Fitoussi, Randy Kerber, Roxane Mesquida, Caroline Proust et Jean-Pascal Zadi) a décerné le prix de meilleure série à Partisan. Ce thriller suédois créé et réalisé par Amir Chamdin tapera dans l’œil de tous les sérivores grâce à son scénario efficace et son esthétique soignée (voir focus). Côté programmes courts, Jamie Bamber, Erin Moriarty et Timothée Hochet ont choisi comme lauréat Broder, une série originale sur le hip-hop en Argentine. La France n’est pas en reste puisque deux créations hexagonales ont été récompensées durant le festival. Tout d’abord Moloch, qui repart avec le prix du meilleur scénario (Arnaud Malherbe et Marion Festraëts), pour cette mystérieuse enquête concernant des cas de combustion spontanée. Ensuite c’est bien Validé, de Franck Gastambide, qui a remporté le Prix du public attribué par Le Parisien. La série raconte l’ascension (et les déboires) d’une star du rap. Pour son prix séries courtes, la rédaction de Télécâble Sat Hebdo a choisi Claire et les vieux. Une web-série québécoise d’Edith Morin et réalisée par Charles Grenier sur l’arrivée d’une jeune fille dans une maison de retraite, obligée d’y vivre avec sa grand-mère. Red Light et sa star Carice van Houten (Game of Thrones) remportent deux prix : celui des lycéens et un prix spécial d’interprétation pour l’ensemble du casting. Le programme belgo-néerlandais qui traite de l’univers de la prostitution et du trafic d’êtres humains a su trouver son public. Interprétation toujours, c’est Polina Maksimova, l’actrice principale de la série russe 257 Reasons to Live, qui a été sacrée. Son rôle de Zhenya, une malade guérie du cancer qui a décidé de vivre, a marqué les esprits. Enfin pour la bande-son, c’est la série suédoise Top Dog de Veronica Zacco et Alexis Almström qui repart avec le prix de la meilleure musique (supervisée par Magnus Palmborg). Un palmarès qui résume à lui seul toute la diversité de la programmation de CANNESERIES et l’originalité de la production actuelle pour le « petit écran ».

Focus : Partisan : sombre beauté suédoise

Évidemment, impossible de ne pas revenir en quelques lignes sur la grande lauréate de cette édition 2020. Si Partisan n’avait pas remporté le prix, elle aurait été notre coup de cœur. Pourquoi est-ce une bonne série ? Parce qu’elle coche à peu près toutes les cases. Une histoire captivante : une communauté écologique isolée dans la campagne suédoise où tout semble idyllique mais qui cache en réalité beaucoup de secrets. Un casting de qualité. Fares Fares (Le Caire Confidentiel, Child 44, Zero Dark Thirty) et Sofia Karemyr portent cette série. Des décors naturels sublimes qui rappellent certains films de Roy Andersson. Et une thématique liée à l’actualité. Sans spoiler, on peut dire que Partisan est autant un thriller qu’une histoire sur l’identité, les identités. Donc oui, il faut voir Partisan, une série qu’on n’a pas l’habitude de voir.

Moloch : une série mystérieuse et envoutante…

Coup de cœur : Moloch

Petit cocorico. En plus de Partisan, une autre série a capté notre attention et ça tombe bien parce qu’elle est française : Moloch, un polar « fantastique » signé Arnaud Malherbe. Dans une ville inconnue au bord de la mer, des personnes commencent à s’enflammer toutes seules. Une jeune journaliste (Marine Vacth) et un psychiatre (Olivier Gourmet) mènent l’enquête…Si évidemment, la combustion spontanée sert de fil rouge à l’histoire, la série s’attarde beaucoup sur la psychologie des personnages et sur l’ambiance générale (soutenue par des décors sombres et mélancoliques et une photographie très soignée). Les premiers épisodes posent de bons fondements pour la suite de l’intrigue. Si le rythme volontairement lent ne vous fait pas peur, Moloch est fait pour vous.

Des rendez- vous prestigieux

Résumer CANNESRIES à un catalogue de programmes serait réducteur pour le festival. À côté des compétitions, cette troisième saison a proposé un grand nombre de rendez-vous et masterclass avec des réalisateurs, acteurs, producteurs et équipes de séries. Sans être exhaustif, on peut évoquer l’interview de Judith Light, iconique Angela Bower de Madame est servie, qui a reçu le Variety Icon Award pour l’ensemble de sa (riche) carrière sur les planches et les plateaux mais aussi pour son action philanthropique en dehors. Autre joli moment, la venue de l’équipe de Dix pour cent venu parler de la dernière saison de la série. Autre ambiance, mais toujours apprécié par les fans, le casting des Mystères de l’amour est allé à la rencontre de son public (dans le respect des consignes sanitaires, on précise). Parmi les rencontres exceptionnelles, on peut évoquer l’interview de Darren Star (Beverly Hills, Sex and the City, Emily in Paris) parrain de cette saison 3, de Jantje Friese et Baran bo Odar (Dark), Kyle MacLachlan (Twin Peaks). Enfin, on notera la présence à CANNESERIES, seul festival du genre à se dérouler cette année, d’autres festivals français comme Séries Mania (Lille), Série Série (Fontainebleau) et le festival de la fiction (La Rochelle). Un beau geste.

Hors compétition : Jonathan Cohen enflamme le festival

Comment ne pas l’évoquer ? Pour ouvrir le festival, il fallait une série hors normes et c’est ce qui a été montré à tous les spectateurs de l’Auditorium Lumière avec La Flamme. Cette parodie hilarante du bachelor, réalisée et interprétée par Jonathan Cohen, a totalement embarqué la salle et c’est fort logiquement que toute l’équipe a reçu une standing ovation après sa présentation. Adaptée de la série américaine Burning Love, on retrouve en plus de « Serge le Mytho », un casting 5 étoiles avec Vincent Dedienne, Leïla Bekhti, Géraldine Nakache, Pierre Niney, Adèle Exarchopoulos, Florence Foresti, Doria Tillier… Présentée hors compétition, la série a tout pour devenir culte.

Andy Calascione

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