Le Festival de Cannes a fait très fort en cette fin de quinzaine en offrant au public cannois, une montée des marches légendaire avec rien moins que Sly… Avant les marches, le génial acteur/réalisateur s’est livré pendant près de 2 heures aux chanceux qui avaient pu entrer dans la salle Debussy (1200 places). Initialement prévue à Buñuel (260 places), cette rencontre a heureusement été « délocalisée » au théâtre Debussy. L’erreur de l’entretien de Clint Eastwood à Buñuel n’a pas été répétée. Sylvester Stallone est apparu détendu, charmeur, rieur, modeste, avec toujours cette voix inimitable. Il a passé en revue sa filmographie, lui qui a réussi à imposer deux héros récurrents, Rocky et Rambo, ce qui est exceptionnel à Hollywood où personne n’a cru en lui à ses débuts, et même plus tard… En deuxième partie de soirée, il a montré les premières images (1h33) de son RAMBO 5 – FIRST BLOOD. Standing ovation garantie et assurée…
Du côté de la Compétition, deux derniers films étaient présentés avec IT MUST BE HEAVEN du réalisateur palestinien, Elia Suleiman, et SIBYL de la française, Justine Triet. Le premier narre les tribulations d’un Monsieur Hulot à la Tati campé par le propre réalisateur qui s’interroge aux quatre coins du monde sur son identité et sa place. Souvent drôle, toujours surréaliste, It Must Be Heaven a été une parenthèse enchantée délicate et légère propre à cette fin de Festival. Quant à Sibyl, le film donne à l’égérie de Justine Triet, Virginie Efira, une occasion de démontrer l’immensité de son talent avec un personnage aux multiples facettes. Si le scénario présente quelques faiblesses avec bien des personnages laissés sur le bord du chemin, il n’en demeure pas moins que la performance de Virginie Efira la place comme la principale concurrente des deux autres françaises du Portrait de la Jeune Fille en Feu, Adèle Haenel et Noémie Merlant. La réalisatrice affirme qu’avec Sibyl, elle a pu aller encore plus loin que dans Victoria, où Virginie Efira jouait une avocate à la vie sentimentale à la dérive… A la Quinzaine des Réalisateurs, le cinéma français a été à la fête avec un Prix SACD récompensant UNE FILLE FACILE de Rebecca Zlotowski qui a été remis par Dominique Sampiero, auteur et scénariste membre de la commission cinéma de la SACD : « Une Fille facile a troublé le jury, il y a eu des tensions, a-t-il affirmé. Nous avons voulu récompenser à travers lui le personnage de Zahia Dehar, figure suggérée d’escort girl lectrice de Duras qui emporte le récit vers un conte moral moderne, jeune femme incarnant avec son personnage « l’insoutenable légèreté de la femme », avec, à fleur de peau, une étrange innocence lui permettant d’échapper aux humiliations de la domination masculine, et nous laissant finalement à son égard, un sentiment d’infinie tendresse ». Par ailleurs, le Prix du Label Europa Cinémas a été décerné à ALICE ET LE MAIRE de Nicolas Pariser. « Un film maîtrisé, intellectuellement stimulant, sans jamais être prétentieux […] Le film suscitera un grand intérêt dans tout le réseau Europa cinémas », a affirmé le Jury. Quant au Prix Illy du meilleur court métrage, Jury présidé par le réalisateur, Yann Gonzalez, il a récompensé STAY AWAKE, BE READY du réalisateur vietnamien de 30 ans, Phan Thien An. Enfin, le Jury d’Un Certain Regard, présidé par la réalisatrice Libanaise, Nadine Labaki, a livré un palmarès « complet » avec beaucoup plus de prix qu’habituellement. Le Grand Prix est revenu logiquement au superbe film brésilien de Karim Aïnouz, LA VIE INVISIBLE D’EURIDICE GUSMAO, avec un Prix du Jury à VIENDRA LE FEU d’Olivier Laxe, un Prix d’interprétation pour Chiara Mastroinani, il est vraie magnifique dans CHAMBRE 212, un Prix de la mise en scène à Kantemir Balagov pour UNE GRANDE FILLE que certains aurait bien vu en Compétition Officielle, deux Coups de cœur pour les comédies, LA FEMME DE MON FRERE et THE CLIMB. Tout cela n’étant au final que très logique. Mais le Prix Spécial du Jury à LIBERTE d’Albert Serra et la Mention Spéciale du Jury pour JEANNE de Bruno Dumont laissent plus dubitatifs…