Alors qu’une victoire du RN même sans majorité absolue était pronostiquée, c’est finalement le Nouveau Front Populaire (NFP) réunissant toutes les tendances de la gauche qui s’est imposé au final avec un total de 182 sièges sur 577.
NFP devant la Majorité présidentielle et le RN…
Emmanuel Macron a réussi son pari, faire en sorte que la France devienne ingouvernable en provoquant des élections législatives qui ne donneraient aucune majorité absolue, ni relative à personne. Du coup, les tripatouillages de toute sorte vont se poursuivre comme cela a été le cas entre les deux tours avec 225 désistements de candidats et de droite « pour faire barrage au RN et à ses alliés ». Si le NFP est arrivé en tête avec 182 députés, il faut décortiquer le détail de ce camembert gauchiste : 75 pour LFI, 65 pour le PS, 33 Ecologistes, et 9 Communistes. Ce groupe devance celui de la Majorité présidentielle avec 158 représentants et là aussi dispersés entre 99 Renaissance, 33 MoDem, et 26 Horizons. Le RN n’arrive qu’en 3ème position avec 143 sièges dont 17 à leurs alliés des LR d’Éric Ciotti. Loin derrière, les LR « historiques » et les Divers droite constituent un ensemble de 68 parlementaires. Reste 11 Divers gauche ou dissidents de LFI, 5 Divers centre et 10 Autres. La majorité pour gouverner se situant à 289 élus, vous imaginez aisément le casse-tête qui s’annonce. D’ores et déjà, Gabriel Attal reste en place en attendant que l’Assemblée Nationale soit en ordre de marche.
Qui sera 1er ministre ?
Au jeu des chaises musicales, la grande question du moment est : qui sera désigné comme 1er ministre ? Les candidats ne manquent pas mais c’est une Majorité qu’il faut. Tout naturellement, LFI et son leader Jean-Luc Mélenchon postule ce qui sera « normal » au vu des élus d’Extrême gauche. Et même s’il a déjà annoncé les réformes de l’été, l’homme clive et ce ne serait pas lui. Quelqu’un d’autre des rangs de LFI ? Là encore, il y aurait des oppositions au sein même du NFP où, rappelons-le, les représentants LFI ne sont que 75… A l’Elysée, la grande muette de l’entre deux tours réfléchirait plutôt à une combinaison alliant « l’arc républicain » à savoir le PS, EELV, le PC, les Centristes et les Divers droite y compris le groupe LR « historiques »… Mais alors qui ? Des noms circulent… Au PS, Olivier Faure ou Raphaël Glucksmann s’y verraient bien alors que François Hollande a déjà décliné alors qu’on ne lui demandait rien… Un autre François, Ruffin celui-ci, serait un possible candidat depuis sa rupture médiatique avec un certain… Jean-Luc Mélenchon… Osera-t-il ? L’idéal, ce serait un 1er ministre à la Casteix, pas trop médiatique, qui serait accepté par tous car étant l’un de plus anciens, assez centriste pour ne froisser personne… Un nom se dégage : Charles de Courson qui en est à son 8ème mandat.
Emmanuel Macron avait-il tout prévu ?
Mais pour faire quoi ? quel programme ? Le NFP a édicté le sien, de programme et il n’est compatible en rien avec celui du groupe de la Majorité présidentielle ou des autres centristes ou LR « historiques ». Les temps qui s’annoncent seront à coups sûrs, une époque de turbulence qui durera tant que le président n’aura pas démissionné… Mais pourquoi le ferait-il, lui qui est le grand gagnant de ce chaos organisé de la dissolution ? Nul doute que le 49.3 sera dégainé encore plus promptement qu’avec Elisabeth Borne réélue avec les voix de LFI… Chaque parti voudra retirer quelque chose de la situation présente, un maroquin ministériel, un secrétariat d’Etat, une présidence de commission… Les postes sont à pourvoir et les appétits vont s’aiguiser. Les coups tordus des uns et des autres sont à prévoir comme les pressions de la rue organisées par des élus LFI qui s’en sont faits leur spécialité dixit Sciences Po Paris… En fait, tout semble avoir été sciemment préparé à l’Elysée… C’est bien Emmanuel Macron qui a tiré les ficelles de cette dissolution qui a pris tout le monde de cours. Que ce soit la France et les Français qui en pâtissent, qu’importe. Il paraît qu’il fallait « clarifier la situation parlementaire ». Pour être « clarifiée », elle l’est, dans le mauvais sens… Après moi le chaos, disait François Mitterrand, et bien Emmanuel Macron connaît parfaitement ses classiques. A nous de vivre ce « chaos ». Bon courage à tous !
Pascal Gaymard