La misère de Cannes…

Le 72ème Festival de Cannes vient de livrer le Palmarès de ce jury présidé par le cinéaste, Alejandro Gonzalez Inarritu, et c’est la colère qui prédomine.

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Avec 11 palmes d’or données par 15 grands critiques de cinéma dans le quotidien, Le Film Français, Pedro Almodovar était le grand favori. Auparavant, par 6 fois, le Festival de Cannes avait préféré d’autres films que les siens notamment en 1999 avec Tout sur ma Mère. Aujourd’hui, son échec est incompréhensible. Aujourd’hui, la misère doit-elle être le fil conducteur de tous les films primés à Cannes ?

Parasite, Palme d’Or imméritée…
Il est établi que Pedro Almodovar est le grand maudit du Festival de Cannes. S’il na pas eu de Palme d’Or pour son si sublime DOULEUR & GLOIRE, il ne l’aura jamais. Nous lui conseillons, s’il désire revenir sur la Croisette, de présenter un film Hors Compétition, ou plus prosaïquement d’aller à la Mostra de Venise ou à Berlin. Cannes et son Festival ne mérite plus Pedro Almodovar. Le Jury de ce 72e Festival s’est complètement discrédité et restera comme l’un des plus mauvais de ces 30 dernières années. Car si PARASITE est un bon film du Sud-Coréen, Bong Joon-ho, il ne mérite qu’au maximum un Grand Prix du Jury. Il ressemble à s’y méprendre au sujet de l’an passé, Une Affaire de famille, sauf que l’action se passait au Japon… Que dire d’ATLANTIQUE, un premier film de Mati Diop, intéressant mais avec tous les défauts d’un premier film, inabouti, redondant, ennuyeux parfois, pas un Grand Prix du Jury assurément… Avec le double prix du Jury, on touche à l’improbable : BACURAU du Brésilien Kléber Mendonça Filho est logique car si bien écrit et mis en scène, mais LES MISERABLES de Ladj Ly n’a pas sa place au palmarès. Cette œuvre que certains qualifient de « choc » tend à démontrer que les Frères Musulmans sont les nouveaux messies des banlieues gangrenées par un intégrisme islamique rampant favorable à toutes les dérives. Si l’on en croit le réalisateur, dans ces quartiers, la violence serait toujours du côté des policiers qui se font insulter à longueur de journée mais qui doivent surtout ne pas répondre, le respect exigé est toujours à sens unique… Mais il était dit que ce palmarès nous réserverait encore de « bonnes » surprises…

Antonio Banderas rend hommage à Pedro Almodovar
LE JEUNE AHMED, film des Dardenne d’une pauvreté absolu, n’a-t-il pas obtenu un Prix de la mise en scène ?! Quelle idée de réalisation a pu séduire les membres du Jury dans ce long métrage qui montre la radicalisation d’un jeune de 13 ans au premier degré ? L’intégrisme islamique est-il devenu une valeur sure du cinéma à Cannes ? Que dire encore du jeu froid et distant d’Emily Beecham dans LITTLE JOE, l’un des films les plus mineurs vus à Cannes cette année ? Cette actrice remporte un prix d’interprétation féminine alors qu’il était prédestiné à Noémie Merlant et Adèle Haenel pour PORTRAIT D’UNE JEUNE FILLE EN FEU qui n’obtient qu’un prix du meilleur scénario pour la réalisatrice Céline Sciamma consciente que c’était ses actrices qui méritaient d’être sur scène. La Mention Spéciale à Elia Suleiman pour IT MUST BE HEAVEN fait figure de prix de consolation de dernière minute. Quant au prix d’interprétation d’Antonio Banderas pour DOULEUR & GLOIRE, il ne pouvait que rendre hommage à l’oublié de la soirée, Pedro Almodovar, lui qui joue le rôle du réalisateur dans ce film magnifique qui devrait conquérir son public, bien plus que tous les films primés par ce Jury qui a rendu un palmarès indigne de leur fonction. A croire que le pollen de Little Joe les a tous envouté…

Pascal Gaymard