Jean Leonetti :« Recréer l’espoir »

En janvier 2017, Jean Leonetti l’avait annoncé, son choix, c’était la ville d’Antibes, exit le palais Bourbon de l’Assemblée Nationale où il aura siégé 20 ans… Il est resté fidèle à la parole donnée aux Antibois dont il dirige la Ville et la Communauté d’Agglomération Sophia Antipolis (CASA) depuis 1995 pour la première et depuis 2002 pour la seconde. Il s’est confié sur la politique, ses réalisations à Antibes et à la CASA passées et à venir…

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L’ANTIBOIS : Quid du Conseil National des Républicains ?
Jean Leonetti : Laurent Wauquiez m’a proposé de présider le Conseil National des Républicains. C’est un projet ambitieux, et nous sommes tous conscients qu’il faut refonder notre parti sur nos valeurs communes. Nous ne ferons pas table rase du passé mais à la suite à de nos échecs électoraux, il faut recréer l’espoir. Il faut faire émerger un projet innovant, moderne et rassembleur. Centristes, libéraux, gaullistes, nous avons toujours travaillé ensemble.

L’ANTIBOIS : Comment s’y prendre ?
J.L. : L’élection pour la présidence des Républicains a rassemblé plus de 100 000 votants donnant une légitimité évidente à Laurent Wauquiez avec plus de 74%. Bernard Accoyer a déjà initié les ateliers de la refondation qui ont défini les grandes orientations. Notre logiciel doit évoluer avec en point de mire les élections Européennes de 2019.

L’ANTIBOIS : Sur quel programme vous qui avait été Ministre des Affaires Européennes ?
J.L. : J’ai succédé à ce poste en juin 2011 à… Laurent Wauquiez et j’ai travaillé sous l’autorité d’Alain Juppé, Ministre des Affaires Etrangères, de François Fillon, 1er Ministre, avec comme président, Nicolas Sarkozy. J’ai travaillé dans la continuité et nous partagions les mêmes idées sur l’Europe, sur la nécessité d’un Schengen 2, la réciprocité sur la protection économique ou le fait de travailler sur le noyau dur de la zone euro. Nous ne sommes ni pour un arrêt de l’Europe, ni pour une Europe fédérale et nous sommes opposés à l’entrée de la Turquie. Le socle existe, notre projet européen est partagé et admis par le plus grand nombre.

L’ANTIBOIS : Pourtant Alain Juppé s’est retiré des Républicains ?
J.L. : Je regrette beaucoup son retrait. On n’a jamais raison contre son parti comme le disait Jaurès. Si nous voulons modifier les choses, on le fait de l’intérieur. Cela a toujours été mon leitmotiv, aboutir au consensus comme sur les lois sur la bioéthique. Je crois à la culture du débat… à l’intérieur.

L’ANTIBOIS : Que pensez-vous des dissensions dans les Alpes-Maritimes ?
J.L. : Je regrette les compétitions ou les affrontements de personnes. Nous défendons les mêmes valeurs et le même projet, il faut nous reconstruire tant sur le plan national que local. Un élu n’est pas un spectateur, mais un acteur. Nos valeurs communes nous ont réunis auparavant, elles continueront j’en suis sûr à nous réunir demain

L’ANTIBOIS : Que pensez-vous d’Emmanuel Macron ?
J.L. : Les Républicains n’ont pas le même projet politique qu’Emmanuel Macron. Emmanuel Macron a une habileté de gestion et de communication. Il a adopté de nombreux points de notre projet présidentiel. Il a pris aussi des mesures que nous ne pouvons accepter comme l’augmentation de la CSG ou sur Notre Dame des Landes en contradiction avec ses engagements. Je suis contre un parti unique avec un chef unique qui n’aurait d’autres alternatives que les extrêmes. Nous devons porter un projet d’alternance, cela est sain pour la démocratie et notre pays.

L’ANTIBOIS : A mi-mandat, que retenez-vous ?
J.L. : La fierté d’avoir respecté nos engagements. Les hommes politiques, on devrait les juger à ce qu’ils font, pas à ce qu’ils disent. Nous avons mené à bien 3 grands projets ; l’un est terminé, la concession en délégation de service public (DSP) des Ports Vauban et Galice soit une redevance de 18 millions d’euros/an. La CCI, la Caisse d’épargne et la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) permettent à nos ports de rester gérés par des organismes français, locaux de surcroît. Le projet Marenda Lacan a fait l’objet d’une large concertation, avec la population, lors de multiples conseils municipaux et avec la validation la validation de l’architecte des bâtiments de France ainsi que de la Commission Nationale d’Aménagement Commercial (CNAC) à l’unanimité Cet aménagement du cœur de Ville vient de débuter et les travaux dureront pendant 2 ans et demi de travaux. Cela va rendre encore plus attractif le centre-ville. Enfin, le développement de Sophia Antipolis avec la zone des Trois Moulins et l’arrivée du Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) est lui aussi en cours. De grands groupes dans le domaine des nouvelles technologies devraient arriver dans ce secteur. Ces trois projets apportent aussi une contribution financière à la Ville d’Antibes Juan-les-Pins.

L’ANTIBOIS : A quelle hauteur ?
J.L. : La DSP des Ports rapporte une redevance de 18,5 millions d’euros/an. Le réaménagement du centre ville permettra de dégager un bénéfice pour les finances municipales de plus de 10 millions d’euros. Pour Sophia Antipolis, nous verrons bien. D’ores et déjà, Antibes se désendette tout comme la Communauté d’Agglomération Sophia Antipolis (CASA).

L’ANTIBOIS : De quoi êtes-vous le plus fier ?
J.L. : Notre théâtre Anthéa est le premier sur le plan régional en termes de fréquentation avec 12 000 abonnés. Et notre réseau de médiathèque compte plus de 35 000 abonnés. L’attractivité touristique passe par une offre culturelle de qualité. A mi-mandat, nous avons tenu nos objectifs, les 3 ans à venir vont transformer la Ville.

L’ANTIBOIS : Quid des projets en 2018 ?
J.L. : Ce sera une année lourde. Nous allons poursuivre le développement du BHNS avec le début des travaux en centre ville. Le Bd Albert 1er sera terminé et le Bd Wilson devrait être rénové à son tour. Mais nous avons bien d’autres chantiers qui vont commencer comme la base nautique, le nouveau conservatoire proche du théâtre Anthéa, la base de voile… Nous avons de nombreuses actions en matière de solidarité en direction de la petite enfance, des seniors et du handicap. Trois résidences Seniors devraient voir le jour, l’une à la Fontonne, une autre à Juan-les-Pins en plus de celle qui est en centre-ville. Nous allons aussi mettre encore plus de moyens sur la propreté et la sécurité. La tranquillité de nos concitoyens n’est pas négociable. Cela signifie plus de caméras de vidéosurveillance (80 en début de ce mandat, 110 en 2018 et 200 en fin de mandant en 2020), plus de policiers municipaux et de plus en plus de « voisins vigilants ».

L’ANTIBOIS : Avez-vous enregistré des résultats en matière de sécurité ?
J.L. : Aujourd’hui, la délinquance de rue a baissé à Antibes tout comme les cambriolages ce qui est loin d’être le cas partout en France. Cela est imputable à l’augmentation de nos patrouilles, aux opérations sentinelles, à notre police municipale qui travaille de concert avec la police nationale.

L’ANTIBOIS : Sur le plan économique, Galderma comme Intel, licencient et quittent Sophia. Quelle est la situation de la Technopole ?
J.L. : La Technopole est toujours la 1ère d’Europe et a enregistré une augmentation de plus de 1 000 emplois depuis quatre ans. L’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse dit un proverbe chinois. Texas a été remplacé par Amadeus, Intel par Renault, j’ai bon espoir pour Galderma. Aujourd’hui, Mercedes Benz va ouvrir un centre de design à Sophia et la société de messagerie américaine, Symphony, a choisi Sophia pour installer son centre européen… Tout cela est lié au site universitaire que nous avons pu mettre en place grâce au soutien financier du Département des Alpes-Maritimes et au « Business Pôle de Sophia-Antipolis » qui est une pépinière de startups.

Propos recueillis par Pascal Gaymard