À plusieurs reprises, j’avais croisé sa grande carcasse et à chaque fois, les conversations avaient été savoureuses, tant il ne connaissait mieux que personne le microcosme niçois et départemental.
Son Ficanas et sa Liberté
Son journal, « Le Ficanas », pourrait en remontrer à bien des blancs-becs qui se croient journalistes. Lui, ne revendiquait qu’une cause, qu’une déesse, qu’un titre, la liberté, être un homme libre. Pour la défendre, il était prêt à montrer les dents et ses coups de griffes faisaient mal à l’impétrant qui avait osé la flouer, sa liberté. Sa verve n’avait d’égale que sa bonhomie lorsqu’il vous avait adopté. Doué d’une culture immense, de formation économique, il était curieux de tout, le propre du bon journaliste. Ce qu’il détestait par-dessus tout, les petits roquets, les je-sais-tout, les « mange-merdes », les « Roumpé Baia », comme il disait en niçois. « Sieu Nissart, m’en bati ! », était sa devise.
Un touche-à-tout curieux de tout
Sous Jacques Médecin, il avait créé la première agence niçoise pour l’emploi avant de se lancer dans la publicité, les événements festifs, l’écriture de livres, de pièces, de chroniques télé et radio. Professeur d’Université, il enseignait la communication avec toujours autant de passion qu’il mettait dans tout ce qu’il faisait. À ses heures, il conseillait les hommes politiques et il n’était pas rare de le croiser lors des soirées électorales. Tout était sujet de discussions interminables avec lui, l’histoire, les sciences, la recherche, les nouvelles technologies… Il ne se prenait jamais au sérieux, la preuve des grands hommes, et savait se moquer de lui-même avant de rire des autres. Son humour était ravageur, ce qui provoquait l’agacement pour certains, l’attachement pour d’autres qui se disaient ses amis.
Le journalisme et les Arts
Combien de mesquineries, de magouilles, de malversations a-t-il dénoncées ? Parfois, Le Monde, voire Médiapart ou Le Canard Enchainé, reprenaient ses articles. Son obstination pouvait s’avérer féroce. Ces dernières années, il s’était retiré à Saint-Paul-de-Vence en ne se consacrant plus qu’au journalisme, son Ficanas qui avait plus de 5000 abonnés sur le web. Les arts aussi l’intéressaient toujours, lui qui avait été le vice-président de l’UNAM (Union méditerranéenne pour l’Art Moderne). Sa présidente, Simone Dibo-Cohen, lui a rendu un vibrant hommage… C’était le 31 octobre au soir, il faisait nuit, et Christian Gallo nous a quittés. Fichu confinement, fichue nuit, fichu temps !
Pascal Gaymard