Oui mais voilà, ce 28 décembre 2025, Brigitte Bardot, BB, l’icône, est partie, elle a tiré sa révérence, elle s’en est allé là-haut, au firmament des étoiles… Elle avait 91 ans.
L’exposition à Lympia de Henri-Jean Servat
En septembre 2025, elle avait subi une petite intervention chirurgicale qui l’avait cloué trois semaines à l’hôpital. Deux ans plus tôt, en janvier 2023, c’était une insuffisance respiratoire qui l’avait immobilisée… Puis, fin novembre dernier, elle avait à nouveau connu les affres d’un retour à l’hôpital mais elle en était ressortie. Ses proches comme Henri-Jean Servat, journaliste et commissaire de l’exposition « Les Petites Chéries de la Côte d’Azur » à l’Espace Culturel Lympia de Nice, le savait. Il l’avait révélé, le mercredi 17 décembre dernier, lors d’une présentation au cinéma Jean-Paul Belmondo, géré par le Département 06, de « Colinot Trousse Chemise » (1973), le dernier film de BB au cinéma. Ce soir-là, il avait clairement évoqué la précarité de son état de santé. Cette projection se voulait être le prélude à l’inauguration de l’exposition du samedi 20 décembre suivant. Que d’émotions ce jour-là en découvrant les trésors de sa collection personnelle qui faisait revivre le mythe de BB. Quand Henri-Jean Servat parle de « sa » Brigitte, il y a les accents du cœur qui vibrent, elle revit, elle est là… Insolente, mutine, libre… Elle le sera encore le 5 avril 2026 avec « Le Mépris » au cinéma JP Belmondo…
La rencontre avec Vadim « Et Dieu créa la Femme »
Car BB, ce n’est pas seulement une actrice, une chanteuse (Plus de 80 chansons), une passionaria de la cause animale, BB est un mythe, une légende, une immortelle. La représentation de la Femme des années 50 qui n’avait aucun droit que celui d’être une épouse fidèle, dévouée et féconde. Elle sera tout le contraire. A 16 ans, elle rencontre Roger Vadim, alors l’assistant de Marc Allégret. Le cinéma, elle en a fait comme le mannequinat. Ce qu’elle veut, c’est devenir danseuse étoile ! Elle danse depuis l’âge de 7 ans au cours Bourgat. En 1949, la voilà au Conservatoire de Paris. Elle n’a que 15 ans quand la rédactrice en chef d’ELLE magazine la repère et en fait son égérie pour la mode « Junior ». Avec Roger Vadim, elle découvre l’amour mais sa famille refuse qu’elle se marie avec lui. Une tentative de suicide plus tard, elle sera mariée mais pas avant ses 18 ans… Mais que faire pour gagner sa vie ? Ils décident de réaliser un film en 1956, à St Tropez, où Brigitte a l’habitude de passer ses vacances d’été en famille. Elle connaît tout de ce village maritime… Elle est comme chez elle et le film va s’en ressentir. La scène de son Mambo avec un Noir dans le film sera interdit aux États-Unis…
Mama Horstig
« Et Dieu créa la femme », quel beau titre pour la plus belle d’entre elles ! C’est plutôt : « Et Vadim créa BB » qu’il faudrait écrire. L’acteur principal est un jeune premier, Jean-Louis Trintignant. A force que Vadim lui dise : « Mais aime-le ! ». Elle obéit et tombe follement amoureuse de Jean-Louis… Elle est comme ça, Brigitte. Elle n’écoute et ne suit que ses instincts. Toute sa vie sera ainsi, du moins tant qu’elle sera une actrice. Elle passera d’un homme à l’autre au gré de ses humeurs et de ses coups de cœurs… Tout va trop vite pour l’époque. Elle affirme sa féminité, la revendique, la sublime. C’est elle avec Mama Horstig, son agent, qui choisit ses rôles, les moments où elle se déshabille ou pas, avec qui elle veut tourner. Tout ce qu’elle porte devient la mode du moment. Elle revendique avant tout sa liberté : de ton, d’action, de geste. Elle a fait bien plus pour la cause de la Femme que tous les mouvements féministes passés et actuels de la planète ! Avec elle, pas de guerre de sexe, seulement le droit à l’égalité.
Ses hommes…
Son corps, elle en dispose comme elle l’entend. Des avortements, oui, elle en a eu. Sa grossesse, oui, elle la refusera et laissera son fils, Nicolas, à son mari, l’acteur, Jacques Charrier, connu sur « Babette s’en va en guerre ». Elle n’est pas faite pour être mère à l’époque. Cela lui vaudra toutes les foudres de la bien-pensance, la même qui la condamnera quand elle défendra plus tard la cause animale. Car au plus haut de sa gloire, la voilà sur la banquise pour interdire le massacre des bébés phoques. La photo fera le tour du monde. Dès qu’elle arrive quelque part, c’est l’émeute comme au Festival de Cannes en 1967 avec Gunther Sachs où elle faillit mourir étouffée… Ce dernier avait déversé 10 000 roses sur la Madrague à St Tropez avant de sauter en parachute pour la rejoindre et lui demandait de l’épouser… Il sera l’un de ses hommes comme Gilbert Bécaud (après Trintignant), Sacha Distel (très bref), Serge Gainsbourg (3 mois intenses), Samy Frey, Warren Beatty… Celui qui compte, c’est le dernier comme l’a chanté Piaf ou Johnny dans les « Tendres années ». ce sera Bernard d’Ormale qui en 1992 deviendra son 4ème et dernier époux. On lui transmet toutes nos condoléances.
48 films dont quelques chefs d’œuvres
En ce temps-là, le cinéma est bien loin. Ce qui occupe Brigitte, c’est sa Fondation pour la protection animale. Pour elle, elle vendra tous ses souvenirs, elle ne gardera rien de ses heures de gloire. Les animaux, voilà ses amours. Son dernier combat, la chasse à courre qu’elle voulait interdire car trop cruelle. Ce combat, tout le monde s’en est moqué au départ. Aujourd’hui, elle a plus fait pour la cause animale que toutes les campagnes publicitaires… Cela, elle le doit à 48 films seulement dont quelques chefs d’œuvres inoubliables : outre « Et Dieu créa la Femme », « En cas de malheur » avec un face-à-face électrique avec le « Vieux », Jean Gabin, « La Vérité » de Henri-George Clouzot, un sale type qui pourtant lui a donné son plus grand rôle, « Le Repos du Guerrier » aux côtés de Robert Hossein à l’heure où Marilyn meurt, son amie, « Le Mépris » de Jean-Luc Godard avec un Michel Piccoli qui aime tout de BB, y compris ses fesses…, « Vie Privée », inspiré de sa vie, « Viva Maria ! », tous deux de Louis Malle, le second avec Jeanne Moreau, « Shalako » avec Sean Connery, « L’Ours et la Poupée » de Michel Deville, « Les Pétroleuses » de Christian Jaque avec une autre de ses grandes amies, Claudia Cardinale. Aujourd’hui, un documentaire, « BARDOT » lui rend hommage…
Politique, Patriote et Française
« Inutile, lâche, menteur », voilà ce qu’elle disait de l’actuel président de la République, Emmanuel Macron. Elle n’avait guère été plus modéré avec tous les autres hormis le Général De Gaulle. Tous lui avaient fait des promesses jamais tenues y compris Jacques Chirac qu’elle a aimé plus que d’autres. BB a été une immortelle Marianne à ses débuts en 1964, la plus belle jamais égalée. On l’a vu aux côtés de l’Abbé Pierre sur le mal logement en France, elle a dénoncé l’immigration, l’abattage des moutons lors de fêtes musulmanes lui ont valu de nombreuses condamnations. Elle a toujours dit ce qu’elle pensait avec une simplicité désarmante. Son amitié avec Jean-Marie Le Pen, elle l’a revendiquée. Face au courrier si important qu’elle recevait, elle a toujours répondu manuellement avec cette belle écriture ronde à l’encre bleue. Pour elle, la France, c’est : « L’élégance, l’érudition, la souveraineté, l’humour, le talent, le charme, le goût, et l’amour »… Tout un programme qui manque cruellement aujourd’hui… Une patriote avant tout… Quand les choses devenaient trop graves, elle préférait s’étourdir dans des fêtes à la Madrague, son refuge, où Chico et ses Gipsys étaient toujours conviés…
La France ? De Gaulle, la Tour Eiffel et BB…
Si les femmes l’ont copié, jalousé, insulté parfois, elle a été l’amie fidèle de beaucoup d’entre elles. Romy Schneider qui est venue à La Madrague avec Alain Delon qui a été son ami sans jamais être son petit copain (à BB)… Mais aussi Sylvie Vartan, Dalida, Marina Vlady, ou Joséphine Baker qu’elle a sorti de la ruine… Le cœur de BB est énorme… Tout comme son intelligence. Elle a traversé deux siècles en imposant ses idées, en faisant trembler les puissants par ses prises de position surtout en faveur des animaux, en disant tout haut ce qu’elle pensait en se moquant de la bien-pensance. Le Général De Gaulle disait : « La France ? C’est la Tour Eiffel, moi et Brigitte Bardot ». Les deux ont été les seules personnalités françaises a déclenché des émeutes partout où ils passaient. Brigitte a été internationale, elle a influencé le monde. Les Femmes et les Animaux lui doivent TOUT. Sans elle, la condition féminine n’aurait jamais fait le bond qu’elle a fait dans les années 50/60. Quant à la cause animale, elle n’intéressait PERSONNE avant Bardot ! Repose en paix BB, tu as bien mérité ce repos auprès de tous ceux que tu aimais et qui nous ont quitté trop tôt, qui ont été tes amis. Les autres, tous les autres, seront bientôt à tes côtés… Mais tu ne nous empêcheras pas de te pleurer… éternellement…
Pascal Gaymard












