FESTIVAL DE CANNES : Clins d’œil sur le Festival, version 2…

L’ambiance à Cannes est tout simplement unique ses affiches de films placardées sur les murs en version géante, ses annonces de films sur la devanture des grands hôtels, cet affichage partout prouvant que sommes bien dans la cité du cinéma…

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Du glamour, de l’élégance à tous les coins de rues, des magasins qui se parent de leur plus belle vitrine, le Festival, c’est, le sacre de la beauté ! C’est un moment hors du temps. Je me promène sur la Croisette entre les palmiers, la plage et sa Méditerranée, les hôtels les plus emblématiques, le quartier du Suquet… Je passe par le marché de Forville, arpente les rues étroites du vieux Cannes et ses façades colorées, ses cafés pittoresques ou encore ses boutiques d’artisans locaux. Je m’offre même une petite escapade sur l’île St Honorat où je découvre l’abbaye de Lérins, véritable oasis de tranquillité et un environnement de verdure et de criques aux eaux cristallines, époustouflantes de beauté. Bref, entre deux films, je me permets des moments de pause… Mais il faut très vite revenir aux salles de projection…

“Banel e Adama”, Khady Mane a tout d’une grande

Dans la salle Agnès Varda, cette grande dame du cinéma, je découvre le premier film de la réalisatrice franco-sénégalaise, Ramata-Toulaye Sy, “Banel e Adama”, présenté en Compétition Officielle. Ce film nous raconte l’histoire de jeunes gens qui s’aiment intensément dans un village isolé au Nord du Sénégal. Leur univers se limite à leur relation, ignorant tout ce qui se trouve à l’extérieur. Cependant, leur amour profond va se heurter aux conventions de la communauté. Dans l’endroit où ils vivent, il n’y a pas de place pour les sentiments passionnés, encore moins pour le chaos. Sur le papier le film me paraissait plutôt bien, un conte d’une grande poésie et d’une originalité totale, pour évoquer un sujet plutôt politique et sociétal, offrant le portrait d’une femme prête à tous les sacrifices, au sein d’une communauté pourtant très réglementée et archaïque. Malgré tout j’en ressors assez déçue. Il est vrai qu’une fois que le cadre posé, le contenu reste à mon goût plutôt mince rien ne relançant la dynamique du film dans sa longueur. Finalement il s’appuie essentiellement sur son esthétique, pour le coup des prises de vue très belles, et sa protagoniste principale, Khady Mane, qui porte le film alors que c’est sa première expérience devant la caméra…

“Breaking Ice”, un trio amoureux dynamique et attachant

Dans la sélection officielle, “Un Certain Regard”, je découvre “Breaking Ice” (Un hiver à Yanji) d’Anthony Chen. L’histoire se déroule à Yanji, ville du Nord de la Chine à la frontière de la Corée. Haofeng se rend, en plein hiver, à Shanghai pour un mariage et se sent un peu désorienté dans cet environnement. Il va rencontrer Nana, jeune guide touristique. Celle-ci va lui présenter son ami Xiao, cuisinier. Les trois vont rapidement tisser des liens étroits qui les poussent à faire face à leur propre histoire et à leurs secrets. Leurs désirs endormis commencent alors à se réveiller progressivement, tout comme les paysages et les forêts enneigées du Mont Changbai. Cette histoire, qui fait penser à “Jules et Jim”, présente des scènes magnifiques, des images marquantes et de superbes décors avec des captures de paysages enneigés très belles. J’ai beaucoup aimé la manière dont est captée la tension sexuelle à travers une dynamique triangulaire très attachante. Cependant certains points d’explication et de finalité m’ont manqué surtout sur le pourquoi du comment Xiao était recherché…

“Club Zero”, un candidat au palmarès…

En suite de programme j’ai assisté à la projection du documentaire “Godard par Godard”, en hommage au célèbre cinéaste. Réalisé à partir d’archives par Jean-Luc Godard lui-même, ce film m’a permis de (re)découvrir son parcours assez unique et extraordinaire. Toujours à la recherche du nouveau film, de recherches artistiques innovantes, sans jamais se tourner vers son passé pour une vie qu’il a dédié au cinéma… Le bonheur est parfois en dehors de Cannes, à La Bocca, au Cineum IMAX où j’ai pu assister à la projection du film “Club Zero” de Jessica Hausner. Présenté en Sélection Officielle, ce film nous emmène dans le sein d’un lycée d’élite, dans un espace-temps non défini, et dans une mise en scène incroyable. Un groupe d’élèves assiste au premier cours de nutrition dispensé par une enseignante nommée Miss Novak, jouée par l’excellente, Mia Wasikowska. Elle promeut une méthode révolutionnaire appelée « l’alimentation consciente », visant à contrôler strictement le régime alimentaire des adolescents pour purifier leur corps et leur esprit. La situation prend rapidement une tournure dangereuse, ce qui ne surprend personne, sauf les personnages eux-mêmes. J’ai particulièrement apprécié la façon dont la réalisatrice déploie un humour cynique persistant qui se moque de tous les personnages de manière dérangeante et agaçante, notamment avec Elsa Zylberstein et Mathieu Demy qui offrent des performances hilarantes en jouant le rôle de parents dépassés et ineptes face à la situation. Mais aussi sa façon de représenter les problèmes qui affligent son époque et cette façon de chercher à provoquer le malaise, on en retiendra une scène en particulier ; celle d’un vomi ingurgité, qu’ont dû craindre les émétophobes. Je vois bien ce film au palmarès pour le côté assez étrange du film qui devrait plaire à Ruben Ostlund.

“The Idol”, érotisme et perversité avec Lily-Rose Depp…

Et me voilà une nouvelle fois sur les Marches pour la projection, en Hors Compétition, du film de Sam Levinson, “The Idol”. Il s’agit là d’une première à Cannes avec la présentation de 2 épisodes pour présenter une série américaine. Un casting magnifique avec Lily-Rose Depp et The Weeknd. Lily-Rose Depp y joue Jocelyn, jeune ado résolue à retrouver son statut de popstar la plus populaire et sexy d’Amérique après une tournée marquée par une dépression nerveuse suite au décès de sa mère un an plus tôt. Tedros, campé par The Weeknd, est un propriétaire de boîte de nuit au passé obscur. Il va raviver sa passion et lui faire découvrir d’autres faces cachées d’elle-même. Mais cette nouvelle romance la propulsera-t-elle vers les sommets de son art, ou la précipitera-t-elle dans les profondeurs de son être ? Cela sera à découvrir dans la suite des épisodes. C’est un film très érotique, on y voit beaucoup de nudité mais à juste titre qui présente une jeune femme en tant que femme objet. La série gagne en intérêt grâce à l’emprise grandissante que Tedros exerce sur Jocelyn, ce qui pourrait potentiellement la transformer en un thriller captivant. Tedros se révèle être un homme toxique et un pervers narcissique. Je suis curieuse de voir la suite pour savoir où cette dynamique nous conduira.

“Asteroid City”, Scarlett Johansson Presque à mes côtés…

Que dire encore d’ “Asteroid City” que je voulais voir car j’adore… Scarlett Johansson. J’ai pu monter les Marches presque à ses côtés… Quel grand moment ! Le film de Wes Anderson, lui, était présenté en Compétition Officielle avec un casting grandiose avec, outre Scarlett Johansson, Tom Hanks, Steve Carell ou encore Margot Robbie… Tout se passe en 1955, à Asteroid City, petite ville nichée dans le désert au Sud-Ouest des États-Unis. Cette ville minuscule est connue pour son immense cratère de météorite et son observatoire astronomique voisin. Durant une convention d’astronomes amateurs, « Junior Stargazer », la ville accueille cinq enfants surdoués dans le milieu scientifique pour présenter leurs inventions devant militaires et astronomes. Pendant ce temps, d’étranges phénomènes vont avoir lieu… La mise en scène sous forme de théâtre grandeur nature plutôt atypique m’a beaucoup plu avec une maîtrise et une ingéniosité, parfaites. Il combine très bien les deux univers parallèles mis en avant ; une troupe de théâtre en répétition dans un making-off en noir et blanc, et des personnages évoluant dans une petite ville aux couleurs des années 50. Cette fusion crée une expérience cinématographique unique, une puissance narrative et une dynamique loufoque très appréciable.

“Cannes chante le cinéma”, Magique !

Enfin, à la dernière minute car il était indiqué comme complet, j’ai eu la chance de pouvoir finir mon séjour à Cannes en assistant, au concert “Cannes chante le cinéma”, le jeudi 25 mai 2023 sur la plage Macé. Ce concert, organisé par France Télévision et sera diffusé le samedi 27 mai sur France 2. Des artistes brillants qui tous ont chanté le cinéma en rendant hommage à ce noble Art… Un concert en plein air, par une météo d’été, dans un cadre magnifique sous fond de bruit de vague. Qui dit mieux ! Ce concert filmé m’a aussi permis de découvrir un tournage d’émission de l’intérieur. J’ai déjà eu l’occasion d’assister à des tournages de film mais celui d’une émission reste différent. Il faut suivre les indications du chauffeur de salle afin d’applaudir aux bons moments, chanter avec l’interprète, se lever pour une standing ovation. De plus, n’étant pas en direct, cela permet aussi de refaire, parfois, des séquences et des chansons qui comportent un problème technique au moment du tournage. C’était une nouvelle expérience très intéressante. Les artistes présents se sont produits, pour certains en solo d’autres en duo, en interprétant les plus grandes chansons des films français et internationaux. Accompagnés par l’Orchestre National de Cannes, dirigé par Benjamin Levy, c’était juste incroyable à écouter. Un moment hors du temps ! Parmi les artistes que j’ai eu la chance d’entendre et de voir Sofiane Pamart, Louane, Catherine Ringer, Thomas Dutronc, Alex Lutz, Lambert Wilson, Elodie Frégé ou encore Christine and the Queen pour clôturer cette belle soirée qui finalise en beauté mon séjour à Cannes. Bien sûr, samedi je suivrai le palmarès et je suis déjà prête pour réitérer l’expérience l’an prochain et découvrir de nouvelles œuvres cinématographiques uniques, audacieuses au travers d’histoires captivantes. Je suis parti avec des souvenirs impérissables, des images plein la tête, et une fascination encore plus grande pour ce monde magique et cette cité de rêve…  Alors, à l’année prochaine !

Marie Bourdel

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