Et il y en a une qui a brillé par son absence mais dont le nom était sur toutes les lèvres : Léa Seydoux. Avec ces quatre films en Compétition Officielle, elle aurait dû monter les Marches tous les deux jours avec un film en Compétition. À chaque fois, ces personnages ne sont pas des potiches mais bien des femmes décidées à prendre leur destin en main.
Hymne à Léa Seydoux
Qu’elle soit gardienne de prison d’un artiste génial, Benicio del Toro dans THE FRENCH DISPATCH de Wes Arderson, ou maîtresse d’un écrivain célèbre dans TROMPERIE d’Arnaud Desplechin, ou reine des médias et de l’info dans FRANCE de Bruno Dumont, elle n’a peur de rien ni de personne. Avec morgue et un certain dédain qui ne la quitte pas, cette moue boudeuse, elle est LA femme de son temps. Mais c’est dans L’HISTOIRE DE MA FEMME de la Hongroise, Ildiko Enyedi que sa performance est la plus remarquable. Elle est l’épouse supposée infidèle d’un loup de mer, Gijs Naber (génial), trop souvent absent de son toit. Avec tout ça, comment le prix d’interprétation féminine pourrait-il lui échapper ? Et puis, il y a celle par qui le scandale est arrivé à Cannes avec des gens qui sont sortis de la salle pour vomir… J’ai parlé de la réalisatrice de TITANE, Julia Ducourneau (Grave) qui a trouvé en la personne de l’influenceuse, Agathe Rousselle, son alter ego pour une histoire forte teintée de violence, de sexe et de… titane…
Toujours debout…
Que dire encore de toutes les femmes des OLYMPIADES, Lucie Zhang, Noémie Merlant ou Jehnny Beth qui font tourner en bourrique Makita Samba… Dans LES INTRANQUILLES, Leila Bekhti doit supporter le bipolarisme de son compagnon, Damien Bonnard, en étant encore plus forte…pour deux voire trois avec son enfant. Nous n’oublierons pas Valérie Lemercier, réalisatrice et actrice d’ALINE, pour le biopic non autorisé sur Céline Dion… Il y a aussi toutes ces femmes croisées dans la sélection officielle, Un Certain Regard, celles de FREDA, de WOMEN DO CRY ou encore de NOCHE DE FUEGO, violées, violentées, utilisées et pourtant toujours debout comme pour prouver aux hommes qui les tourmentent que rien ne peut les atteindre ou les mettre à terre…
Des Légionnaires à Haut et Fort
Comment oublier aussi les compagnes des LÉGIONNAIRES de Rachel Lang qui attendent le retour hypothétique de leurs soldats de maris. Elles aussi doivent supporter les doutes, les tentations, les crises de découragement. Mais la Palme d’Or revient à ces adolescentes de HAUT ET FORT de Nabil Ayouch. Dans un Maroc tourmenté par les traditions imposées aujourd’hui par les frères musulmans, elles doivent se battre aux côtés de l’autre sexe pour imposer leur droit à la culture, au hip-hop, au rap, le droit de faire de la musique, de danser, de vivre tout simplement leur vie sans tutelle abusive, ni conseils de pseudo religieux. Oui, HAUT ET FORT était bien le dernier grand coup de poing de ce Festival qui n’en a pas manqué…
Véronique Rosa
Photo : Dominique Maurel