Lors du dernier Festival de Cannes, il y avait deux films qui traitaient de sujets sur l’Europe de l’Est et sur l’oppression de la censure communiste : LETO pour la Russie et COLD WAR pour la Pologne. Entre cette danseuse rurale, Zula (Joanna Kulig), et ce directeur musical d’un programme culturel, Wiktor (Tomasz Kot), il y a le fossé de la classe sociale, de l’éducation, du niveau et pourtant, ils s’aiment comme des fous, à travers les années et les épreuves. Tourné en noir & Blanc, le film de Pawel Pawlikowski est une pure merveille, une romance comme plus personne n’en fait, qui fait penser à ce film culte d’Ettore Scola, Nous nous sommes tant aimés… Avec IDA, le réalisateur polonais avait prouvé toute l’étendue de son talent, il confirme avec COLD WAR qui est un authentique chef d’œuvre de subtilité, de beauté, d’émotion sans jamais tomber dans un pathos racoleur. Derrière cet amour impossible, il y a aussi une critique terrible et définitive de l’absence de liberté derrière le rideau de fer, la manipulation aussi… Si à l’Est, on risque sa vie, à l’Ouest, c’est son âme que l’on peut perdre… Ces deux personnages ne sont vraiment libres et heureux que lorsqu’ils sont ensemble, seuls au monde et contre le reste du monde… COLD WAR a séduit le Jury du dernier Festival de Cannes où ils ont choisi de lui remettre le Prix de la Meilleure Mise en Scène. Si cette récompense était méritée, certains dont nous étions, le voyait bien repartir avec la Palme d’Or…

Pascal Gaymard