Après les Gilets Jaunes et les grèves, la crise du Covid-19 et un nouveau problème dont se seraient bien passés les artisans. Tour d’horizon de la situation avec le président de la CMAR, Jean-Pierre Galvez.
Jean-Pierre Galvez : Comment les artisans ont-ils vécu cette période de confinement ?
Le Petit Niçois : Ce sont 99% des artisans qui ont été impactés par cette crise. Plus de la moitié de ces entreprises n’étaient plus en activité lors du confinement et c’est le secteur des services qui a été le plus touché avec 52% des entreprises comme les esthéticiennes, les coiffeurs…Même chose, pour les travailleurs du bâtiment ou de l’alimentation comme la boulangerie qui ont vu leur chiffre d’affaires diminué puisque même ouvert, ils ne pouvaient plus compter sur le snacking. Pour les très petites entreprises, il s’est rapidement posé le problème de la trésorerie. Il ne faut pas non plus oublier que cette crise intervient après d’autres événements qui avaient touché certaines entreprises, comme les Gilets Jaunes et les grèves.
J-P G : Quelle est la situation aujourd’hui ?
LPN : Il est encore trop tôt pour faire un constat, mais une enquête montre que le taux d’activité des artisans est encore très faible. On sait qu’il s’agit pour beaucoup d’une année fichue. On ne récupère pas deux mois d’inactivité totale… De plus, il faut aujourd’hui prendre en compte le contexte sanitaire. Dans une petite boutique, il est difficile de mettre en place les mesures de distanciation sociale et d’appliquer les gestes barrières, ce qui limite aussi la reprise du travail. C’est extrêmement compliqué de travailler avec des visières ou des masques ou de trouver le matériel pour aménager ses locaux. Mais les artisans sont pragmatiques. Nous savons qu’il faut faire avec, nous devons nous adapter.
J-P G : Quelles mesures économiques faudrait-il prendre selon vous face à cette crise ?
LPN : La grande majorité des entreprises restent dépendantes des aides financières pour surmonter la crise. La CMA France a été d’un grand soutien auprès des artisans en formulant des demandes auprès de l’Exécutif pour soutenir l’activité artisanale avec notamment l’annulation des charges sociales. J’appelle de mes vœux à ce que cette mesure soit renouvelée compte tenu du contexte économique. La CMA demande aussi un soutien massif de l’État en faveur de l’économie circulaire pour que l’argent reste sur le territoire. Qu’il aille du consommateur, à l’artisan, de l’artisan au commerçant… Notre tête de réseau a également demandé la défiscalisation des heures supplémentaires, la création d’un dispositif d’amortissement pour les prêts de trésorerie et de créer de nouvelles mesures incitatives pour le recrutement des salariés et des apprentis. Ceux que nous formons aujourd’hui sont les repreneurs de demain.
J-P G : Quel soutien peut apporter la CMA aux entreprises ?
LPN : Nous sommes aux côtés des entreprises de notre secteur, au quotidien, pour les aider et les conseiller pour qu’elles puissent trouver les dispositifs auxquels elles ont droit ou le matériel dont elles ont besoin pour redémarrer. Même pendant le confinement, nous ne les avons jamais quittés. Nous avons créé une plateforme téléphonique unique (ndlr : 09 800 806 00) pour l’ensemble de la Région avec une escouade de 120 collaborateurs destinés à répondre au mieux aux besoins des artisans. Face aux manques de certains artisans dans le domaine du numérique, nous avons réalisé avec le soutien de la Région des tutoriels vidéo sur notre chaîne YouTube afin de les aider à prendre en main les outils digitaux : faire ses démarches en ligne, communiquer à distance avec ses clients, passer au e-commerce…etc. Cette action a été extrêmement appréciée. Nous avons aussi créé une carte géolocalisée baptisée « artisans présents » qui permet d’apporter de la visibilité en plus.
Propos recueillis par Andy Calascione