Anémone : Le Père Noël pleure Thérèse…

Il y a parfois des disparitions qui sonnent faux, comme une partition inachevée d’un Opéra que son auteur n’aurait pas eu le temps de finir. Anémone est morte à 68 ans des suites d’une longue maladie.

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Comment le croire ? Comment croire que Thérèse qui tricotait si bien une belle serpillière/gilet pour Thierry Lhermitte a tiré sa révérence ? Comment imaginer que Marcelle du Grand Chemin s’en est allée ? Dans ce film si émouvant qui lui avait permis de décrocher un César de la Meilleure Actrice, elle donnait la réplique à un autre écorché vif, Richard Bohringer. Et ces deux natures avaient donné une telle humanité au film de Jean-Loup Hubert que la France du cinéma en avait été bouleversée. C’était en 1988… Mais Anémone était aussi une militante écolo de la première heure, soutenant en 1988 la candidature d’Antoine Waechter à la présidentielle. Elle avait voulu faire de cette récompense une tribune pour mobiliser la terre entière sur les méfaits de l’homme à la nature… Elle laissera le trophée sur scène durant la cérémonie… Anémone, c’est avant tout une gouaille et un caractère.

20 pièces, 70 films…

Rien ne prédestinait Anne Bourguignon à être Anémone, la coqueluche du café-théâtre, l’une des figures de la troupe du Splendid avec qui elle mettra en image la pièce cultissime, Le Père Noël est une ordure. Sans elle, se souviendrait-on de SOS Amitié et de cette folle nuit de Noël à bavasser avec son Jules, alias Thierry Lhermitte alias Pierre Mortez ? Les comédies se succèdent : Ma femme s’appelle reviens, Viens chez moi, j’habite chez une copine, Le Mariage du siècle… Mais ce serait oublié trop vite qu’outre Le Grand Chemin, Anémone a aussi joué dans des films plus difficiles où l’immense palette de son talent a pu donner sa libre expression comme dans Le petit prince a dit de Christine Pascal, Péril en la demeure de Michel Deville, ou encore Pas très catholique de Tonie Marshall. Elle avait osé comparer le Festival de Cannes au « Salon de l’agriculture en moins chaleureux ». Le vedettariat, elle l’avait toujours refusé, ne désirant pas devenir « un paquet de lessive que l’on prend et que l’on jette ». Au final, Anémone, c’est 20 pièces de théâtre, plus de 70 films avec une retraite qu’elle avait annoncé en 2017 après Nœuds au mouchoir. Thérèse n’est plus, qui va tricoter pour nous désormais ?

Pascal Gaymard