CARROS – Yannick Bernard : « Ma méthode ? L’esprit d’équipe »

En 2008, Yannick Bernard entre au conseil municipal, 12 ans plus tard, l’enfant de Carros en est devenu le maire.

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Plutôt que parler d’engagement politique, Yannick Bernard préfère parler de « son parcours citoyen ». Un parcours associatif et sportif qui le poussera à rejoindre le conseil municipal en 2008 sur la liste de Paul Mitzner et à poursuivre en 2014 sur celle de Christine Charles. Il s’est livré au Petit Niçois.

LPN : Pouvez-vous nous raconter votre entrée en politique ?

Yannick Bernard : Je me suis toujours senti citoyen de ma commune, celle que j’aime, celle dans laquelle j’ai grandi. Mes parents ont toujours été engagés, mon père, Jean-Marc, a été le mandataire financier de toutes les campagnes d’Antoine Damiani. Ma mère a présidé Carros Natation pendant des années. Paul Mitzner était un ami de mes parents, il me connaissait depuis mon plus jeune âge. En 2008, il décide de se présenter aux élections municipales et il me propose d’être numéro 3 sur sa liste. J’avais 32 ans, c’était un nouveau challenge. Compétiteur et curieux par nature, j’ai immédiatement dit oui. Politiquement, je me sentais très proche de Philippe Seguin, un grand monsieur. Cette droite sociale et humaniste m’a toujours inspiré, elle manque d’incarnation aujourd’hui. Il me semble que la droite est à présent coupée en deux. Il y a celle qui court derrière le RN et l’autre qui se jette dans les bras du macronisme, je crois à une troisième voie.

LPN : 2008, 2014, 2020, trois campagnes, trois engagements différents. Quand et comment avez-vous décidé d’être tête de liste ?

YB : En 2017, je me suis dit que si je devais repartir sur une troisième campagne, je le ferais en tant que tête de liste. Je n’ai pas l’âme d’un suiveur, passé le temps de l’apprentissage, j’ai très vite ressenti l’envie d’agir, d’être acteur. Si vous me donnez le choix entre regarder un match et entrer sur le terrain, je n’hésite pas une seconde. Le premier mandat a été celui de l’apprentissage, j’ai beaucoup écouté, j’ai beaucoup travaillé, je voulais tout comprendre. Sur le second mandat, je me suis forgé des convictions et, après de nombreux désaccords avec mon prédécesseur, j’ai décidé d’être candidat et de proposer un autre chemin aux Carrossoises et aux Carrossois.

LPN : Quelles ont été les réactions à l’annonce de votre candidature ?

YB : Il y a eu deux types de réactions. Celle des Carrossois, ceux qui me connaissent depuis l’école ou le collège. Ils m’ont clairement soutenu et encouragé dès le début. Pour eux, j’étais l’enfant du pays et je portais l’espoir d’une autre méthode de gouvernance, plus proche et plus dynamique. Ensuite, il y a eu celles et ceux qui ont essayé de me décourager « Tu es trop jeune, tu ne sais pas à quoi tu t’attaques, tu vas te casser les dents… ». Je ne me suis pas découragé et avec mon équipe, nous avons continué à travailler. Clairement, mon adversaire n’y croyait pas, il ne m’a pas vu venir, et c’est tant mieux. Cela m’a permis d’avancer plus sereinement. J’ai travaillé pendant douze ans au plus près des habitants et ma campagne, je l’ai faite avec eux. Ceux qui me disaient de ne pas y aller ne connaissent pas suffisamment Carros, ils ne connaissent pas les Carrossois comme je les connais. Depuis l’école, en passant par ma vie de jeune actif puis ma vie familiale actuelle, j’ai vécu dans tous les quartiers de Carros, je me sens partout chez moi.

LPN : Le 4 juillet, vous êtes devenu maire, quelles sont vos priorités désormais ?

YB : J’ai le privilège et l’immense responsabilité d’être le maire de ma ville. Mes priorités restent celles que j’ai toujours défendues. La lutte contre les incivilités et la défense de la tranquillité publique. La mise en place d’une vraie démocratie participative dans laquelle le citoyen est acteur de la cité. La dynamisation du centre-ville. La prise en compte de l’environnement dans toutes nos décisions. La maitrise de l’urbanisation aux plans de Carros. Un état des lieux et les perspectives de changement seront présentés aux habitants dans le prochain magazine municipal.

LPN : Le contexte de cette élection est très particulier, comment l’avez-vous vécu ?

YB : Il y a la date tardive de l’élection qui nous a mis sous pression très rapidement. Il a fallu boucler le budget en 3 semaines. Nous avons travaillé jour et nuit. Nous avons découvert qu’il fallait emprunter 4 millions d’euros pour finir tous les projets non aboutis de mon prédécesseur ; l’école Simone Veil, le centre de santé et le parc de la Tourre. Il a également fallu effectuer une coupe de 600 000 euros pour présenter un budget à l’équilibre. Nous avons organisé la rentrée scolaire en quelques semaines, avec une école très en retard sur sa livraison, tous les élèves ont pu être répartis dans les autres écoles de la commune. Il y a bien sûr le contexte sanitaire qui rend toutes nos actions très compliquées, avec une évolution et une adaptation permanente à l’épidémie. Jusqu’ici, il n’y a aucun cluster déclaré à Carros mais nous ne sommes pas à l’abri au regard de l’évolution rapide dans notre département. Enfin, il y a eu les terribles intempéries du 2 octobre et toute la logistique de solidarité mise en place salle ECOVIE. Malgré tout cela, les choses se sont mises en place, les dossiers avancent. Ce que nous avons accompli en 100 jours dans ce contexte est très encourageant pour la suite du mandat.

LPN : Votre méthode de travail ?

YB : Elle s’appuie sur une équipe municipale. J’ai énormément travaillé sur la constitution de mon équipe. Il était essentiel pour moi de trouver de vraies compétences, des compétences partagées par des amoureux de Carros. La compétence et l’attachement à la commune sont les clés de la réussite, ce sont elles qui m’ont permis de gagner cette élection, ce sont elles qui vont permettre de faire de ce mandat un succès. Dans cette équipe, ils sont architectes, magistrats, directeurs de service, présidents d’associations, acteurs sociaux, ils sont issus de tous les quartiers et de toutes les générations. Je sais aussi pouvoir m’appuyer sur des directeurs de service riches d’expériences et de compétences complémentaires ainsi que sur des agents communaux volontaires et investis. Lors du mandat précédent, ils ont été traités comme des exécutants. Ce n’est pas ma conception du management. Un bon manager, c’est celui qui sait s’appuyer sur des compétences, qui sait les reconnaitre et les valoriser. Ceux qui pensent tout savoir, ceux qui veulent tout faire seul sont voués à l’échec. Ma méthode, c’est donc la transversalité, l’esprit d’équipe. Ce sera la clé de notre succès.

Propos recueillis par Pascal Gaymard

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