78ème FESTIVAL DE CANNES : LE REGARD DE MATHILDE VIGNAL…… Samedi 24 mai

Le Festival comme si vous y étiez s’enrichit du « Regard de Mathilde Vignal » sur son périple Cannois qui se déclinera du JOUR 1 de l’ouverture au Jour 10 de la clôture.

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Par Mathilde VignalPhotos Dominique Maurel

Cannes, jour 11 : La fin approche… et mes paris commencent !

Onzième jour à Cannes, et une chose est sûre : la fatigue se fait sentir.
Dans les salles, les silences tendus d’un drame sont parfois couverts par des quintes de toux, des éternuements ou même oui, c’est arrivé assez souvent, des ronflements assumés. Cannes est une expérience immersive à tous les niveaux, y compris sonores.

Mais alors que le Festival approche de sa fin, l’heure est venue de regarder dans le rétro… et d’oser quelques pronostics. Voici ma sélection personnelle, intuitive, forgée au fil des projections et des émotions.

Prix du Scénario : Dossier 137

Un scénario dense, tendu, intelligent. Il interroge sans manichéisme la mécanique de la vérité, avec une précision d’orfèvre. Dossier 137 se distingue par un scénario à la fois rigoureux et prenant.

Alternative : Sentimental Value

Joachim Trier signe une écriture d’une finesse remarquable : tout y est, les silences, les douleurs enfouies, les élans du cœur. Le film trouve une grâce rare dans l’équilibre entre pudeur, humour et émotion.

Prix de la Mise en Scène : Julia Ducournau – Alpha

Un style organique, viscéral, sans compromis. Chaque plan est un cri, un geste radical, une immersion dans le trouble. Ducournau impose une fois encore sa singularité.

Alternative : Richard Linklater – Nouvelle Vague

Une mise en abyme élégante et vertigineuse sur le cinéma lui-même. C’est inventif, stimulant, presque hypnotique.

Alternative qui peut plaire au jury : Bi Gan – Résurrection

Mise en scène contemplative, onirique, d’une beauté visuelle envoûtante.. Les plans pourraient être des tableaux. Chaque travelling, une vertigineuse plongée intérieure. La mise en scène porte littéralement tout le film.

Prix d’Interprétation Masculine : Guillaume Marbeck – Nouvelle Vague

Il donne chair à un cinéaste en crise avec une intériorité bouleversante. Un rôle exigeant qu’il habite avec une sincérité désarmante.

Aleksandr Kuznetsov – Les Deux Procureurs

Tout en tension, en fragilité contenue, il incarne un homme pris dans un étau moral. Sa présence crève l’écran.

Benicio del Toro – The Phoenician Scheme

Troublant, magnétique, opaque. Del Toro livre une performance brute, cynique, inoubliable.

Prix d’Interprétation Féminine : Renate Reinsve – Sentimental Value

Une présence tout en retenue, un regard qui dit tout. Elle touche juste, sans jamais forcer, avec une émotion qui affleure en permanence.

Nadia Melliti – La Petite Dernière

Une interprétation sobre, vraie, ancrée. Elle incarne avec délicatesse une femme tiraillée entre traditions et désirs personnels.

Mélanie Borros – Alpha

Rôle physique, habité, dérangeant. Une performance impressionnante de maîtrise.

Léa Drucker – Dossier 137

D’une précision glaciale, elle donne à son personnage une intensité douloureuse. Une interprétation d’une grande justesse.

Prix du Jury : Sirât – Óliver Laxe

Une œuvre poétique et méditative, qui explore le silence et la spiritualité dans un monde en perte de repères. Un choix possible pour un jury sensible à la beauté brute.

Alternative : Sound of Falling

Un film très formel, presque abstrait, qui mise tout sur le visuel et la sensation. Un pari artistique qui pourrait séduire.

Grand Prix :

Sentimental Value – Joachim Trier

Alternative : Alpha – Julia Ducournau

Un film radical, viscéral, inclassable. S’il divise, il marque. Le Grand Prix pourrait être une manière de le saluer sans prendre le risque de la Palme ce qui lui permettrait de briller sans diviser.

Palme d’Or : Sentimental Value – Joachim Trier

Un film d’une délicatesse bouleversante, qui parle de mémoire, de transmission et de ce qu’on tait en famille. Trier signe une œuvre magistrale, portée par une mise en scène élégante et des acteurs d’une justesse rare. La salle a applaudi 19 minutes. Et moi, je n’ai pas vu le temps passer.

Alternative : Nouvelle Vague

Son audace narrative, sa virtuosité formelle et son intelligence méta sur le cinéma lui-même. Nouvelle Vague est un geste de cinéma total, à la fois hommage, réflexion et expérience sensorielle. Une Palme d’Or engagée et résolument moderne pour célébrer la création elle-même.

Le palmarès sera forcément sujet à débat. Mais s’il récompense les films qui nous ont touchés, bousculés, interrogés… alors cette 78e édition aura parfaitement tenu sa promesse.

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