Il n’aura jamais varié, défendant toujours son idée de la France, lui qui s’était battu pour elle en Indochine ou en Algérie.
Élu Député à 26 ans
Ses études, ce Breton de cœur et d’esprit les fera à Paris, en Droit, où il prend la tête de la « Corpo », un syndicat d’étudiants qu’il assurera durant 2 ans. Son premier mandat, il l’avait obtenu en 1956 lors de Législatives anticipées avec comme leader, Pierre Poujade. Les 11% de voix obtenues, permettent à 52 députés d’entrer au Palais Bourbon ; Jean-Marie Le Pen en est le plus jeune à 26 ans. Son slogan préfigure sa vie politique : « Sortez les Sortants ! ». Il les estime « corrompus et incapables ». Proche de l’OAS et de l’Algérie Française, il se fâche avec Poujade jugé trop mou… Il sera le directeur de campagne du célèbre avocat, Jean-Louis Tixier-Vignancour, candidat de l’extrême droite à l’élection présidentielle de 1965 face au général de Gaulle. Puis, en 1972, avec le mouvement, Ordre Nouveau, il crée le Front National et en prend la tête. A la présidentielle de 1974, il ne réalise que 0,75% des voix… Il n’arrivera pas à recueillir les 500 signatures pour la présidentielle de 1981…
L’éveil de Dreux en 1983…
Le coup de théâtre se déroulera lors d’une élection municipale à Dreux où son fidèle lieutenant, Jean-Pierre Stirbois recueille plus de 16% des voix… En 1984, Jean-Marie Le Pen est élu député européen, un mandat qu’il conservera jusqu’en 2019. Quatre ans plus tard, le président, François Mitterrand lui fait un beau cadeau avec la réintroduction du système électoral à la proportionnelle. Enfin, il fait son grand retour sur les bancs de l’Assemblée nationale avec 34 colistiers FN. Ses « fameux » dérapages verbaux comme les chambres à gaz « détail de l’histoire », « Durafour crématoire », discours sur « l’inégalité des races »… font débat. Il a toujours nié les accusations de racisme de ses adversaires, se contentant de dire que c’est lui qui a fait entrer au Palais Bourbon, le premier parlementaire arabe, Ahmed Djebbour…
Qualifié au 2ème tour des présidentielles en 2002
Son apogée politique, il la vit le 21 avril 2002 lorsqu’il est qualifié au second tour des présidentielles avec 16,86% des suffrages soit près de 5 millions de voix. Il devance le 1er ministre socialiste de cohabitation, Lionel Jospin (16,18% des voix). Son programme parle de « préférence nationale », de « préférence familiale », et d’expulsion immédiate de « tous les immigrés en situation irrégulière ». Il affirme vouloir sortir des traités européens tout en réduisant la fiscalité. Sur le plan sécuritaire, qui va devenir l’un des thèmes cruciaux de la campagne, il montre les muscles à coups de « tolérance zéro » et de « démantèlement des bandes dans les villes et banlieues »… Au second tour, il ne fera que victime d’un « front républicain », il ne recueille que 17,79% des suffrages, victime du « front républicain » qui se réitérera plus tard jusqu’à récemment…
Retraite forcée en 2019
Ce sera son pic, le reste ne sera que la descente… En 2007, pour sa dernière présidentielle, il ne recueille que 10,44% des voix et n’est pas qualifié pour le second tour. Sa fille, Marine Le Pen qui s’occupe de la communication en conclut qu’il faut briser le plafond de verre en « dédiabolisant » le FN. En 2010, à 81 ans, il officialise ses adieux et installe à sa place, tout naturellement, Marine Le Pen qui prendra la présidence du parti face à un « historique » Bruno Gollnisch. Jean-Marie Le Pen n’apprécie guère les initiatives de sa fille qui ne supporte plus ses dérapages qui plombent le parti. En 2018, il est exclu de son propre parti, puis, en 2019, il quitte le Parlement Européen où il ne faisait plus que de brèves apparitions. Le FN deviendra le Rassemblement National, le RN, mais sans lui. Jordan Bardella a déclaré en son hommage : » il a toujours servi la France ».
Pascal Gaymard
