Dans un monologue intime et puissant, une femme abandonnée nous livre ses peurs, ses éclats de rire et, surtout, son chemin vers la reconstruction. À travers cette performance, Aurélie Saada incarne une femme qui se perd et se retrouve dans un tourbillon d’émotions.
Une œuvre brute et belle sur la douleur et la renaissance
Dans Personne d’autre, la protagoniste erre dans un grand appartement, vêtue de la veste de l’homme qu’elle a aimé. La douleur de l’abandon, l’introspection, mais aussi la force d’une femme qui se reconstruit, se transforment en un portrait poignant. « Tu es heureux, et aveugle, je suis malheureuse, et je vois », déclare-t-elle, une phrase qui résume toute la profondeur de ce monologue. C’est à travers ces mots que la femme prend le contrôle de sa vie et de ses émotions, malgré la trahison. Elle s’affirme, se libère, et redécouvre sa féminité au cœur de la douleur. Daniel Benoin qui signe l’adaptation et la mise en scène, parle de ce texte comme d’un chef-d’œuvre et se dit honoré de pouvoir le porter à nouveau sur scène après l’avoir adapté en 1992. Il évoque la puissance et la précision du texte de Botho Strauss, qui, selon lui, se prête parfaitement au théâtre. Le personnage de cette femme devient un symbole de la déconstruction et de la reconstruction, un parcours vers la liberté et l’émancipation à travers la douleur.
Un rôle personnel pour Aurélie Saada, entre émotion et libération
L’artiste aux multiples talents, qui interprète ce rôle, a été profondément touchée par le texte. Bien qu’elle ne soit pas comédienne de formation, elle se lance avec enthousiasme dans cette nouvelle aventure théâtrale. « Ce texte m’a bouleversée, » confie-t-elle. « Cela fait écho à de grands moments de ma vie, à ma douleur. J’ai écrit des chansons sur ce sujet ». Pour elle, jouer ce rôle est un moyen d’explorer la douleur de l’amour brisé à travers les mots d’un auteur : « Il y a quelque chose de moi dans cette histoire en tout cas de la douleur d’un amour brisé que j’ai pu avoir que je ressens ». Le travail avec le directeur d’Anthéa est précis : « C’est comme une chorégraphie, » explique l’ancienne chanteuse de Brigitte en parlant de l’approche de la mise en scène. « Je puise dans mes émotions pour dire ce texte, dans les choses que j’ai ressenti, que j’ai vécu pour restituer les émotions de cette partition magnifique, extraordinaire où tout est à la fois difficile, facile et beau ! ». Pour l’auteur-compositrice-interprète, réalisatrice, Personne d’autre n’est pas simplement un rôle, mais un véritable cadeau, un voyage où la vulnérabilité laisse place à la force. À travers son incarnation de cette femme en reconstruction, Aurélie Saada offre au public une performance d’une rare intensité, un chemin de douleur vers la libération, qui saura toucher au cœur chaque spectateur, car « on est très nombreux à avoir vécu un déchirement amoureux et à être touché par ce texte » ! A découvrir absolument du 7 au 23 janvier prochain.
Projection privée : une comédie déjantée où la télé s’invite dans la vie réelle
« Quand l’absurde rencontre l’irréel, ça donne un cocktail explosif ! ». Tout commence ici comme un simple drame conjugal : une femme absorbée par ses feuilletons télé, un mari qui cherche du réconfort ailleurs. Mais ce trio un peu bancal se transforme vite en une comédie effervescente où la télévision devient la star du show. Ce soir-là, l’homme rentre en galante compagnie, mais c’est la télé qui, en imposant son rythme et ses illusions, va totalement chambouler leur quotidien.
La mise en scène de Jean-Michel Ribes, lumineuse et minimaliste, propulse les personnages dans une spirale d’absurde où la frontière entre réalité et fiction disparaît. La femme, l’homme et même la jeune inconnue perdent peu à peu pied, enchaînés à l’univers parallèle de leurs feuilletons. Des mensonges, des répliques tranchantes, des scènes de ménage qui virent au théâtre de l’absurde… et tout ça sous l’œil inquisiteur de l’écran !
Les comédiens Gilles Gaston-Dreyfus, Joséphine de Meaux et Clotilde Mollet, magistraux dans leurs rôles, donnent corps à cette satire sociale où l’irréalité s’immisce jusque dans les plus petits détails du quotidien. Projection privée est un tourbillon de rires et de moments décalés qui n’hésitent pas à flirter avec le grotesque, le tout avec une touche de tragédie bien dosée. Une coproduction Anthéa/Le Petit Saint Martin Paris, un spectacle pétillant, à voir absolument du 9 au 15 janvier !
Un voyage nommé Kintsugi
En deux mots : « un voyage poétique et acrobatique vers la résilience, une prouesse artistique, un plongeon dans l’humain ». Pour bien finir l’année, des acrobaties vertigineuses, émotions palpables, de la magie du moment présent et de la poésie… C’est Kintsugi, un spectacle de la compagnie Machine de Cirque. Un spectacle où l’émotion et la technique se mêlent pour créer une expérience unique. L’histoire se déroule dans un abribus suspendu hors du temps, un lieu mystérieux où 8 voyageurs se retrouvent immobiles, mais pleins de désir d’évasion. Ils attendent, sans savoir où ils vont, mais avec l’espoir de trouver, en eux-mêmes, ce qui a été perdu. Le spectacle, inspiré par l’art japonais du Kintsugi –réparer les objets cassés pour leur donner une nouvelle beauté– explore les cicatrices laissées par la vie, mais aussi la beauté qu’elles révèlent. Chaque personnage porte son passé, ses épreuves et ses rêves, dans un ballet acrobatique où les corps se transforment, se battent et se réconcilient avec leurs imperfections. Le cirque devient ainsi le véhicule de cette quête intérieure, amplifiée par des numéros vertigineux et des lumières qui magnifient chaque geste. Dans ce spectacle où chaque pirouette et chaque acrobatie semblent sculptées par le vent, la troupe nous entraîne dans une célébration de la vie, de la solidarité et de la résilience. Une véritable fête de l’humanité, portée par des prouesses acrobatiques qui touchent à l’essence même du vivant. Un spectacle à ne pas manquer pour clore l’année (les 20 et 21 décembre) avec un éclat de poésie et de virtuosité, à la croisée de l’art du cirque et de la quête de sens…
Sanya Maignal