par Pascal Gaymard – Photos Dominique Maurel
Vendredi 24 Mai : Rasoulov/Hazanavicius : Même combat contre la haine…
Normalement, une avant-veille de palmarès, il n’y a pas grand-chose à attendre des derniers films en Compétition. Et bien, ce poncif ne s’applique pas à cette 77e édition du Festival. Tout d’abord, nous avons récupéré l’excellent NIKI de Céline Sallette, l’actrice passée à la réalisation. Avec la complicité de Charlotte Le Bon, elle fait renaître l’artiste sculpteuse Niki de Saint Phalle. Nous découvrons ainsi qu’elle a été violée dès l’âge de 10 ans par son père, qu’elle a été internée par son mari car soi-disant folle, qu’elle a abandonné mari et enfants… Si tout est juste, il manque juste les œuvres qui n’apparaissent jamais à l’écran… Question de droits ? Cela nuit au propos et donne au spectateur une impression de frustration…
L’après-midi devait être un véritable événement avec la rencontre avec George Lucas qui a été reçu par une quinzaine de minute d’ovation .Tout comme pour Meryl Streep, nous regretterons parfois le manque de pertinence des questions… Demain, il recevra une Palme d’Or d’Honneur « amplement méritée » dixit les propos mêmes de Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes.
Il restait à ce moment trois films à voir en Compétition pour la Palme d’Or. Parmi eux, il y avait SHE’S GOT NO NAME du réalisateur né en Thaïlande, qui a étudié aux Etats-Unis pour débuter à Hong-Kong, Chan Peter Ho-Sun. Dans le rôle principal, on a retrouvé Zhang Ziyi (Tigre et Dragon, Le secret des Poignards volants) qui se glisse dans la peau de Zhan Zhou, une femme qui a tué et découpé en morceaux son mari violent. Elle a été à l’origine de l’évolution des droits des femmes en Chine. Bien que Zhang Ziyi soit magistrales, il y a pléthore de candidates pour le prix de la meilleure interprète féminine.
La France a présenté son dernier film, une animation signée Michel Hazanavicius, LA PLUS PRECIEUSE DES MARCHANDISES avec les voix de Jean-Louis Trintignant, Grégory Gadebois, Dominique Blanc, Denis Podalydès. Jamais durant la quinzaine, un couple n’aura passé autant de temps avec le public massé derrière les barrières juste devant les Marches. Ces cinéphiles plus que passionnés à qui il faut toujours rendre hommage ont pu prendre photos, autographes tant Bérénice Béjo et Michel Hazanavicius ont été disponibles, avenants, souriants. Bravo à eux. En ce qui concerne le film, cela a fait bien plaisir de voir une belle et triste histoire qui dénonce l’antisémitisme qui revient en force dans notre pays via l’extrême gauche. Les images sont fortes, le propos clair et définitif, et la mise brillante comme toujours avec Michel Hazanavicius.
Il ne restait dès lors que le film de l’iranien, Mohammad Rasoulov, LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE. Cette histoire d’un suppôt tortionnaire du régime qui se retourne contre sa propre famille, sa femme et ses deux filles, a fait l’effet d’un choc dans le public qui lui a réservé une très longue ovation. Le metteur en scène a dû s’exiler clandestinement de son pays pour être présent sur les Marches au Festival de Cannes. Il a grimpé le tapis rouge en brandissant deux photos de ses comédiens restés au pays et qui pourraient avoir des problèmes prochainement. En effet, le régime iranien a tout fait pour que le film ne soit pas présenté à Cannes… De par son histoire et la qualité du film, il se présente comme le plus sérieux concurrent à Francis Ford Coppola et à son MEGALOPOLIS qui est un film hors du temps et qui est entré dans l’histoire du 7ème Art.