LA PASSION DE MATHIEU D’ANVERS de Christian Maria – Éditions Elix
CKi-L’Auteur ?!
En véritable enfant du pays niçois, Christian Maria passe son enfance entre la place Garibaldi, la colline du château et les quais du port. Sa connaissance de l’Histoire provençale va nourrir son autre passion : L’écriture, grâce à laquelle il revisite les histoires&légendes du comté de Nice, et ce, pour notre plus grand plaisir !
OnEnDiKoi-DuTitre ?!
Yves Rosati : Pardonnez mon étourderie ! j’ai lu La passion de Saint Mathieu… Curieux de nature, j’ai recherché Saint Mathieu, non pas à l’église mais sur Google : Saint Mathieu est le patron des douanes. Tiens, me dis-je… un livre d’actualité sur les conséquences du Brexit ! Que nenni, ce n’est pas de Saints dont on parle, mais d’un homme qui se prénomme Mathieu. Cet homme est animé par une passion, avec cette question : Sera-t-il dévoré par la passion qui le consume ?
Christian Maria : Quand j’ai découvert la statuaire de Puget-Théniers attribuée à Mathieu d’Anvers, j’ai immédiatement été séduit par la grande qualité de l’œuvre. Que l’on soit profane ou amateur d’art, croyant ou athée, on ne peut qu’admirer l’harmonie de l’ensemble et la finesse des détails. J’ai alors compris qu’une telle œuvre ne pouvait avoir été réalisée qu’avec passion, cette passion de la création artistique qui porte l’esprit et la main à se surpasser. Le titre LA PASSION DE MATHIEU D’ANVERS s’est imposé comme une évidence.
OnEnDiKoi-DeHistoire ?!
CM : Le thème du roman est la passion qui accompagne une création artistique, qu’elle soit picturale, sculpturale ou littéraire. C’est ici celle d’un sculpteur qui ambitionne de réaliser son chef-d’œuvre : un cadeau pour les générations futures. Son petit atelier itinérant s’installe à Puget-Théniers en 1524. Il œuvre de concert au peintre Antoine Ronzen qui brosse une « Vierge aux seins nus » que l’on peut toujours voir dans la paroissiale de Puget-Théniers. La Madone s’y dénude la poitrine pour tenter d’arracher un pardon divin, et l’homme qui sollicite la clémence est un juge représenté dans le tableau. Quel abominable péché a commis ce magistrat pour demander grâce ? Et voilà le sculpteur et le peintre liés aux querelles des hommes. Mathieu n’a cure des querelles, il œuvre sans relâche sur le chemin de la perfection. Il croit pouvoir saisir la gloire et l’amour. Il tient un temps les deux dans ses bras, jusqu’à l’Apocalypse qui fait basculer la vallée dans la misère en 1525 : une crue du Var et de la Roudoule qui emporte une partie du village. C’est ainsi que s’est achevé le bref âge d’or artistique de la Renaissance dans la vallée du Var, par une crue destructrice d’une ampleur équivalente à celles que nous avons connues en 2020.
YR : C’est d’abord une jolie ballade à travers les sentiers de notre bel arrière-pays niçois -ndlr notre parce que je suis niçois et chauvin revendiqué ! -. C’est également un roman, qui à travers son histoire, nous apprend, nous cultive, nous éclaire. C’est là tout le talent de Christian Maria : l’un n’est nullement prétexte de l’autre. La lecture est délicieuse, rafraichissante. Autant vous l’avouer Monsieur Christian Maria, désormais, Vous êtes « la passion de Yves Rosati « !
OnEnDiKoi-DesPersonnages ?!
CM : Il y a Mathieu qui vient du nord de l’Europe, les mains cuirassées et le cœur endurci par les épreuves. Il y a Bathilde, la rouquine de Puget-Rostang que les vilains traitent de sorcière. L’idylle qui s’engage dans la fragrance des copeaux de tilleul entre Mathieu et Bathilde porte le sculpteur à se surpasser : elle est sa muse, celle qui permet au créateur d’entrer en impesanteur. Et puis il y a Antoine Ronzen, un maître en peinture connu et estimé en Provence. Autour de ces personnages, j’ai reconstitué le monde de la vallée du Var à la Renaissance : le baron de Beuil, Honoré Grimaldi qui est le mécène d’Antoine Ronzen, les moines augustins, Bernard de Puget qui représente le pouvoir judiciaire dans la vallée, un jeune charpentier qui ambitionne de devenir artisan d’art, et Roberto, un aide sculpteur qui cultive l’hédonisme. Ils se croisent. Ils s’estiment. Ils s’affrontent. Ils se haïssent. Ils citent l’Ecclésiaste, mais chaque être tend vers sa destinée.
YR : Il y a d’abord les acteurs du récit : Boyer l’apprenti, Mathieu l’Artiste, Bathilde la Tentatrice et les notables. Puis il y a l’autre. Lui n’est pas acteur de l’histoire mais bien le personnage principal de l’histoire : La Beauté, mais celle du Diable. Boyer trouve sa révolte belle, pour mieux cacher son désir noir de vengeance ; que dire de Mathieu, l’artiste tourmenté, à la recherche de l’œuvre parfaite ne pouvant à peine dissimuler sa recherche de gloire, quant aux commanditaires de l’œuvre, philanthropes dit-on, n’ayant comme objectif que de se faire pardonner leurs gestes criminels. Et puis vient le déluge. Ce n’est qu’après, au milieu d’une Terre ravagée, qu’une Fleur renait. N’est-ce pas l’ultime Beauté : Celle du renouveau de la vie ?
EnKonKluZion
Sois Belle et Tais-Toi.
Sincèrement,
Yves Rosati
