Lui, était « un vrai petit Ange », lui, qui n’avait pas de casier judiciaire, il n’avait rien fait, ni délit de fuite, ni une quinzaine de condamnations.
Enzo, 15 ans, tué pour un regard
Il n’y a pas de membre du gouvernement qui s’est ému de cette disparition, pas un Mbappé pour témoigner, ni d’un Omar Sy, seulement tout un village de 1400 habitants qui s’est mobilisé dans une marche blanche digne mais cela n’émeut personne. Comme si les morts n’étaient plus égaux dans ce pays où ce n’est que les morts des habitants de banlieues qui comptent, pas ceux dans un petit village a priori sans histoires. Que s’est-il passé réellement ce samedi 22 juillet ? Ce jour-là, Enzo -maçon en apprentissage-, sort du travail et se rend au stade de la commune pour voir son groupe d’amis. Deux jeunes, extérieurs au groupe, arrivent et un « mauvais regard » est échangé. « Pourquoi vous nous regardez de travers ? On ne se connaît pas », leur lance Enzo. Une bagarre éclate. « Mon fils n’était pas bagarreur mais il ne se laissait pas faire. Il les a mis au sol mais pour avoir le dernier mot, un des deux jeunes a planté mon fils », relate sa mère, Sophie. Enzo reçoit alors deux coups de couteau : un premier à la cuisse puis un second, fatal, au niveau du thorax qui a entrainé son décès…
Changer la loi sur les mineurs assassins
Enzo était un gosse sans histoire, passionné de moto, et qui avait plein de projets avec sa petite amie. Un vibrant hommage lui a été rendu par des dizaines de motards venus lui faire un dernier adieu. La mère de l’adolescent regrette que « personne ne parle de mon fils » et de s’interroger : « C’est parce qu’il ne vient pas d’une cité mais d’une petite commune ? ». Et elle poursuit : « Je suis une maman en colère. Il n’y a pas d’appel à la vengeance mais je veux que la justice fasse quelque chose… Pourquoi le Chef de l’Etat ne vient pas nous rendre hommage ? ». L’assassin, 15 ans aussi, circulait au volant d’une voiture sans permis avec son acolyte. Ils ont été placés en détention provisoire… Sa mère ne se fait guère d’illusions : « Le tueur de mon fils est actuellement en prison mais l’instruction sera longue. Il y a de grandes chances qu’il ressorte avant son jugement. Je veux qu’on change la loi pour les mineurs… Un tueur mineur ou majeur, d’origine française ou étrangère peu importe, le problème n’est pas là… Le seul problème aujourd’hui c’est qu’un tueur puisse ressortir avec un bracelet ou autre avant son jugement… ».
Une cagnotte sur Leetchi
Enzo a été inhumé le vendredi 4 août 2023 à 10 heures à l’église de La Haye-Malherbe. Des bouquets de fleurs sont déposés devant le centre de secours des pompiers de La Haye-Malherbe où Enzo est décédé. Le parquet d’Evreux a confié l’enquête à la compagnie de gendarmerie de Louviers qui a demandé l’ouverture d’une information judiciaire pour « homicide volontaire » à l’encontre de l’auteur du coup de couteau et pour « violences en réunion et non-assistance à personne en danger pour l’autre agresseur, âgé de 16 ans. Sandrine Ballanger, substitut du procureur de la République avait indiqué qu’une « autopsie de la victime sera réalisée ». Depuis la disparition d’Enzo Parissot, les marques de soutien affluent à La Malherbe et une cagnotte a été ouverte pour soutenir la famille sur la plateforme Leetchi. Elle sera destinée à payer les frais d’avocats et pour le règlement des obsèques ». 20 000 € sont attendus. Lundi dernier en milieu de journée, la cagnotte avait réuni près de 300 participants et plus de 11 000 € collectés.
Pascal Gaymard
