« Après la piscine de Toulon l’an dernier, une nouvelle expulsion pour cause d’allaitement dans un lieu public, le centre Aquavallée à Isola 2000 dimanche dernier ! : Qu’est-ce qui ne va pas en France avec l’allaitement maternel ? » Céline Bourganeuf
Bien que les taux d’initiation et de durée de l’allaitement maternel soient en augmentation en France, plusieurs défis et problèmes subsistent, empêchant le pays d’atteindre pleinement les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui préconise un allaitement exclusif pendant les 6 premiers mois.
Les points d’achoppement de l’allaitement en France
1. Durée et exclusivité insuffisantes
Un taux d’allaitement exclusif faible après les premiers mois : Bien que plus de 70% des bébés soient allaités à la maternité, ce taux diminue rapidement. À 1 mois, seulement 40% des nourrissons sont encore exclusivement allaités, et ce chiffre chute à 20% à 3 mois et 8% à 6 mois, ce qui est bien en deçà des recommandations de l’OMS.
La différence avec les voisins européens : La France reste en retard par rapport à d’autres pays européens en termes de durée et de maintien de l’allaitement.
2. Freins sociétaux et culturels
Des mamans témoignent du harcèlement vécu quand elles ont eu besoin d’allaiter dans un lieu public.
Encore plus poignant, le cas d’un bébé de quelques mois, brutalement sevré de son allaitement vital par une décision de justice pour cause de séparation des parents . La maman a subi un véritable calvaire physiologique et mental dans cette période délicate.
Ce manque de valorisation sociale et économique est préoccupant : L’allaitement maternel n’est pas toujours suffisamment valorisé socialement et économiquement en France, notamment pour les femmes au foyer et allaitantes. Notons également la brièveté du congé maternité et conditions de travail : La reprise précoce du travail est un obstacle majeur pour de nombreuses mères qui souhaitent poursuivre l’allaitement, particulièrement pour celles exerçant des emplois précaires ou peu valorisés. Rappelons que le congé maternité est de 16 semaines en France dont 10 seulement après la naissance.
Au cœur de la perception culturelle et d’une pression sociale forte, la sexualisation du sein féminin peut rendre certaines mères réticentes à allaiter en public. Sans compter les réticences de certaines mères qui peuvent se sentir jugées.
Les inégalités sociales de la santé existent toujours : les femmes issues de milieux socio-économiques défavorisés sont en effet plus susceptibles de rencontrer des freins à l’allaitement (surpoids, obésité, tabagisme, emplois précaires…).
3. Manque de soutien et d’accompagnement
En tant que praticienne- infirmière -puéricultrice de formation- au Centre Mum Care, Céline Bourganeuf possède de nombreux témoignages de mamans sur leur malheureuse expérience : recherche effrénée de professionnels qui conseillent sans juger… avec des interviews et des images au Centre Mum Care de Nice.
En ce qui concerne l’accompagnement, malgré des progrès au cours des deux derniers siècles, constat est fait d’un manque de formation uniforme des professionnels de santé sur l’allaitement, ce qui impacte la qualité de l’accompagnement. Les maternités ont renforcé la présence de référents en allaitement, mais le temps dédié à cette activité est souvent partiel.
Le recours aux consultantes en lactation, pourtant essentiel pour un accompagnement personnalisé, n’est pas toujours bien connu ou facilité par des campagnes de communication ; mais surtout, ce recours n’est toujours pas reconnu en France, contrairement à la Suisse (5 consultations remboursés par la sécurité sociale suisse).
Enfin, il faut remarquer l’absence de remboursement de certaines consultations, le non-remboursement des consultations d’allaitement représente un frein financier, notamment pour un soutien post-maternité. Certaines mères qui initient l’allaitement à la maternité l’interrompent très précocement après leur sortie, des suites du manque d’un soutien suffisant, tant moral que financier.
4. Contaminants dans le lait maternel
Des études montre la présence de certains polluants comme les POPs, les Polluants organiques persistants sont des composés persistants, bioaccumulables, toxiques et mobiles. Ils comprennent en particulier les dioxines, les polychlorobiphényles (PCB), les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et les pesticides dans le lait maternel, pouvant soulever des inquiétudes légitimes. Cependant, il est important de noter que les niveaux de POPs sont en diminution et que les bénéfices de l’allaitement maternel dépassent largement les risques potentiels liés à ces contaminants présents en plus grands nombres dans les substituts du lait maternel.
Les points à améliorer
La France doit pouvoir continuer à améliorer le soutien et l’information des mères avant, pendant et après l’accouchement, ainsi que la formation des professionnels de santé en allaitement, les politiques de congé maternité et les aménagements pour la reprise du travail, tout en maintenant la lutte contre les inégalités sociales qui affectent la pratique de l’allaitement.
Malgré ces défis, il est important de noter que les taux d’allaitement en France sont en progression, signe d’une prise de conscience et d’efforts continus pour soutenir cette pratique. Néanmoins, face à ces « humiliations publiques » et le « prétexte fallacieux de sécurité », on oublie de considérer l’allaitement comme un acte naturel et surtout sécuritaire. En effet, nourrir son enfant n’est pas une question de sécurité, de féminisme ou de sexualité mais avant tout, c’est garantir l’apport nutritif continu et indispensable aux générations futures.
Il est important de prévaloir l’allaitement comme un « droit à allaiter » qui représente aujourd’hui un vrai combat de société. L’allaitement est un droit fondamental des mères au profit de leurs enfants, et non pas un privilège qui dépend de la bonne volonté des établissements.
Le manque de soutien a des conséquences réelles sur les associations et sur le métier de consultantes en lactation (IBCLC), y compris sur la pérennité d’événements importants comme le Forum Européen de l’Allaitement à Nice (2023 & 2024) pourtant essentiel pour l’information et l’accompagnement, seul forum existant en Europe qui accueille les professionnels et le public.
Le combat est d’affirmer un droit d’allaiter en tout lieu, de la même façon que le droit à la procréation ou de ne pas être discriminée en raison de son état de grossesse, un combat hélas toujours d’actualité…
ITW de Patrick Montel » »Alice, , double championne de France de marathon, qui l’a supris en allaitant à l’arrivée du semi-marathon du Mont Ventoux » :
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